avril 23, 2024

Vous Êtes Jeunes, Vous Êtes Beaux

De : Franchin Don

Avec Gérard Darmon, Josiane Balasko, Patrick Bouchitey, Denis Lavant

Année : 2019

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Lucius, 73 ans, vit seul et modestement. Un jour, il fait la connaissance de Lahire qui lui propose d’améliorer son maigre quotidien en participant à des combats de boxe clandestins. Par nécessité et parce qu’il sait que ses jours sont comptés, Lucius accepte la proposition. Fasciné par cet univers, il prend goût à cette nouvelle existence. Cette étrange expérience va complètement bouleverser sa vie, sous les yeux de Mona, la seule personne dont il est proche…

Avis :

Franchin Don est un réalisateur français dont « Vous êtes jeunes, vous êtes beaux » est le premier long-métrage, mais malgré cela, le réalisateur est très loin d’être un nouveau venu dans le paysage du cinéma et dans le paysage artistique français. Photographe, il fait ses premières expositions en 2006 avant de passer derrière la caméra en 2008. S’ensuit alors une série de courts-métrages pendant huit ans. En 2016, il coréalise un long métrage, « Lumière amoureuse » avec Lifang Wan (le film demeure encore inédit aujourd’hui.).

Après cette première expérience de long-métrage, Franchin Don revient alors trois ans plus tard en solo avec ce « Vous êtes jeunes, vous êtes beaux« . Très mal distribué, sorti dans la discrétion la plus totale, ce premier film avait de quoi être on ne peut plus intriguant, car derrière son affiche festival se cache en fait une sorte de « Fight Club » pour vieillards dans lequel Gérard Darmon va y découvrir les coulisses. Franchement, un « Fight Club » avec Darmon, comment ne pas avoir envie d’y jeter un œil, surtout que le résultat est intéressant, car le film va plus loin que ça, et même s’il ne tient pas ses promesses sur tout, il demeure un bon petit moment de cinéma.

Lucius, soixante-treize ans, vit seul et il a bien du mal à joindre les deux bouts. Après une rencontre dans un bar lors de l’enterrement d’un ami, on propose à Lucius un étrange rendez-vous dans une boite de nuit. L’homme qui a proposé ce rendez-vous lui certifie qu’avec le « job » qu’il va lui proposer, Lucius pourra subvenir à ses besoins. Le job en question ? Des combats clandestins de vieux. Là, dans les sous-sols de cette boîte de nuit, l’homme en question organise des combats de vieux, et le spectacle est là et en plus de ça, ça paye bien…

« Vous êtes jeunes, vous êtes beaux« , le premier film de Franchin Don, est un film qui est pour le moins déroutant, aussi bien dans son délire que dans les sujets que le réalisateur apporte derrière son idée de « Fight Club » pour vieillards. Car oui, derrière ces combats de vieux organisés de manière clandestine dans les sous-sols d’une boite de nuit, c’est de la fin de vie, de la solitude, de la désespérance et plus généralement de nos anciens dans notre société dont Franchin Don va parler ici.

Sombre mais romantique, triste mais beau et surtout original, « Vous êtes jeunes, vous êtes beaux » est un film qui sait se faire aussi intéressant que touchant.

C’est un film qui marie très bien ses deux sujets, même si l’on aurait apprécié que le réalisateur aille plus loin dans les confrontations qu’il met en scène (confrontations dans lesquelles on peut y trouver beaucoup de métaphores), car il faut dire que visuellement, ça reste très léger. Bon, après, on ne peut pas aussi demander à Gérard Darmon et aux autres vieillards de se foutre sur la gueule comme des jeunes de vingt piges. On saluera toutefois la démarche, le caractère et l’idée, surtout que Franchin Don assume cette dernière jusqu’au bout. Avec cette idée de « Fight Club » pour vieux, le metteur en scène pose beaucoup de questions et de réflexions sur la société d’aujourd’hui. La présentation des combats fait par un Denis Lavant ô combien extraordinaire est d’un pessimisme dur, et l’idée même de ces combats pose des réflexions lourdes sur notre époque. Voyeurisme, jeunisme, d’un côté et de l’autre, l’abandon des personnes âgées, l’isolement, la survie, le peu de moyen, les maisons de retraite. Bref, le film qu’a écrit Franchin Don est beau et surtout, il est très riche. Franchin Don livre un film dense qui, en plus de tous ses sujets, et du regard qu’il pose sur notre société, est une très belle histoire d’amour entre Gérard Darmon et Josiane Balasko tous les deux superbes et l’on ne peut qu’être touché par la sensibilité qui se dégage de ces deux êtres, qui sont beaux mais loin d’être jeunes.

Finalement, la seule petite ombre que l’on va trouver dans ce joli décor, c’est une sensation d’abandon sur la fin, comme si Franchin Don ne savait pas vraiment comment conclure son film. Il y a une certaine logique dans cette fin, et elle est assez prévisible, mais « Vous êtes jeunes, vous êtes beaux » va s’étirer quelque peu et surtout, il va laisser un sentiment mitigé, comme s’il avait conclu trop vite.

Pour son premier film solo, Franchin Don nous entraîne dans un film à plusieurs ambiances. « Vous êtes jeunes, vous êtes beaux » est un film hybride, qui est capable de passer en une scène de quelque chose de romantique et tendre à quelque chose de plus dur, de plus triste, de plus réel. On notera une photographie somptueuse signée David Merlin-Dufey, qui offre beaucoup de caractère et d’élégance au métrage. Si on aurait aimé que le film soit plus impactant quand il s’aventure dans ces combats de vieux, on saluera quand même tout ce qui est fait dans le sens où l’ensemble a son caractère, ça nous sort de nos habitudes de cinéma et Franchin Don gère bien son ambiance, ses émotions, ses moments tendres et ses réflexions, voire même son impact sur certains passages.

Enfin, « Vous êtes jeunes, vous êtes beaux« , c’est un très beau casting où comme je le disais plus haut, trône un Gérard Darmon dans l’un de ses plus beaux rôles et une Josiane Balasko très touchante. Avec ce film, il faut aussi citer Patrick Bouchitey qui est une petite bouffée d’air frais. À noter aussi Vincent Winterhalter et Cyrille Eldin qui trouvent des rôles assez dérangeants.

« Vous êtes jeunes, vous êtes beaux » est donc un film très intéressant et assez touchant. Certes, il a ses faiblesses, et notamment cette fin qui apparaît presque bien trop vite, alors que le film commence à tirer en longueur. Quoi qu’il en soit, entre défauts et qualités, cette première proposition de cinéma de la part de Franchin Don a le mérite d’être originale, et même captivante, aussi bien dans sa démarche que dans son fond. On reste alors curieux de voir ce que le réalisateur va proposer pour la suite.

Note : 14/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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