De : Philippe Lesage
Avec Noah Parker, Aurélia Arandi-Longpré, Arieh Worthalter, Paul Ahmarani
Année : 2024
Pays : Canada
Genre : Drame
Résumé :
Jeff, 17 ans, est secrètement amoureux d’Aliocha. Tous deux admirent le mystérieux Blake, un vieil ami du père de la jeune fille, qui les invite à passer quelques jours dans son chalet de chasse au cœur du grand nord canadien.
Là, en pleine nature, les deux adolescents se confrontent à un monde d’adultes puérils, prêt à s’embraser.
Avis :
Aujourd’hui, c’est dans le majestueux Québec que l’on pose nos valises de cinéphile pour s’intéresser au cinéma de Philippe Lesage. Metteur en scène québécois qui a fait ses études de cinéma au Danemark, Philippe Lesage est tout d’abord un documentariste dont la carrière débute au milieu des années 2000 avec un documentaire autour des banlieues parisiennes. Puis entre deux documentaires, il retourne au Danemark, dans l’école où il a fait ses études, pour y enseigner le documentaire.
Après plusieurs documentaires dans les années 2010, Philippe Lesage cède à l’envie du film de fiction. En 2015, il présente « Les démons« , puis en 2018 « Genèse« . « Comme le feu« , dont l’idée de départ part d’une expérience personnelle de son frère, est donc le troisième long-métrage de Philippe Lesage.
« »Comme le feu« , c’est deux heures et demie d’ennui. »
Pour ce nouveau film, le metteur en scène québécois nous entraîne et nous perd dans les immenses forêts canadiennes pour une histoire étrange, et surtout (et malheureusement), un film insupportable qui n’a ni queue ni tête. Franchement, j’avais très envie d’y croire, d’autant que le synopsis m’intriguait, mais au final, « Comme le feu« , c’est deux heures et demie d’ennui, de personnages on ne peut plus agaçants, et plus largement, on se retrouve devant un film avec peu d’attache, peu d’accroche, et même au-delà de ça, un film qui laisse un sentiment de vide, tant finalement le film ne parle de rien en deux heure et demie…
Jeff, dix-sept ans, aspire à devenir réalisateur. Cette semaine-là, il part avec son ami, le père de celui-ci et Aliocha, dont il est secrètement amoureux, dans la maison d’un immense cinéaste, qui se trouve perdue quelque part au milieu des forêts canadiennes. Là, au milieu de nulle part, très vite, les non-dits, les remords, les regrets et les jalousies ressortent. Et cette semaine qui s’annonçait sublime ne va vraiment pas être comme prévue…
Je n’ai pas compris… Pourtant, au départ, cette histoire est simple, voire même commune, car si on enlève l’idée des cinéastes, on se retrouve avec un groupe d’individus qui partent en vacances ensemble et ce microcosme va s’analyser et se fracturer. Bref, rien de bien neuf sous le soleil, mais si c’est bien fait et intéressant, ça peut donner de bonnes choses. Or, ici, c’est loin, très loin, d’être le cas. Outre la longueur interminable pour raconter ces engueulades, deux heures et demie pour raconter ça, on se moque vraiment de nous, le vrai souci que l’on retrouve avec le film, c’est qu’il ne raconte rien et donne la sensation de s’écouter parler et de se regarder filmer.
« Cette histoire part dans tous les sens, et donne l’impression d’avoir une liste de sujets à vaguement aborder. »
Alors, oui, c’est vraiment très beau dans son visuel. Oui, il y a des plans-séquence assez incroyables, et au-delà de ça, il y a de l’atmosphère, et plus loin encore, dans ce qu’on leur demande de jouer, la plupart des acteurs sont excellents, notamment Paul Ahmarani qui tient là un rôle pas évident, et qui s’offre de sacrées montées en puissance.
Mais voilà, tout ceci ne nous sauve pas de tout le reste, et surtout de ce scénario qui ne va nulle part. Comme je le disais plus haut, je n’ai pas compris de quoi parlait ce film. Cette histoire part dans tous les sens, et donne l’impression d’avoir une liste de sujets à vaguement aborder, mais ça n’a pas de sens et de direction. On assiste alors à des repas arrosés qui se finissent en pugilat d’égos, on assiste à des parties de chasse où il ne se passe rien. On assiste à un désir adolescent qui ne va nulle part encore. Pire encore, c’est du je t’aime moi non plus… Ça réflexionne sur le cinéma, la littérature, la chasse, le véganisme, et en sous texte, la masculinité toxique. Ça se veut spontané dans ses dialogues, mais les discours ou les engueulades sont tellement lourdes et surécrites que finalement, c’est très théâtral et l’on n’y croit pas.
Puis surtout, on n’est absolument pas touché par ces batailles d’égos incessantes. Puis avec ça, Philippe Lesage ne cesse d’étirer et d’étirer ses scènes, à l’image de son ouverture, où l’on suit pendant presque dix minutes une voiture filmée de dos, avançant sur les routes désertes du pays. On passera aussi au-dessus des transitions et autres ellipses qui sont des énigmes, tout comme on passera aussi au-dessus de sa fin, ou plutôt de sa dernière demi-heure qui enchaîne les cauchemars sans aucun sens, au point que personnellement, au bout de deux heures vingt, le film titille tant les nerfs, se prenant tellement au sérieux, que j’ai fini par en faire un fou rire. Quoi que, si c’était le but recherché de Philippe Lesage, alors c’est réussi, car plus l’absurde se faisait présent, plus les rebondissements s’enchaînaient, plus les discours étaient lourds et plus les larmes coulaient.
Bref, cette séance fut épuisante finalement. Alors que sur le papier, « Comme le feu » avait de quoi piquer l’intérêt, une fois sur l’écran, très vite, on se rend compte que cette séance de cinéma va être très, très longue. « Comme le feu » se pose comme une belle déception et prétendra aisément aux tristesses de cette année 2024.
PS : Une petite pensée pour Irène Jacobs et Laurent Lucas, qui se sont payés des vacances au Canada… Ce n’est pas possible de prendre deux acteurs comme ça, et de ne rien leur faire jouer.
Note : 05/20
Par Cinéted