mai 16, 2024

Bodies Bodies Bodies – L’Enfer Selon les Millenials

De : Halina Reijn

Avec Amandla Stenberg, Maria Bakalova, Rachel Sennott, Chase Sui Wonders

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Comédie

Résumé :

Un groupe de jeunes gens riches organise une fête dans un manoir isolé. Ils participent à un jeu où ils doivent trouver lequel d’entre eux est le tueur désigné. Lorsque l’un d’entre eux est retrouvé mort et que l’électricité et les communications sont coupées, les survivants tentent de découvrir l’identité du meurtrier.

Avis :

Depuis quelques temps maintenant, le studio de production A24 est devenu un symbole de films de qualité, autant dans l’horreur que dans des films expérimentaux, ou encore des comédies indépendantes. Le studio a eu la bonne idée de s’acoquiner avec quelques réalisateurs prometteurs, comme Ari Aster, et depuis, quasiment chaque film estampillé A24 est une gageure de qualité. Cependant, comme pour chaque studio de production, la filmographie parfaite n’existe pas, et on tombe parfois sur des déceptions, voire de très mauvais films. Et à force de faire en dehors des sentiers du tout-venant, on peut produire un film qui devient ringard. C’est le cas de Bodies Bodies Bodies signé Halina Reijn qui est à la base une actrice néerlandaise. Film voulant déjouer les codes du slasher et transposer ça dans un milieu de millénials bourgeois, on ne peut pas dire que A24 ait eu le nez fin avec ce script.

L’histoire est d’une simplicité crasse. Le film débute avec deux filles qui s’embrassent langoureusement, et qui éprouvent une forte attirance sexuelle. Elles se rendent dans la maison des parents du meilleur ami de l’une d’elles, et alors qu’une tempête éclate, le petit groupe qui veut faire la fête décide de jouer à un jeu, le Bodies Bodies Bodies, qui consiste à retrouver un tueur parmi le groupe. En gros, ils éteignent les lumières, se dispersent dans la baraque, et si l’un d’eux est touché dans le dos, cela veut dire qu’il a été tué. Les lumières se rallument, et un vote à lieu pour désigner qui est le tueur. Seulement, les choses dégénèrent lorsque l’hôte des lieux est retrouvé égorgé sur la véranda. A ce moment-là, tout le monde soupçonne tout le monde, et le petit jeu va partir en bain de sang.

« Au niveau de l’écriture, c’est tout simplement une catastrophe. »

On pourrait croire, à travers ce pitch, que l’on fait face à un énième slasher, avec un tueur à découvrir, et le film va jouer avec cela. C’est-à-dire que tout le monde se suspecte, jusqu’à en venir aux mains, donnant lieu à des situations absurdes, où l’intelligence semble avoir foutu le camp. Cependant, dans son fond, le long-métrage veut être aussi une comédie, se moquant allègrement de la génération post-2000, pointant du doigt leur manque de repères et leur influence à cause des réseaux sociaux. C’est bien simple, outre les termes inventés pour désigner la toxicité masculine, ou les avis tranchés en fonction de ce qui se tweete le plus, on est sur un sujet intéressant, mais qui ne trouve finalement aucun écho ici. Le problème, c’est que le film pointe du doigt des problème sociétaux, mais il n’apporte aucun avis, aucune solution.

Pire, il se moque de certains points très importants comme le cyberharcèlement ou le culte de la beauté, alors que ce sont des leviers intéressants et graves. De ce fait, au niveau de l’écriture, c’est tout simplement une catastrophe, le film se faisant bête et méchant, à l’image de ses personnages, qui sont tous écrits à la truelle. Ils cochent tous des cases prédéfinies et n’en sortent pas une seule fois. On aura le fils de bourge jaloux et drogué, l’actrice en devenir qui n’a aucun avis si ce n’est celui des réseaux sociaux, l’ex jalouse, le couple qui va découvrir que l’une ment à l’autre, ou encore le vieux beau qui se tape une jeune pour le délire. Bref, on rentre dans des stéréotypes ridicules et pénibles, où l’hystérie bascule de suite, sans qu’il y ait le moindre cheminement réflexif, ou encore une enquête sur tout un chacun.

« Il n’y a aucune personnalité dans ce long-métrage. »

Au-delà de l’histoire qui est pénible (et il faut ajouter une fin qui se veut drôle mais qui résonne comme un gros doigt d’honneur au spectateur), il faut parler de la mise en scène qui est d’une platitude déconcertante. Ce n’est pas en plantant deux/trois colliers fluos, quelques salles étranges et foutre tout le monde dans le noir que cela rend le film plaisant à regarder. Très clairement, il n’y a aucune personnalité dans ce long-métrage, de la mise en scène jusqu’à la musique, électro. Même d’un point de vue sanglant, on reste sur quelque chose de très timide et qui ne va pas aller très loin. On aura quelques passages un peu gores, mais ils ne seront que la résultante d’une chute qu’on ne verra pas, ou de quelques coups derrière la tête. Même les mises à mort manquent de mordant, et le film ne nous rentre jamais dedans.

Et au niveau du casting, c’est un peu la même tambouille. C’est-à-dire que l’on veut faire cool avec de jeunes actrices, et d’un autre côté, on nous met quelques briscards que l’on a connu plus inspirés. Car si Pete Davidson n’est pas un vieux de la vieille, il reste un acteur qui joue beaucoup, et pour le coup, il est insupportable et ne parvient pas à créer la moindre empathie. Il en va de même avec Lee Pace qui tient un rôle mineur de vieux cool qui se la raconte un peu. Côté féminin, on sent que l’on vise un public assez jeune, notamment avec Amandla Stenberg, déjà vue dans Darkest Minds ou The Hate U Give, ou encore Maria Bakalova qui a percé grâce à Borat 2, mais tout ce petit monde surjoue à mort et ne donne pas corps à son personnage.

Au final, Bodies Bodies Bodies est un film médiocre qui se moque de choses importantes et qui met en avant des personnages détestables par leur attitude, reflet d’une société moderne accro aux réseaux sociaux. Le problème, c’est qu’au final, le film ne raconte rien, il ne fait ni rire, ni peur et on se retrouve face à une production lisse qui ne trouve jamais le bon équilibre entre horreur et comédie. Bref, un film raté sur toute la ligne, qui pète plus haut que son cul, qui se croit plus intelligent que la moyenne, mais qui brasse du vide, à l’image de ce qu’il critique sans le critiquer.

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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