Titre Original : Man Jiang Hong
De : Zhang Yimou
Avec Teng Shen, Jackson Yee, Zhang Yi, Jiayin Lei
Année : 2024
Pays : Chine
Genre : Historique, Action, Comédie
Résumé :
Chine, XIIe siècle. Dans quelques heures va se tenir une rencontre diplomatique de la plus haute importance entre Qin Hui, Chancelier de la dynastie Song, et une délégation Jin de haut niveau. Or voilà que le diplomate Jin dépêché sur place est assassiné et la lettre destinée à l’Empereur dérobée. Le Chancelier demande alors au caporal Zhang Da, escorté par le commandant en second Sun Jun, de ramener la précieuse missive avant le lever du soleil. Au fil de leurs recherches, des alliances vont se former et des secrets seront révélés…
Avis :
Zhang Yimou est un immense réalisateur chinois qui nous offre depuis plus d’une trentaine d’années de sacrés morceaux de cinéma. Personnellement, il est l’un des cinéastes qui me fait le plus vibrer et dont j’ai vu presque l’entièreté de sa filmographie. Et entre « Épouses et concubines« , « Le secret des poignards volants« , « Vivre« , « The Road Home« , ou encore « Coming Home » et « Happy Times« , son cinéma est une merveille, et encore, ce n’est que pour citer ces quelques films. La résultante de tout ça, c’est que chaque film de Zhang Yimou est pour moi un événement que j’attends avec une impatience terrible.
Malgré cet amour immodéré pour le cinéma de Zhang Yimou, il est vrai que cela fait plusieurs années que le réalisateur enchaîne les films décevants. Alors il y a bien eu « Shadow » qui est bon, mais pour le reste, pour trouver une merveille du cinéma, il faut remonter une dizaine d’années en arrière avec « Coming Home« . « Full Red River » est le premier film du metteur en scène à trouver le chemin des salles obscures depuis « La grande muraille« , autant dire que pour moi, c’est un événement, et malheureusement, l’événement a tourné au fiasco. Si le film offre bien d’excellents moments de cinéma et quelques rebondissements qui réaniment l’intérêt, pour le reste, ce « Full River Red » se pose comme confus, long, et parfois même insupportable, en cause d’une BO fait de rap chinois on ne peut plus mal venu et placé.
« Il y a cette mise en scène qui, parfois, frôle le virtuose. »
Chine, XIIe siècle, au lever du jour va se tenir une rencontre diplomatique des plus importantes. Le chancelier Gui Hui va rencontrer le chef de la délégation Jin. Quelques jours avant, un émissaire Jin a été envoyé, mais ce dernier vient d’être assassiné et la lettre qu’il avait pour le chancelier a été dérobée. Le chancelier dépêche alors le caporal Zhang Da. Ce dernier doit démasquer les coupables et retrouver la précieuse lettre…
Énorme succès au box-office chinois, si Zhang Yimou se fait de plus en plus discret ces dernières années, il reste un cinéaste actif qui a bien du mal à poser sa caméra. Pour son dernier film qui ne bénéficie que de vingt-huit salles chez nous (donc bon courage pour réussir à le voir) Zhang Yimou nous entraîne dans quelque chose que l’on connaît bien dans son cinéma. « Full River Red » est une plongée dans la Chine du XIIe siècle pour une histoire insoupçonnable.
Avant de revenir sur ce qui pose le dernier Zhang Yimou comme une déception, j’aimerai d’abord regarder les bons côtés, car ce « Full River Red » en a, et pas des moindres. Premièrement, il y a cette mise en scène qui, parfois, frôle le virtuose. Alors c’est vrai que l’on a comme une sensation d’être à la maison, car si Zhang Yimou ne se réinvente pas vraiment, son regard, ses plans, et même certaines séquences sont des merveilles qui savent parfaitement tenir l’intérêt du public. Un intérêt qui, s’il fait des va-et-vient, arrive toutefois à rebondir dans sa dernière demi-heure, où d’un coup, le film offre autre chose, et surtout dévoile son plan pour raconter un bout d’histoire de Chine.
« »Full River Red » n’arrivera jamais à se faire passionnant. »
Le film fait beaucoup de détours pour arriver à cette conclusion, mais bon, s’il est inégal, il y a cette fin qui rattrape le tout, aussi bien pour son histoire que la culture que le film offre et bien sûr le divertissement. Autre bon côté, les décors. Le film est tourné comme un grand huis clos, où l’on oscille entre les couloirs et les pièces de ce palais, et il faut bien dire que c’est très beau. Puis la caméra de Zhang Yimou vole de couloir en couloir avec assurance, sachant exactement quoi filmer et montrer. Enfin, il y a ces acteurs qui sont au top, tenant des rôles qui révèlent petit à petit leur importance.
Mais voilà, malgré tout ça, « Full River Red » n’arrivera jamais à se faire passionnant. Bien trop long pour ce qu’il raconte (le film fait deux heures quarante), Zhang Yimou traîne la patte et il a bien du mal à rythmer son film. De plus, le film comporte trop de personnages et l’on finit par s’y perdre à plus d’une reprise. Parfois même, on ne comprend pas vraiment où le film va, avec cet immense complot et les différentes facettes des personnages, qui ne cessent de se trahir les uns les autres. Mais le pire ne sera pas cela, car comme je le disais, l’intrigue arrive à se resserrer, et lorsqu’elle se dévoile enfin, il y a une hausse d’intérêt.
Non, le plus terrible qui pousse le film vers l’insupportable, c’est la BO truffée de morceaux de rap chinois qui secouent le spectacle. Particulièrement mal placé, bien trop fort et envahissant (comme l’entièreté de la BO d’ailleurs), ces morceaux sont comme des pavés qu’on jette dans une mare au moment où tout est calme. Alors certes, ça réveille le spectateur, au point qu’on peut se demander si les cardiaques s’en sortiraient, mais dans ce film-là, c’est très mal fichu et venu. Si le film avait de quoi se rattraper, le choix de cette BO, conjugué aux autres inégalités que le film offre, font que finalement, « Full River Red » agace plus qu’autre chose.
Au bout du compte, ce nouveau film de Zhang Yimou, qui fête le retour du réalisateur en salle de cinéma après sept ans d’absence, est une bien belle déception. Si l’intrigue est confuse, elle restera intéressante sur ses derniers moments et rebondissements, mais malheureusement, plus que les qualités que « Full River Red » peut avoir, c’est bien ses défauts et « l’insupportabilité » de sa BO qui resteront en tête, et ça, c’est vraiment dommage, pour ne pas dire que pour moi, c’est un déchirement.
Note : 08/20
Par Cinéted