avril 18, 2024

Sherlock Holmes et le Démon de Noël – James Lovegrove

Auteur : James Lovegrove

Editeur : Bragelonne

Genre : Fantastique

Résumé :

1890.Peu avant Noël, Sherlock Holmes et John Watson reçoivent à Baker Street la visite d’une nouvelle cliente. Eve Allerthorpe, fille aînée d’une dynastie prestigieuse mais quelque peu excentrique du Yorkshire, se trouve dans une profonde détresse : elle se croit possédée par un démoniaque esprit de Noël. Eve doit hériter d’une fortune à condition d’être saine d’esprit, mais il semble que quelque chose – ou quelqu’un – menace son équilibre mental. Holmes et Watson partent enquêter au château de Fellscar, demeure familiale des Allerthorpe, mais s’aperçoivent vite que l’affaire est plus complexe qu’il y paraît. Un autre esprit hante la famille ; et lorsque l’on découvre le cadavre d’un membre de la maisonnée, le duo comprend que nul n’est au-dessus de tout soupçon…

Avis :

Avec Les Dossiers Cthulhu, James Lovegrove s’est approprié les univers d’Arthur Conan Doyle et de Lovecraft avec enthousiasme. D’un excellent premier opus, s’ensuivit un second tome honorable et une conclusion décevante, rendant cette dernière incursion poussive. Il en ressortait néanmoins un mélange des genres et des styles littéraires intéressants, tant dans le concept que dans la mise en pratique. Contrairement aux apparences éditoriales et à un titre suggérant une approche paranormale, Sherlock Holmes & le démon de Noël ne constitue pas le quatrième volet de la saga évoqué en amont. Il s’agit en effet d’une nouvelle relecture des enquêtes de Holmes et Watson.

En prenant en compte le canon holmésien, l’intrigue se situe en 1890, soit un an avant l’affrontement avec le professeur James Moriarty et la période du grand hiatus. L’auteur expose les tenants d’une sombre affaire d’héritage teintée de quelques connotations surnaturelles. Pour autant, l’histoire ne s’insinue pas dans le fantastique où sommeillent des créatures antédiluviennes. James Lovegrove s’éloigne de ses précédents exercices littéraires pour privilégier des considérations rationnelles. Il y a bien des allusions au Thurrick noir, version anglo-saxonne de Krampus, mais l’on retrouve le caractère pragmatique et méthodique de Sherlock Holmes.

Son esprit de déduction est clairement mis en avant, renvoyant à ses meilleures enquêtes. Si la formule reste familière, le fait de partir sur des points de détail pour monter l’écheveau d’un raisonnement à la fois subtil et affûté demeure toujours aussi efficace. Toute la progression tient à un sens de l’observation aigu de l’environnement, voire des « scènes de crime ». De plus, le danger est suggéré de telle sorte à instiller le doute entre une menace provenant de l’extérieur du domaine ou au sein même de la famille Allerthorpe. En ce sens, l’exercice du huis clos se prête particulièrement bien au récit.

Le château de Fellscar n’est pas sans rappeler le faste un rien désuet de la propriété des Baskerville. On y retrouve aussi l’isolement de la campagne anglaise qui renvoie au folklore local. Par la même occasion, cela permet d’instaurer un climat pour matérialiser les légendes et les contes évoqués par l’une des intervenantes, ne serait-ce qu’à travers ces curieuses apparitions sur le lac ou des témoignages de hantise. L’alternance entre les passages extérieurs et l’exploration de la vaste demeure se révèle également équilibrée, variant ainsi les situations pour mieux maintenir l’intérêt et la tension de l’enquête principale.

Avec un tel titre, il est aussi légitime de s’interroger sur une atmosphère propice à Noël. Sans pour autant supplanter l’intrigue, on y retrouve en effet les rigueurs hivernales indissociables de la période. Au sein de la capitale britannique, les descriptions et l’ambiance ne sont pas sans rappeler quelques histoires emblématiques de l’œuvre de Charles Dickens. À l’approche du domaine des Allerthorpe, les allusions à la famille et la convivialité sont également évoquées en filigrane de quelques dissensions intestines et autres rivalités. Là encore, l’ensemble demeure homogène afin d’enrichir la narration.

Au final, Sherlock Holmes & le démon de Noël s’avance comme une enquête de Sherlock Holmes des plus recommandables. Délaissant l’orientation paranormale des Dossiers Cthulhu, James Lovegrove s’immisce dans un registre plus traditionnel, renouant ainsi avec les fondamentaux du canon holmésien. Les investigations sont bien menées et suffisamment intrigantes pour interpeller le lecteur, tandis que l’ambiance découlant de la période et du cadre accentue le sentiment d’immersion, sinon d’implication. Il en ressort une incursion probante et maîtrisée qui s’éloigne sensiblement du produit commercial pour fournir un hommage engageant et passionné.

Note : 15/20

Par Dante

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