avril 26, 2024

Animas

De : Jose F. Ortuno et Laura Alvea

Avec Clare Durant, Ivàn Pellicer, Luis Bermejo, Liz Lobato

Année : 2018

Pays : Espagne

Genre : Horreur

Résumé :

Les inquiétantes visions de cette adolescente se multiplient quand son meilleur ami se trouve une copine et que le père violent de ce dernier meurt mystérieusement.

Avis :

Il fut une époque bénie où le cinéma horrifique espagnol était de qualité. Entre les années 90 et les années 2000, le pays ibérique nous a livré quelques bonnes péloches et on se souvient tous de films comme Les Autres, L’Orphelinat, Rec ou encore L’Echine du Diable (réalisé par un mexicain, mais produit et tourné en Espagne). Aujourd’hui, le pays est un peu en déroute au niveau de l’horreur et de l’épouvante, en atteste un catalogue Netflix déprimant, et on retrouve nos chers voisins plus efficaces dans le thriller. Néanmoins, on a toujours droit à quelques sorties que l’on peut voir grâce à la plateforme de streaming. Et c’est comme cela que l’on peut tomber sur Animas, une adaptation de roman qui oscille constamment entre le thriller et l’horreur, mais qui n’arrive jamais à conclure l’essai. Visuellement intéressant, tout le problème du métrage réside dans son scénario confus, dans son univers éthéré mais vide et dans de substantielles incohérences relativement pénibles.

Le scénario d’Animas ne raconte pas grand-chose. On va suivre deux jeunes, Abraham et Alex, qui se rencontre dans la cage d’escalier d’un vieil immeuble, Abraham étant triste car ses parents se disputent et son père est ultra violent. Il trouve en Alex un réconfort et très rapidement, les deux jeunes sont inséparables. Seulement, au fur et à mesure que le temps passe, la vie d’Abraham et d’Alex mute dangereusement. Les gens deviennent étranges, la mère d’Abraham est complètement amorphe et Alex fait des cauchemars plus vrais que nature. Et lorsque le père d’Abraham se fait tuer dans un accident de voiture, le jeune homme cherche à savoir la vérité. Sans qu’il y ait vraiment d’enquête, Animas tente de perdre le spectateur dans un délire métaphysique qui ne brasse que du vent. Les deux réalisateurs veulent faire de ce récit assez basique, un délire arty et intellectuel où la démarche se cherche beaucoup dans la mise en scène. Et c’est d’ailleurs là le seul intérêt du film, son visuel, puisque dans le fond, il n’y a rien de bien folichon. Le spectateur va se sentir perdu au milieu d’une narration éclatée et d’un délire psychologique que l’on trouvera en moins de deux minutes.

Du coup, le seul intérêt du film réside très clairement dans sa mise en scène. Et encore, non pas dans ses mouvements de caméra ou dans une quelconque recherche de mise en scène, mais plus sur une ambiance et des décors. Les personnages naviguent en plein cauchemar. Les appartements sont sales, les différents lieux semblent constamment insalubres et dangereux, les ruelles sont sombres et d’ailleurs, le film se déroule quasiment uniquement de nuit. Bref, la seule vraie recherche du film se situe dans l’atmosphère, fantomatique, glauque, et dans des décors fantasmagoriques plutôt bien trouvés. Il y aura des références à Dario Argento dans les recherches, évoquant parfois Suspiria ou Inferno, et on pourrait presque y voir des afférences à l’Enfer selon Dante, avec des saturations de vert et de rouge, baignant le film dans une ambiance étrange, malsaine. Mais encore faut-il que cela serve à quelque chose, et ce ne sera pas le cas ici.

On devine rapidement les codes couleurs utilisés, qui symbolise les états d’âme d’un des personnages. Le vert est plutôt inquiétant alors que le rouge sera synonyme de chaleur et de réconfort. Le problème, c’est que ces saturations sont relativement grossières et qu’au bout d’un moment, on sent que ça force un peu. On est loin de la délicatesse d’un Cattet et Forzani qui utilise mieux les lumières pour appuyer une ambiance précise. Et puis que raconte le film finalement ? On se pose encore la question puisqu’au-delà de l’enquête, le film semble vide et se repose sur des principes de psychanalyse à la mords-moi le nœud. En fait, Animas se veut intellectuel alors qu’il n’est que bêtise. Il essaye vainement de critiquer les méthodes psychanalytiques pour soigner des patients atteints de schizophrénie, mais cela ne marche pas, la résolution arrivant comme un cheveu sur la soupe et baignant, encore et toujours, dans une volonté visuelle grossière pour donner un certain cachet au film. Et force est de constater que ça ne marche absolument pas. Il manque à ce film de la substance, du grain, pour vraiment nous emporter dans un délire méta à la Fight Club.

Et puis il y a les personnages et les acteurs. Là aussi, c’est un très gros problème. L’écriture est très faible et ne fournit que des personnages fonctions qui ne savent pas ce qu’ils font. Abraham est un peu gothique sur les bords, timide, timoré et on va rapidement détester ce jeune homme qui semble détaché de tout, et même ne pas faire attention à sa mère, amorphe, agissant comme un fantôme au sein de la maison. Ivan Pellicer peut faire les beaux yeux, il n’est guère convaincant. Et ce n’est rien comparé à Alex, personnage insupportable, qui se scarifie et qui a peur de son ombre, campée par un Clare Durant en surjeu perpétuel. Quant aux personnages secondaires, on s’en fout royalement. Le père violent semble perdre constamment au même endroit sur un jeu vidéo et pète un câble à cause de ça, la mère est apathique et sans ligne de dialogue et il en va de même pour la petite amoureuse asiatique ou la psychologue qui ne sont là que pour… pour quoi au fait ?

Au final, Animas est un film très faiblard qui mise toutes ses cartes sur une ambiance délétère et malsaine qui ne fonctionne jamais. La faute à des saturations mal gérées, une histoire qui ne tient pas debout et des personnages pour lesquels on ne ressentira aucune empathie. Il en résulte un film qui se chercher constamment, qui use et abuse de jump scare pour susciter de l’effroi sans jamais faire avancer son intrigue. Bref, il s’agit d’un film largement dispensable…

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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