mars 29, 2024

Enemy

Titre Original : Enemy Mine

De : Wolfgang Petersen

Avec Dennis Quaid, Louis Gossett Jr., Brion James, Carolyn McCormick

Année : 1985

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

À la fin du XX Ie siècle, les Terriens et les habitants de la lointaine planète Dracon s’affrontent pour la conquête de l’espace. Au cours d’un combat, Davidge, un pilote américain, est abattu sur la planète Fyrine IV en même temps qu’un Drac. D’abord hostiles, ils vont être obligés de cohabiter face aux menaces extérieures.

Avis :

Wolfgang Petersen est un réalisateur allemand qui va connaître un succès fulgurant dans les années 80. Il commence à se faire connaître à l’international en 1982 avec son chef-d’œuvre Le Bateau, puis il va avoir la consécration commerciale en 1984 avec L’Histoire Sans Fin. Forcément, avec le succès, il est convoité par les producteurs d’Hollywood. En 1983, le scénario de Enemy devait échouer dans les mains du réalisateur Richard Loncraine (Drôle de Missionnaire), mais ce dernier fut renvoyé, et le projet resta un an dans les tiroirs. Wolfgang Petersen est alors approché pour faire ce film de science-fiction, où il va réécrire le scénario et déplacer le lieu du tournage, passant de décors naturels islandais à des studios en Allemagne. Porté par Dennis Quaid et Louis Gossett Jr., le film sera un joli succès, mais aujourd’hui, il a du mal à résister aux affres du temps.

Amis pour survivre

Le film nous place directement dans un contexte particulier, où les hommes colonisent des planètes pour leurs richesses, mais ils mènent une guerre sans merci aux Dracs, des extraterrestres qui ont un peu les mêmes ambitions. Lors d’un combat spatial, un vaisseau humain et un vaisseau drac s’écrasent sur une planète inconnue. Voulant se venger à tout prix, l’humain, Davidge, va prendre en chasse le drac. Manque de bol, la planète est hostile, ils doivent alors coopérer pour s’en sortir. Surtout que personne ne semble pressé de les sortir de là. Enemy est donc un film de science-fiction qui va surtout parler d’amitié et de l’idiotie de la guerre. Dès le départ, la tension entre les deux personnages n’est que factice, portée par des idéaux crétins séculaires, qui n’ont jamais été remis en question. Le réalisateur montre alors deux personnages qui vont devoir s’apprivoiser.

Le premier contact n’est pas facile, puisque l’humain veut tuer l’alien, et ce dernier arrive à déjouer les plans de Davidge et à le faire prisonnier. Manque de bol, la planète est sujette à des pluies de météorites et les deux personnages vont vite se rendre compte qu’il faut s’entraider pour s’en sortir. Les relations seront tendues au début, la faute à une barrière de la langue, qui sera vite éludée par un apprentissage rapide. C’est d’ailleurs, l’un des principaux problèmes du film, qui va très vite en besogne sur des points importants, et notamment la coordination des deux compères de fortune. Les langues seront apprises très vite, supposant alors des ellipses temporelles que l’on ne voit pas forcément. Néanmoins, on restera conciliant car cela va permettre à l’intrigue de se délier plus rapidement et de mettre en avant d’autres sujets.

Qui est bon, qui est méchant ?

Comme il est bon ton de le rappeler, dans une guerre, on voit souvent l’inconnu comme l’ennemi, et c’est ce qui se passe ici, en mettant rapidement en avant le fait que les dracs sont des êtres mauvais. Leur physique disgracieux, leur langue gutturale, le fait que l’humain perde l’un de ses meilleurs amis dans la bataille de l’introduction, tout porte à croire que les aliens sont les méchants. L’alliance entre les deux personnages va montrer alors que ce n’est pas vraiment le cas, et que nous sommes tous égaux face à l’adversité, la nature et à des bestioles dangereuses. Le film est intelligent dans son message, qu’il va pousser encore plus loin dans sa deuxième partie. En effet, Wolfgang Petersen va placer l’humain dans un rôle de paternité inattendu, où il va découvrir que finalement, l’humain est une sale bestiole pas forcément comme les autres.

L’arrivée de l’enfant et des mercenaires qui transforment les dracs en esclaves va bousculer les idéaux de Davidge, qui va comprendre que dans une guerre, tout n’est pas noir ou blanc. Le réalisateur joue de cette ambivalence et propose une vision juste, où chacun a ses responsabilités dans un conflit armé. Inutile ici de préciser qu’Enemy est aussi une métaphore du racisme et de l’esclavage. Nous faisant donc face à un film engagé, mais qui n’oublie jamais la dualité de son propos, la nuance. Car si les humains sont mauvais, ils ne sont pas tous mauvais. Cela intervient dans le dernier segment, lorsque Davidge désobéit à ses supérieurs pour sauver l’enfant, et qu’il est épaulé par ses anciens coéquipiers, qui vont l’aider à ses débarrasser des mercenaires. Là encore, le cinéaste nuance son récit, ne réduisant pas les humains à un cancer purulent sur la face de l’univers.

La guerre, c’est moche

Hormis le scénario qui est suffisamment malin pour plaire à un large public, il faut néanmoins noter que Enemy est un film qui dès sa sortie, était relativement moche. La scène d’ouverture fait peine à voir aujourd’hui, et même pour l’époque, ce n’était pas folichon. Les incrustations sont ratées et on sent que le budget n’est pas forcément allé dans les effets spéciaux. Sur la planète, c’est autre chose. Le choix d’animatronics est plutôt judicieux, mais ce sont les fonds verts et les maps painting qui font du tort au métrage de Petersen. Si certains plans sont beaux, d’autres tireront vers des teintes artificiels et la surimpression des personnages est trop visible, nous sortant du film et de son histoire. D’ailleurs, à titre comparatif, les effets spéciaux sont similaires à ceux de L’Histoire Sans Fin et il n’y a pas vraiment d’évolution.

Au final, Enemy est un film sympathique par son fond. Son histoire est plutôt touchante et surtout, le réalisateur, qui a réécrit le scénario, fait tout dans la nuance et évite tout manichéisme. Le problème va plutôt venir d’une mise en scène qui manque de moyens et qui accumule des effets spéciaux déjà datés à l’époque de la sortie en salle. Cela nous sort complètement du film et installe même un faux-rythme, oscillant entre des moments intimistes où l’on y croit et d’autres d’une laideur sans nom, qui nous déconnectent. Bref, un film intéressant, intelligent, mais qui souffre d’un coup de vieux visuel fatidique.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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