avril 29, 2024

La Malédiction de Marco Polo – James Rollins

Auteur : James Rollins

Editeur : Pocket

Genre : Thriller

Résumé :

Venise, 1325.
 » De son voyage en Chine qui dura plus de vingt ans, Marco Polo donna un fabuleux récit.
Pourtant, des quatorze navires et des six cents compagnons mis à sa disposition par le grand Khan, seule une poignée d’hommes a survécu. Que sont-ils devenus ?
Jusqu’à la fin de ses jours, Marco Polo garda le silence sur ce mystère.
« Île Christmas, océan Indien, de nos jours ».
Sur cette île perdue, une pandémie inconnue fait rage. Le paquebot à bord duquel enquêtent deux agents de Sigma Force venus des États Unis, est pris d’assaut par des pirates qui y installent un étrange laboratoire de recherche et d’épidémiologie.
Une organisation occulte semble s’intéresser à la redoutable souche d’un virus baptisé Judas. Sept cents ans après Marco Polo, les terreurs ancestrales des civilisations perdues se réveillent sous la forme d’une impitoyable menace bactériologique.
Le compte à rebours est lancé pour éviter à l’humanité le pire des fléaux…

Avis :

Avec la Sigma Force, James Rollins propose des histoires emmenées où le traitement aventureux va de pair avec un suspense constant. Certes, le déroulement peut paraître prévisible, notamment dans cette opposition manichéenne des intervenants et des aboutissants. Il n’en demeure pas moins des romans de qualité qui font la part belle à l’action et l’aventure, le tout sur fond d’espionnage et d’enjeux géopolitiques. En l’occurrence, les trois premières incursions se sont avérées percutantes. En plus de sujets séculaires et contemporains maîtrisés, l’auteur multiplie les péripéties et les voyages autour du globe prompt au dépaysement. Une formule qu’il reprend à la lettre pour La Malédiction de Marco Polo.

Au regard de son entame et de son fil directeur, le présent ouvrage va se montrer curieusement prédictif dans une menace pandémique venue d’Extrême-Orient. Certes, on note des divergences avec un contexte plus récent. De même, on aborde le problème dès ses prémices et non lorsqu’il touche la population. Cependant, James Rollins interpelle sur la vulnérabilité de la société face à un virus inconnu, à tout le moins oublié dans les strates de l’histoire. Cette dernière se focalise sur le tour du monde de Marco Polo et les pans occultés qui planent au-dessus du personnage, de son parcours. À différentes reprises, on observe même un parallèle entre les pandémies historiques, comme la peste noire, et celles en devenir…

Il en émane une ambiance particulière qui affiche certains atours préapocalyptiques. Cela ne tient pas aux agissements de l’homme, pas entièrement du moins. La souche Judas présente de nombreuses spécificités, comme s’il était question d’une réaction immunitaire de la planète pour combattre un hôte nuisible. Malgré l’approche et le thème, on note toutefois l’absence d’une dimension écologique. Au-delà de l’ironie de la situation, on apprécie la rigueur toute scientifique pour crédibiliser l’existence de ce virus. C’est le cas des notions de génétique abordées, de l’écosystème du corps humain peuplé de bactéries ou des symptômes qui en découlent. Cela sans oublier le passif d’un premier risque survenu au XIIIe siècle.

En filigrane des enjeux actuels, on assiste à une chasse au trésor, sur les traces de Marco Polo. Essentiellement située en Asie, celle-ci se ponctue de découvertes archéologiques et d’énigmes bien structurées. On songe à ce rapprochement entre des monuments ou des objets anciens avec quelques exercices cryptographiques. Par ailleurs, la démarche emprunte quelques détours ésotériques avec l’incursion de l’écriture angélique, ainsi que du travail de Johannes Trithemius et Heinrich Agrippa. L’ensemble se tient et parvient à confondre les faits avérés avec une interprétation fictive des mythes et des notions avancées.

Au sortir de ces considérations, on retrouve un récit énergique qui, malgré un texte dense, architecturé sur une poignée de chapitres, ne faiblit à aucun moment. Les scènes d’action sont immersives au possible et font montre d’une fluidité peu commune. Elles peuvent s’étendre sur des dizaines de pages, l’auteur ancre son lectorat à travers des fusillades dynamiques, des confrontations brutales et des échanges tendus. Peu d’écrivains sont capables de concilier une telle constance pour une même séquence, et ce, sans l’entrecouper avec une alternance de points de vue. En somme, les phases de réflexion côtoient des passages plus intenses pour fournir un récit qui ne sombre guère dans la complaisance ou la vacuité de moments de remplissage.

Au final, La Malédiction de Marco Polo s’avance comme un quatrième volet convaincant des missions de la Sigma Force. Le roman de James Rollins réitère les fondamentaux des précédentes aventures tout en parvenant à proposer une intrigue entraînante et vraisemblable dans ce qu’elle suggère. La menace virale s’appuie sur des bases scientifiques tangibles, tandis que l’évocation du périple de Marco Polo ajoute un fond historique bienvenu, voire essentiel. Jonché d’énigmes et d’obstacles, le parcours de figures familières reste plaisant à suivre, sans souffrir d’errances narratives ni de détours dispensables. Entre thriller, aventures, action et espionnage, un livre immersif et distrayant.

Note : 15/20

Par Dante

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