avril 27, 2024

Totally Killer

De : Nahnatchka Khan

Avec Kiernan Shipka, Olivia Holt, Julie Bowen, Zachary Gibson

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Comédie, Horreur

Résumé :

Trente-cinq ans après le meurtre choquant de trois adolescents, le tristement célèbre  » Sweet Sixteen Killer  » revient le soir d’Halloween pour faire une quatrième victime. Jamie, 17 ans, ignore l’avertissement de sa mère surprotectrice et se retrouve face à face avec le maniaque masqué. En fuite, elle voyage accidentellement dans le temps jusqu’en 1987, l’année des premiers meurtres. Forcée de naviguer dans la culture inconnue et scandaleuse des années 1980, Jamie fait équipe avec sa mère adolescente pour éliminer le tueur une fois pour toutes, avant qu’elle ne soit coincée dans le passé pour toujours.

Avis :

La comédie horrifique est un travail d’équilibriste pour que les deux genres diamétralement opposés puissent cohabiter de façon optimale. Comment créer de la peur avec de l’humour ? Comment faire rire dans des élans dérangeants ? Autant de questions qu’il faut résoudre en respectant le spectateur, qui ne doit pas se sentir flouer dans un mélange incongru où l’un ou l’autre prendrait toute la place. Les exemples de réussite sont assez nombreux (Shaun of the Dead, Happy Birthdead, Tucker et Dale Fightent le Mal), mais on se retrouve aussi avec de nombreux navets qui n’ont aucune subtilité. En ce sens, on peut se poser la question de la place de Totally Killer, qui essaye de se placer dans le haut du panier via un scénario intéressant et pas désagréable, mais doté d’une mise en scène lambda et d’éléments horrifiques bien trop timides.

L’histoire propose de suivre Jamie, une adolescente rebelle qui ne supporte pas vraiment ses parents, car elle trouve qu’ils la couvent trop. Il faut dire qu’il y a trente-cinq ans de ça, un tueur a assassiné trois jeunes femmes dans la ville, pendant Halloween, et à chaque festivité, les réminiscences du tueur reviennent. Et cette année devient un peu particulière lorsque la mère de Jamie se fait assassiner par le tueur. Bourrée de tristesse et de remords, Jamie va devenir une cible pour ce nouveau tueur masqué et par un concours de circonstances, elle va remonter le temps trente-cinq ans plus tôt. L’occasion alors de sauver les trois femmes du tuer, de découvrir de qui il s’agissait, et ainsi de faire revenir sa mère à la vie dans sa timeline. Bref, une sorte de Retour Vers le Futur en version slasher.

« Totally Killer joue sur un whodunit classique. »

Et il ne faut pas trop s’étonner de voir que le film a été produit par les types derrière Happy Birthdead. S’il n’y pas de boucle temporelle ici, le temps joue un rôle principal et permet à l’héroïne de découvrir sa mère à son âge, et surtout de voir qui se cache derrière ce masque cringe, au sourire bright. Le scénario n’est pas bien compliqué à comprendre. Totally Killer joue sur un whodunit classique, où les suspects vont se multiplier pour arriver à une conclusion toute banale. Point d’originalité dans le déroulement du long-métrage, si ce n’est que les actions de Jamie dans le passé ont des conséquences sur le présent/futur, que l’on voit à travers les recherches d’un journaliste et de sa meilleure amie qui est au courant pour son voyage temporel. Une astuce qui permet de relancer un peu l’intrigue quand elle patauge dans la semoule.

Cependant, le plus important dans ce genre de film n’est point le scénario, auquel on demande juste de la cohérence, mais un juste équilibre entre les deux genres qu’il brasse, c’est-à-dire la comédie et l’horreur. Et là-dessus, on sera un peu moins convaincu. Bien évidemment, le fait de partir dans les années 80 va permettre de montrer le racisme assumé de l’époque, ou encore les manquements en matière de sécurité. Jamie va être surprise à plus d’une reprise, ce qui permettra de donner du fond et de l’humour. On notera aussi les offenses physiques ou sexuelles, qui vont déranger l’héroïne, permettant de donner un peu de grain à moudre à l’ensemble. Mais malheureusement, les choses s’arrêtent là, puisque le film va surtout partir dans une comédie potache, où visiblement, les jeunes des années 80 ne pensent qu’à baiser entre eux. Une constante qui vire presque au fantasme.

« Ajoutons à cela une mise en scène bateau et aucune recherche dans la lumière. »

De ce fait, le film lorgne énormément sur son aspect comédie, où les jeunes font la fête, baise à tout va, se baigne nus dans les jacuzzis et boivent de l’alcool. Si là encore, les confrontations générationnelles vont bon train, on reste dans un registre comique qui fait du tort à l’horreur. Les attaques seront alors timides, et donneront toujours lieu à des moments humoristiques malvenus. A titre d’exemple, l’attaque dans le chalet n’a que peu d’impact, la faute à une mauvaise gestion de l’espace et de l’humour (l’héroïne enfermée dehors), ne donnant alors pas lieu de s’inquiéter pour les protagonistes. De plus, les attaques sont répétitives et manquent cruellement d’imagination. Ajoutons à cela une mise en scène bateau et aucune recherche dans la lumière, et on se retrouve avec un truc lambda et sans âme. Jusque dans la résolution des problèmes et les justifications des meurtriers.

Parce que tout s’enchaine très vite sur la fin. L’héroïne découvre, avec l’aide de ses nouveaux amis, qui est le tueur, puis elle va rencontrer un deuxième meurtrier, dont les revendications sont assez ridicules. Car si le premier trouvait des échos dans les remarques racistes et grossophobes, lui faisant alors péter un câble, le second ressemble plus à de l’égoïsme pur et dur. Les raisons de ce tueur sont assez cryptiques, pour ne pas dire ridicules, et cela n’arrange en rien le personnage dont il est question, tant il est transparent et sans intérêt. D’ailleurs, c’est aussi une autre faiblesse du film que de proposer des personnages assez fades. Kiernan Shipka (Sabrina chez Netflix) est bien mignonne, mais elle ressasse le même rôle d’ado rebelle qui se retrouve dans les problèmes. Quant aux autres personnages, ils n’ont pas vraiment d’épaisseur.

Au final, Totally Killer est une comédie horrifique assez anecdotique. Le film n’est pas mauvais, mais hormis faire passer une « bonne » soirée, il ne restera pas dans les annales du septième art. Traitant de la relation mère/fille de façon classique, utilisant son concept pour faire prendre conscience de certaines choses sous le ton de l’humour, la réalisatrice n’arrive pas à rendre son film plus attrayant que ça, la faute à un mauvais équilibre entre comédie et horreur, mais aussi à cause d’une mise en scène fainéante, qui ne cherche jamais le beau plan pour marquer. Bref, un film sympathique, mais c’est bien tout…

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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