De : Julien Maury et Alexandre Bustillo
Avec Virginie Ledoyen, Paul Hamy, Sandrine Bonnaire, Francis Renaud
Année : 2024
Pays : France
Genre : Thriller, Policier
Résumé :
La commandante Élisabeth Guardiano est chargée d’aller enquêter sur un double meurtre d’une rare brutalité dans une petite commune des Vosges. Sur place, elle rencontre le capitaine de gendarmerie Franck de Rolan qui fait face à une série de disparitions d’enfants. Impuissants face à un village hostile, ils vont être contraints d’unir leurs forces pour découvrir la vérité, une vérité terrifiante empreinte de légendes occultes…
Avis :
Cela fait maintenant presque une vingtaine d’années que le duo Julien Maury et Alexandre Bustillo secoue le cinéma français en s’amusant avec des films de genre. Depuis 2007, et la sortie de leur « À l’intérieur » qui en a marqué plus d’un (moi-même, d’ailleurs, c’est à ce jour le seul film où j’ai détourné les yeux de l’écran), les deux metteurs en scène français se sont bâtis une petite filmographie qui, si elle n’est pas totalement extraordinaire, reste intéressante dans ce qu’elle propose.
Au cours de leur carrière, Julien Maury et Alexandre Bustillo ont toujours voulu exploiter des genres différents de cinéma de genre, et c’est trois ans après leur « Deep House« , qui était plus moins réussi, que le duo nous revient, et cette fois-ci, c’est avec un thriller. Film d’enquête tenu par un duo de personnages, film s’inspirant d’un folklore local, si « Le mangeur d’âmes » est loin d’être un film parfait, notamment dans son rythme qui a tendance à traîner de la patte, il réussit néanmoins à se rattraper et nous entraîner dans un final efficace. Et derrière ça, au gré de ses révélations et dans son écriture, « Le mangeur d’âmes » se révèle maîtrisé et plus intéressant qu’il n’y parait.
« »Le mangeur d’âmes » est un film qui prend son temps pour mettre en place son histoire. »
Élisabeth Guardiano est une commandante de police qui vient de la ville. Ce soir-là, elle est appelée sur une scène sanglante, où tout montre qu’un couple s’est entretué. Ce même soir, Frank De Rolan, capitaine de gendarmerie, arrive sur la même scène de « crime » pour enquêter autour de la disparition d’enfants dans la région. Ces deux affaires vont être étroitement liées et police et gendarmerie vont collaborer pour découvrir la vérité.
Pour leur premier thriller, Julien Maury et Alexandre Bustillo ont posé leurs caméras dans les Vosges, pour un film qui se place quelque part entre le thriller et le polar. Tenu par une ambiance pesante, « Le mangeur d’âmes » est un film qui prend son temps pour mettre en place son histoire, ses personnages et ses éléments. Intriguant plus que passionnant, on se laisse gentiment entrainer dans cette histoire, où les cadavres se multiplient, tous tués de manière ultra-violente.
Le scénario est, d’une manière, assez classique, voire même totalement prévisible, ce qui est dommage. Parfois, on devienne très vite certains éléments sans même les chercher, du fait des acteurs présents. Alors, pendant un bon bout de temps, on suit ces deux enquêteurs essayant de comprendre ce qui se passe dans cette petite ville, au demeurant tranquille et anonyme. Le scénario tira la ficelle de la légende urbaine du coin, ce qui ajoute une touche qui lorgne sur le côté fantastique, ce qui est loin de déplaire. Puis, pendant un petit bout de temps, on a la sensation que le film prend le même chemin, il piétine.
« ce « … mangeur d’âmes » nous entraîne vers un final étonnant. »
L’ensemble manque de souffle, et ce ventre mou, où quelques éléments sonnent faux, se fait longuet. On ira même jusqu’à croire que finalement, ce « … mangeur d’âmes » n’ira pas plus loin, mais heureusement, ce ne sera pas le cas. Car oui, après avoir piétiné ici et là, après avoir exploré des pistes, ou découvert certains éléments qui, en apparence, n’ont rien à voir les uns avec les autres, les pièces d’un puzzle qu’on n’avait pas forcément vu venir se rassemblent, et ce même « … mangeur d’âmes » nous entraîne vers un final étonnant, voire même assez glaçant dans ce qu’il raconte.
Et ce final rattrape beaucoup de choses, car du côté de la mise en scène des deux cinéastes, « Le mangeur d’âmes » n’est pas extraordinaire. Si l’ambiance est pesante et maîtrisée, et que le film est généreux en scènes gores du côté de ses meurtres, ou même dans son petit côté fantastique, le film en lui-même n’a pas forcément les moyens de ses ambitions, ce qui pousse les deux réalisateurs à masquer cela avec un film qui se déroule énormément en extérieur, et dans peu de décors. Puis, dans leur mise en scène, le film demeure très basique et simple. Mais bon, comme je le disais, cela suffit aussi à nous entraîner et nous tenir avec intrigue, et ça, même lorsque le film se fait mou.
Du côté de ses comédiens, « Le mangeur d’âmes » signe le retour de Virginie Ledoyen dans le cinéma de genre, et ça, ça fait grandement plaisir. C’est vrai que la comédienne ne tient pas un rôle incroyable ou marquant, mais son personnage tient le coup, et il est plaisant à suivre, tout comme Paul Hamy, même si parfois, de son côté, ça sonne faux (mais là, il va y avoir une explication qui tient franchement la route). À noter une Sandrine Bonnaire étonnante.
Ce premier passage du côté du polar et du thriller pour le duo Maury/Bustillo est donc une petite réussite. Certes, leur film est imparfait, et il tient des longueurs, et manque de budget, mais sur l’ensemble, il se laisse suivre avec intérêt. Et mieux que cela, son final réussit le tout, et fait même se poser le film comme l’un des meilleurs du duo depuis un bon petit bout de temps.
Note : 12,5/20
Par Cinéted