avril 28, 2024

La Maison des Damnés – Du Matheson dans le Texte

Titre Original : The Legend of Hell House

De : John Hough

Avec Pamela Franklin, Roddy McDowall, Clive Revill, Gayle Hunnicutt

Année : 1973

Pays : Etats-Unis, Angleterre

Genre : Horreur

Résumé :

Afin de découvrir les mystères de « la maison des damnés », une équipe composée d’un couple de physiciens, d’une médium et d’un survivant s’enferme pendant une semaine dans cette maison d’où l’on ressort soit mort, soit fou.

Avis :

Au-delà de son caractère universel et intemporel, la maison hantée constitue le sujet par excellence du cinéma fantastique et de l’épouvante. Quelle que soit la période de production, la thématique se décline aussi bien dans un contexte historique que contemporain. Selon les ambitions des projets et la teneur des intrigues, il est possible d’y apprécier une approche explicite, à la violence crue, ou davantage psychologique. La disparité des ambiances va également de pair avec un cadre propice au huis clos. Autant de particularités que l’on retrouvait dans le roman de Richard Matheson, La Maison des damnés. Afin d’adapter son propre ouvrage pour le grand écran, l’auteur troque la plume de l’écrivain contre celle du scénariste.

En règle générale, le passage d’un média culturel à l’autre peut susciter des interrogations, voire des craintes toutes légitimes. Cela s’explique, entre autres, par la cession des droits ou la nécessité de privilégier la rentabilité au respect de l’œuvre originale, à tout le moins du point de vue de la production. Ici, la supervision de l’écriture par le romancier lui-même permet d’apporter une version fidèle au livre, tout en considérant les difficultés propres à la transition entre le papier et la toile. Avancé comme un classique des histoires de fantômes, La Maison des damnés présente une renommée semblable à celle des récits de Shirley Jackson ou d’Henry James.

« Le film de John Hough reste classique, sans pour autant afficher un caractère désuet. »

De prime abord, l’idée initiale n’est pas sans rappeler le pitch de La Maison du diable ou, dans une moindre mesure, celui de La Nuit de tous les mystères. Le nombre d’intervenants demeure néanmoins plus restreint et l’approche sensiblement différente. Certes, le passé des lieux et l’appropriation du cadre possèdent des similarités. Toutefois, La Maison des damnés développe une aura plus inquiétante, pour ne pas dire oppressante. Il ne s’agit pas d’effrayer dans le sens classique du terme, mais d’immerger le spectateur de telle sorte à ce qu’il éprouve le malaise palpable qui émane de la bâtisse. En dépit de la vastitude de la demeure, il en émane une promiscuité qui concourt à endosser le rôle de cinquième témoin pour le spectateur.

Il est vrai que les phénomènes paranormaux peuvent user d’effets éculés. Semblables aux manifestations d’un poltergeist, on assiste à des claquements de portes, des projections d’objets (assez violentes), sans compter la perception de murmures. En cela, le film de John Hough reste classique, sans pour autant afficher un caractère désuet, voire suranné. Sans se montrer grandiloquents ou spectaculaires, les trucages sont corrects, même lorsqu’il est question de matérialiser un ectoplasme. Le véritable travail graphique relève de l’éclairage et de la photographie. On songe à la gestion des zones d’obscurité ou à ces jeux de lumière pour exacerber l’atmosphère lors des confrontations avec le surnaturel.

« La Maison des damnés est plus une affaire d’ambiance que d’épouvante. »

En ce qui concerne ce dernier point, l’approche reste ambivalente à bien des égards. Malgré le caractère irrationnel qui auréole le manoir Belasco, on distingue un scepticisme clairement affiché de la part du principal intéressé avant de trouver une explication toute scientifique, sans transition aucune. Son acceptation se veut versatile, sinon contradictoire, a fortiori au regard des épreuves qu’il est amené à traverser avec les autres intervenants. Quant aux évènements paranormaux, ils évoluent de considérations évanescentes et suggestives à une dangerosité tangible, sinon létale. Hormis le facteur pécuniaire, on peut néanmoins s’interroger sur l’inertie et l’entêtement des protagonistes.

Au final, La Maison des damnés est plus une affaire d’ambiance que d’épouvante. Le film de John Hough est respectueux du roman de Richard Matheson. Si l’approche est moins explicite à l’écran, on y retrouve son aura malsaine où les exactions sordides de l’ancien propriétaire imprègnent encore les lieux. Ces derniers permettent d’instaurer une atmosphère gothique qui n’est pas sans rappeler d’autres productions britanniques du même acabit, notamment certains métrages de la Hammer. L’intrigue propose alors une vision classique et superstitieuse du phénomène de hantise. Puis le traitement se veut pragmatique ; du moins, au regard des apparences. L’orientation vers une solution scientifique des faits ne s’en révèle que plus ironique quand on considère l’obstination des personnages et la teneur des aboutissants.

Note : 14/20

Par Dante

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