mai 3, 2024

Martial Outlaw

De : Kurt Anderson

Avec Jeff Wincott, Gary Hudson, Vladimir Skomarovsky, Krista Errickson

Année : 1993

Pays : Etats-Unis

Genre : Action

Résumé :

Frères et maîtres des arts martiaux, Kevin et Jack ont tous 2 choisi d’être policier. L’un à la brigade des stups, l’autre dans les forces armées.

Avis :

Entre les années 1980 et 1990, le succès de la VHS a permis au marché de la vidéo de se développer. Le principe est simple : investir un minimum de moyens dans des projets faciles à produire et, généralement, nantis d’ambitions basiques. Période phare du cinéma d’action et policier, on a vu pléthore de métrages dont l’intrigue et les enjeux se calquaient les uns sur les autres. Cela ne constitue pas forcément un précédent, mais on a eu droit à de nombreux ersatz en tous genres, dont certaines incursions relèvent du nanar ou du navet. Avec Martial Outlaw, on assiste à ce qui ressemble à une pâle copie de L’Arme fatale ; la rivalité fraternelle en plus.

Avec le présent métrage, on découvre le portrait de deux super-flics qui mènent leurs enquêtes respectives avec des méthodes dignes de Steven Seagal. D’emblée, on ne s’embarrasse guère de la procédure. Ils privilégient une approche frontale, quitte à prendre des risques irréfléchis. Bien qu’il subsiste un côté divertissant à l’exercice, le traitement demeure dénué de réalisme. D’ailleurs, cet aspect supplante toute autre considération quant à la manière d’engager et de gérer les investigations. En cela, les situations sont un simple prétexte à amorcer quelques confrontations avec les antagonistes.

« La particularité du film est de s’arroger les poncifs du buddy movie. »

Pour peu, on se croirait dans une ambiance vidéoludique qui n’est pas sans rappeler certains beat them all ; Streets of Rage et Double Dragon, en tête. Certes, le rythme est assez emporté et les combats occupent une part notable dans le déroulement de l’intrigue. Toutefois, les chorégraphies jouent la carte de la surenchère avec, là encore, un goût évident pour l’invraisemblable. La majeure partie des coups portés suffiraient à mettre KO les adversaires, tous gabarits confondus. Seulement, ces derniers reviennent à la charge sans discontinuer. De plus, les confrontations ne provoquent aucune blessure, gerbe d’hémoglobine ou ecchymose.

Au regard de ces éclats de violence ternes et galvaudés, Martial Outlaw se destine à un large public, presque familial tant le discours fleure la bonhomie. La particularité du film est de s’arroger les poncifs du buddy movie, sans vraiment faire preuve d’humour ou de légèreté. La rivalité entre les deux frères évolue peu à peu vers un antagonisme motivé par la jalousie. Les réparties sont d’une platitude sans nom, tandis que le propos sur la criminalité se fait à deux vitesses. En d’autres termes, on conspue les écarts de la mafia russe, clichés ethniques à l’appui. Quant au caractère corruptible d’un des frères, il demeure pardonnable. Preuve en est avec ce dénouement aux ressorts larmoyants éculés.

« Martial Outlaw est un film bancal. »

Même pour l’époque, il en ressort une complaisance déconcertante qui pourrait suggérer un sentiment d’impunité à l’égard des ripoux. En l’occurrence, l’intéressé arbore un statut de vil opportuniste, eu égard à ses méfaits et crimes. Si ce n’est pas le genre de métrage qui demande une réflexion exacerbée, il n’en demeure pas moins que ce constat est assez explicite et simple à distinguer au fil de l’intrigue. Au demeurant, on nous dessert les clichés de circonstances propres au crime organisé et aux forces de l’ordre. Cela sans oublier des personnages féminins transparents et des seconds rôles qui font office de remplissage pour donner le change aux deux têtes d’affiche.

Au final, Martial Outlaw est un film bancal qui tient davantage de la bavure policière que du gros coup de filet. Le métrage de Kurt Anderson a beau se montrer énergique et relativement distrayant, il n’en demeure pas moins une progression invraisemblable. À l’appui de faux raccords ostentatoires, les combats sont interminables afin de combler les carences et les errances scénaristiques. Au lieu de s’attarder sur les investigations ou de soigner le propos sous-jacent, le récit se pare d’un discours douteux et tendancieux quant à la notion de criminalité, selon le statut de la personne concernée. Cousues de fils blancs, les situations s’enchaînent avec une indifférence et une lassitude croissantes.

Note : 07/20

Par Dante

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