avril 25, 2024

Personne ne Sort d’ici Vivant

Titre Original : No One Gets Out Alive

De : Santiago Menghini

Avec Cristina Rodlo, Marc Menchaca, David Figlioli, David Barrera

Année : 2021

Pays : Angleterre

Genre : Horreur

Résumé :

Ambar est une immigrante qui rêve d’une vie meilleure en Amérique. Contrainte de prendre une chambre dans une pension, elle se retrouve prisonnière d’un cauchemar sans issue.

Avis :

Adam Nevill est un écrivain qui, à la manière d’un Stephen King ou d’un Graham Masterton, verse dans l’horreur. Avec des romans tels que Appartement 16 ou encore Derniers Jours, il a su s’imposer comme un nouvel auteur à suivre de très près. Et certains producteurs de chez Netflix ont fleuré le bon filon. En 2018 sort Le Rituel de David Bruckner, qui s’appuie sur le roman du même nom d’Adam Nevill. Le résultat est surprenant, voire même réussi, avec une créature dantesque et une atmosphère païenne angoissante. Trois ans plus tard déboule Personne ne Sort d’ici Vivant, issu du roman éponyme du même auteur. Une sombre histoire de jeune fille paumée qui se retrouve dans une maison inquiétante. Malheureusement pour nous, le résultat ne sera pas le même que pour Le Rituel, la faute, peut-être, à un réalisateur trop frileux et un script trop mou.

Lignes de fuite

Ici, nous allons suivre Ambar, une jeune femme mexicaine qui arrive à Cleveland de façon clandestine et espère une vie meilleure. Rapidement, elle trouve un travail mal payé dans une industrie textile, puis une chambre dans une maison délabrée tenue par deux frères étranges. Ambar va vite se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond dans cette maison, avec de nombreuses apparitions et une cave cadenassée qui semble cacher un lourd secret. C’est à partir de ce simple constat que Santiago Menghini tisse son intrigue, en utilisant la maison comme d’un personnage à part entière. Il faut dire que la majorité du film se passe dans les couloirs de la piaule, et qu’elle est vraiment austère, avec ses murs délabrés, ses marches qui grincent et ses bruits dans les canalisations. Bref, tout est archi-téléphoné et rien ne viendra secouer le spectateur déjà amateur de ce genre de film.

Le principal bon point que l’on peut donner au film (et peut-être le seul), c’est sa mise en scène. Si Santiago Menghini est un novice dans la réalisation (il n’a qu’un seul autre film à son actif), il arrive à distiller une ambiance mortifère assez pesante. Le choix des couleurs est intéressant, variant entre le rouge et le bleu, et les quelques aplats de noir permettent alors de faire ressortir les yeux des fantômes, qui semblent être un danger au départ. De plus, le cinéaste utilise beaucoup de lignes de fuite pour créer une atmosphère glauque qui ne semble pas avoir de fin. Les longs couloirs sont interminables, tout comme les rames du métro qui s’éteignent et se rallument. Ce procédé, souvent utilisé par Guillermo Del Toro, est un choix plutôt malin ici, préférant s’appesantir sur son ambiance plus que sur des jumpscares inutiles.

Vos papiers !

Outre la mise en scène souvent bien faite, on appréciera de trouver un fond social au problème. En effet, Ambar s’est enfuie du Mexique après le décès de sa mère, chose qui la hante encore. Elle a fui pour trouver un avenir meilleur, et elle attend ses papiers pour trouver un bon travail promis par son oncle, qu’elle connait à peine. Malheureusement, elle va avoir de sérieux problèmes pour avoir ses papiers, et elle va se faire avoir par tout le monde. D’ailleurs, tous les personnages sont antipathiques dans ce film. Du simple gérant de la maison très bizarre, voire violent, à son amie qui lui promet des papiers mais qui la vole, Ambar ne peut faire confiance à personne. Encore une façon pour parfaire l’ambiance glauque qui se dégage de l’ensemble. On ajoutera à cela une misère sociale qui touche surtout les femmes.

Le film a donc pas mal d’atouts pour lui. La mise en scène est bonne, le fond social est intéressant, et pourtant, rien ne fonctionne pleinement. Pourquoi ? La première raison va venir du rythme du film qui n’arrive pas à ménager son suspens et se perd en tergiversations inutiles. Le film palabre beaucoup pour brasser du vide ou dire des inepties. De plus, il appuie bien trop sur des éléments dépressifs qui empêchent de pleinement goûter au malheur de l’héroïne. Une héroïne piégée, qui étouffe entre le décès de sa mère qui la hante et un avenir sombre au possible. Le film n’arrive jamais à nous passionner par ce qu’il raconte, la faute à un rythme mou et des passages parfois trop téléphonés. On pense bien évidemment aux apparitions à travers les rideaux, ou encore à ce frère étrange qui se cogne la tête contre une porte.

Papillons de noirceur

Tous ces tropes sont des canons du genre et ne surprennent plus aujourd’hui. Cela est une des raisons de l’ennui que suscite le film. Et c’est dommage, car rien d’autre n’est fait pour nous sortir d’une certaine torpeur. On suit le film sans arriver à ressentir quoi que ce soit pour l’héroïne, ou pour ses colocataires, des femmes dans le besoin mais qui sont antipathiques. Il manque vraiment de l’implication dans les personnages, même secondaires. Et c’est d’autant plus dommage que la créature, qui se dévoile à la fin, est totalement dingue. Tout comme pour Le Rituel, on a droit à une bestiole dantesque, ignoble, qui provient du folklore mexicain. Un folklore à peine effleuré dans le film, alors qu’il trouve sa solution finale dedans. Bref, c’est mal écrit et c’est vraiment dommage.

Au final, Personne ne Sort d’ici Vivant est un film d’horreur que l’on pourrait estampiller typiquement Netflix. Si certains ressorts sont assez plaisants, comme la mise en scène ou tout le travail autour de la créature, il manque au film une réelle implication autour des personnages et des thèmes abordés. Ici, le deuil, la misère et les sans-papiers ne servent finalement qu’à créer un semblant de fond qui ne fait pas avancer l’intrigue. C’est du vent pour faire croire que c’est intelligent, mais ce n’est pas le cas. Bref, un film avec un très fort potentiel, mais qui n’est jamais pleinement exploité.

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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