De : Christopher Landon
Avec David Harbour, Jahi Di’Allo Winston, Anthony Mackie, Erica Ash
Année : 2023
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie, Horreur
Résumé :
La famille de Kevin fait le buzz depuis la découverte d’Ernest, le fantôme qui hante sa maison. Et quand Kevin et Ernest enquêtent sur le passé du fantôme, la CIA s’en mêle.
Avis :
Il n’aura pas fallu longtemps au fils de Charles Ingalls pour percer dans le milieu de l’horreur. Tout d’abord scénariste et producteur de petits films, il va commencer à se faire un nom avec le deuxième volet de la franchise Paranormal Activity. C’est en 2013 qu’il passe derrière la caméra pour faire le Marked Ones qui prend place dans la communauté mexicaine, puis deux ans plus tard, il propose une comédie horrifique assez jouissive avec Manuel de Survie à l’Apocalypse Zombie. Dès lors, le réalisateur ne va faire que ça, de la comédie horrifique. Et on peut dire qu’il a le nez fin, trouvant toujours un juste équilibre, faisant de ses films un moment sympathique et parfois gore. Les deux Happy Birthdead, Freaky ou encore We Have a Ghost (qui nous préoccupe entre ces lignes) sont là pour en attester.
Sorti directement sur Netflix, We Have a Ghost est le dernier film en date du cinéaste, avant qu’il n’attaque le remake d’Arachnophobia. Baignant toujours dans la comédie horrifique, on pourrait presque dire que ce long-métrage est le premier faux pas de son réalisateur dans le genre. Tombant très rapidement dans la comédie et le micro drame familial, We Have a Ghost emprunte les sentiers du film fantastique à destination des enfants, mais se perd dans un dernier acte pseudo horrifique qui manque de verve et d’innovation. Sans être une purge non plus, on va tout de même voir que le film est trop long pour ce qu’il raconte, et que l’on pourrait aisément retirer tout un pan de l’histoire sans que cela ne soit gênant. Car oui, à force de citer ses références, le cinéaste se perd dans un scénario rocambolesque avec des choses qui ne servent à rien.
« Christopher Landon ne cherche pas à faire compliqué, car on sent que le public visé est prioritairement adolescent. »
Le démarrage sert à présenter une famille dysfonctionnelle qui aménage dans une maison que l’on sait hantée par la scène pré-générique. On va y voir un père qui fait beaucoup d’effort pour renouer des liens avec sa femme et ses enfants, une mère assez effacée et deux adolescents qui s’entendent bien, mais qui ont des caractères opposés, entre un aîné qui ne pense qu’à briller sur les réseaux sociaux et un cadet mélancolique qui ne trouve sa place nulle part. Les clichés vont bon train et rien ne viendra bousculer les codes du genre. D’ailleurs, on se doute bien de comment tout cela va finir, avec une famille unie dans l’adversité, un père qui reconnait ses fautes et un ado qui retrouve le sourire. Christopher Landon ne cherche pas à faire compliqué, car on sent que le public visé est prioritairement adolescent.
Le film a tout de même pour lui le personnage d’Ernest le fantôme, joué par David Harbour. Ce dernier n’a pas de dialogue, et il va faire passer ses émotions à travers ses mimiques et ses regards. L’acteur y est très touchant et délivre une belle prestation, ce qui ne sera pas le cas d’Anthony Mackie en père un peu irresponsable, qui débite alors un dernier laïus sans y croire une seule seconde, afin de dire du bien de son fils. Le reste du casting étant anecdotique, on va surtout se concentrer sur Jahi Di’Allo Winston, qui compose un jeune ado mal dans sa peau de façon convaincante, arrivant à ne pas être détestable, voire même touchant par certains de ses aspects. Il montre un jeune homme empathique, voulant aider un fantôme à retrouver la mémoire, et le duo marche bien.
« Tout n’est pas pertinent dans ce film, qui est bien trop long pour ce qu’il raconte. »
D’ailleurs, tout ce qui concerne l’enquête et la recherche du passé du fantôme est plutôt intéressante. L’alchimie entre les personnages fonctionne, et il y a un intérêt dans ce pan du scénario. A travers cela, le film explore divers thématiques, comme la force de la famille, le fait de réussir lorsqu’on est uni, ou encore la puissance néfaste des réseaux sociaux. A force de chercher la gloire et de jouer avec les vues, la famille se retrouve bloquée dans sa maison, à négocier des interviews ou des produits dérivés. Seulement, cela se fait au détriment de la cohésion familiale, et c’est plutôt bien vu. Christopher Landon se révèle assez malin pour ne pas en faire des caisses, tout en mettant en avant des situations comiques sympathiques, à l’image de ce Jésus fanatique qui veut à tout prix voir Ernest le fantôme.
Cependant, tout n’est pas pertinent dans ce film, qui est bien trop long pour ce qu’il raconte. Plus de deux heures, on a l’impression que l’on peut supprimer une grosse demi-heure du film, et notamment tout ce qui concerne la CIA et le délire autour de l’agence Ectoplasme qui veut capturer un fantôme. On voit bien que le réalisateur singe à la fois Ghostbusters et E.T., mais cela ne marche absolument pas, en plus de n’avoir aucune finalité. D’ailleurs, le fantôme se fera capturer, pour se faire libérer sur un coup de tête à la fin du film. Pourquoi faire autant d’éclat autour de la CIA et du personnage tenu par Tig Notaro, si c’est pour aboutir à du néant, à quelque chose qui ne sert pas le scénario, sauf pour inclure quelques passages d’action. En retirant cela, le film gagne en efficacité, mais aussi en émotion.
Au final, We Have a Ghost est un film qui souffle le chaud et le froid en fonction de ce qu’il met en avant. Toute la partie sur la famille est réchauffée, mais ça fonctionne tant bien que mal, notamment grâce au duo Jahi Di’Allo Winston/David Harbour. On y ressent aussi de l’émotion, surtout sur la fin du métrage qui est plutôt jolie. Mais toute la partie action, avec la CIA, n’est vraiment pas pertinente et renvoie le film en une vieille resucée de quelques classiques du genre, mais sans aucun aboutissement. Puis le final, qui nous plonge dans un thriller horrifique, manque de percussion. Bref, sans être un mauvais film, il s’agit d’un long-métrage mineur, à destination d’un public jeune, et néophyte en la matière.
Note : 11/20
Par AqME