Titre Original : The Darkest Minds
De : Jennifer Yuh Nelson
Avec Amandla Stenberg, Harris Dickinson, Miya Cech, Skylan Brooks
Année : 2018
Pays : Etats-Unis
Genre : Science-Fiction
Résumé :
Dans un futur proche, les adolescents ont été décimés par un virus inconnu. Les survivants, dotés de pouvoirs psychiques incontrôlables, sont classés par couleur en fonction du danger qu’ils représentent pour la société, et parqués dans des camps. Ruby, l’une des plus puissantes d’entre eux, parvient à s’en échapper pour rejoindre un groupe de jeunes en fuite à la recherche d’un refuge. Rapidement, cette nouvelle « famille » réalise que fuir ne suffira pas dans un monde où les adultes au pouvoir les ont trahis. Ils vont mener une rébellion, unissant leurs pouvoirs pour reprendre le contrôle de leur avenir.
Avis :
Avec l’avènement des Harry Potter dans les librairies, la littérature Young Adult s’est démocratisée de façon exponentielle. Aujourd’hui, cela prend des rayons entiers et certains auteurs se sont même spécialisés là-dedans. Fort de ce succès, il fallait bien évidemment que le cinéma y fourre son nez et c’est avec une joie dissimulée que l’on retrouve certaines franchises issues de la littérature adolescente. Hunger Games, La Cinquième Vague, Numéro 4, Divergente et consorts, autant de films de SF pour jeunes adultes qui a pour naissance des livres qui sont devenus des best-sellers. Il n’aura d’ailleurs pas fallu bien longtemps à Darkest Minds pour trouver le chemin des salles obscures. Trilogie sortie en France à partir de 2018, c’est la même année que sort le premier film, qui sera certainement le dernier. Et on comprend aisément pourquoi quand on jette un œil sur le film.
La fuite
Le film démarre très rapidement avec une pandémie qui touche essentiellement les enfants. Ces derniers meurent d’une étrange maladie, et ceux qui ne meurent pas obtiennent des pouvoirs plus ou moins dangereux en fonction de la couleur de leurs yeux. Les adultes, alors inquiets, décident de construire des camps de concentration pour parquer les enfants. Les verts (qui développent une forte intelligence), les bleus (télékinésie) et les ors (maîtrise de l’électricité) sont considérés comme peu dangereux et doivent faire des travaux d’intérêt général. Les oranges et les rouges, quant à eux, sont immédiatement abattus. Manque de bol pour notre héroïne, elle est orange et peut convaincre des personnes rien qu’en les touchant. Elle va alors s’enfuir d’un camp, retrouver trois ados comme elle, et ensemble, ils vont tenter de rejoindre une zone de non droit. C’est le pitch tout simple de ce « premier » film.
Premier car à la base, c’est le premier tome d’une trilogie. Les producteurs ont cru que ce film allait marcher à la façon d’un Hunger Games et qu’il deviendrait une franchise juteuse, ce qui ne fut pas le cas. Ensuite, c’est aussi le premier film en prises de vues réelles pour Jennifer Yuh Nelson. Les deux premiers films de la réalisatrice étant Kung-Fu Panda 2 et 3, elle se lance pour la première fois dans un projet assez conséquent. C’est d’ailleurs assez étonnant d’avoir mis autant de billes dans un tel projet pour finalement le laisser à une « newbie » qui va tenter des trucs qui ne vont jamais fonctionner. Certes, la mise en scène est plutôt intéressante, avec des moments de bravoure à saluer. La course-poursuite, le combat dans le supermarché, tout cela est lisible et la jeune cinéaste prouve qu’elle n’est pas un manche.
Quatre enfants sans avenir
Mais c’est dans le scénario que les choses vont se gâter. Ici, on nous propose de suivre une jeune fille qui a un pouvoir extrêmement puissant, qui va s’enfuir avec l’aide d’une adulte, mais qui va la lâcher pour trois jeunes gens aux pouvoirs différents. Ce groupe va alors faire un voyage, ce qui sera l’occasion de présenter un monde dystopique, mais pas trop. Certains adultes sont des chasseurs de primes qui sont payés à retrouver des gosses. Cela donnera lieu à quelques scènes d’action. Mais on verra aussi que certains enfants vivent cachés et que tout le monde se méfie de tout le monde. Bref, un scénario déjà vu et qui ne recèlera que peu de surprises, jusqu’à son final et la révélation de son grand méchant, qui n’est rien d’autre qu’un taré dont le père est quelqu’un de riche et puissant.
Le film essaye alors de brasser quelques thèmes pour donner de la profondeur à ses personnages. Ainsi, l’héroïne devra faire le deuil de ses parents, puisqu’ils ne se souviennent plus d’elle, car elle a effacé leur mémoire par accident. Ce road trip va lui permettre de faire de nouvelles découvertes et d’accepter ce qu’elle est devenue. De plus, histoire de toucher la fibre sensible des petites adolescentes, elle va découvrir l’amour en la présence de Liam, un jeune homme télékinésique qui ne cache par ses sentiments. Cette relation va amener son lot de jalousie à l’encontre du chef des enfants libres et va permettre de resserrer les liens entre ces quatre enfants qui n’ont aucun avenir, si ce n’est de fuir continuellement. Difficile dès lors de trouver des enjeux intéressants dans ce long-métrage. Il n’y a pas de finalité et la prise de pouvoir des adultes reste plus que flou.
Toutes les cases sont cochées
Outre un scénario plutôt mal écrit et qui explore mal un univers qui possède un bon potentiel, on restera de marbre face à quatre enfants qui ne véhiculent aucune émotion. Leurs relations semblent factices, surtout si l’on met de côté la romance toute téléphonée. Il manque au film un aspect dramatique que l’on ne retrouve pas et certains éléments sont même ubuesques, avec des coupes sur des passages importants. Le film préfère accumuler tous les clichés du genre, avec des histoires sans intérêt et des enjeux clairement faibles. On reste sur quatre adolescents, dont on se fout un peu et rien sur les adultes, gentils comme méchants. Même la fin oublie l’un de ses personnages principaux, évoquant le fait qu’elle se cache dans un coin. Il manque du liant à cette histoire, et une volonté de faire quelque chose de plus profond.
Au final, Darkest Minds Rébellion est un film raté. Se présentant comme le premier volet d’une possible trilogie, il lui manque de l’originalité pour pleinement convaincre. Accumulant tous les clichés du genre, sombrant dans le mélo pathétique sans jamais remettre en question les tenants et les aboutissants du maigre scénario, le film de Jennifer Yuh Nelson est calibré pour plaire à un public ado, non exigent en matière de cinéma. C’est dommage, car l’univers avait l’air plaisant et intéressant, mais rien ne vient nous sortir d’une certaine torpeur…
Note : 08/20
Par AqME
Une réflexion sur « Darkest Minds Rébellion »