avril 19, 2024

Diane a les Epaules

De : Fabien Gorgeart

Avec Clotilde Hesme, Fabrizio Rongione, Thomas Suire, Grégory Montel

Année: 2017

Pays: France

Genre: Comédie

Résumé:

Sans hésiter, Diane a accepté de porter l’enfant de Thomas et Jacques, ses meilleurs amis. C’est dans ces circonstances, pas vraiment idéales, qu’elle tombe amoureuse de Fabrizio.

Avis:

Dans le paysage du cinéma français, Fabien Gorgeart est un inconnu et pourtant, le réalisateur est installé depuis le début des années 2010. Fabien Gorgeart est un homme qui se pose énormément de questions sur la parentalité, ou plutôt le fait de devenir parent et de ce sujet, intéressant et riche, il en a fait le fer de lance de sa filmographie. Il ouvre ainsi cette dernière en 2012 avec le court-métrage « Un chien de ma chienne« , qui narre la grossesse compliquée d’une jeune femme. Il poursuit la même année avec « Le sens de l’orientation« , un court-métrage qui s’arrête sur un homme qui voudrait être père, qui est stérile et qui ne sait comment se sortir de ses mensonges. Après quelques années d’errances qui lui ont surtout permis de monter son premier long-métrage, voici qu’en 2017, Fabien Gorgeart débarquait sur les écrans avec « Diane a les épaules« .

Cela faisait un bout de temps que je voulais voir « Diane a les épaules » pour la bonne et simple raison que le film de Fabien Gorgeart s’aventurait sur un sujet brûlant. Un sujet dont on entend parler peu à peu, alors que les questions de la PMA sont actuellement en discussions dans nos institutions politiques. Ce sujet, c’est la GPA, et il faut dire que pour une première œuvre, ce choix est on ne peut plus couillu. Mais c’est aussi un choix qui véhiculait beaucoup de crainte au spectateur qui est en moi, car ce dernier, s’il est mal traité, pouvait très vite s’aventurer dans les clichés ou le pamphlet ou encore le militantisme. Je m’y suis donc aventuré sur la pointe des pieds et j’en ressors partagé. Partagé entre un film intéressant, qui ne porte pas de jugement sur son sujet, et en même temps, « Diane a les épaules » arrive à décevoir car derrière le sujet incroyable qu’il explore, il manque au film de Fabien Gorgeart un souffle et un punch qui font qu’on retient son film. Du coup, le moment est plaisant, notamment parce que plein d’humanité, mais dans un autre sens, « Diane a les épaules » est un film qui ne marquera pas et c’est bien dommage.

Diane, bientôt la quarantaine, est une femme libre. N’ayant jamais eu l’instinct maternel, ne voulant pas d’enfants, elle a décidé par altruisme de faire un enfant avec Thomas, son meilleur ami, qui est en couple avec Jacques depuis des années. Diane avait tout prévu pour ces prochains mois, enfin tout, sauf Fabrizio, l’électricien qui travaille chez elle, et dont elle tombe éperdument amoureuse…

« Diane a les épaules« , voilà une intrigue qui est dans l’air du temps. Voilà une intrigue à laquelle il n’était pas difficile de penser, mais bien plus compliqué à mettre en œuvre et pourtant, c’est ce qu’a réussi à faire Fabien Gorgeart et avec ses plus et ses moins, finalement, malgré le fait que le film manque d’impact, le jeune réalisateur s’en sort plutôt bien pour un premier film avec un tel sujet.

« Diane a les épaules« , dans son scénario, est un film qui ose aller vers son sujet. Ici, on saluera le fait qu’il n’y a pas de non-dits ou de sujets à interprétation. Fabien Gorgeart ne fera jamais prononcer le mot GPA dans la bouche de ses personnages, mais c’est bien ici de ça dont il s’agira. Le tout est très joliment emballé et entre rire et émotion, l’intrigue se construit de manière simple, belle, humaine et surtout sans jugement aucun. Non, le réalisateur nous présente ses personnages et leurs choix de la manière la plus naturelle qu’il soit et si jamais il devait y avoir des jugements, ces derniers seront laissés au libre choix du spectateur et c’est très bien vu ainsi.

Avec ce fil rouge, « Diane a les épaules » est un film qui aborde tout un tas d’autres sujets, qui eux aussi, vont être intéressants. La maternité, le choix du corps, le choix d’une femme qui a l’envie de vivre autrement, l’envie de parentalité, l’homoparentalité bien sûr, et le sujet, qui est surement le plus intéressant, celui qui donne plus de piquant dans un sens à l’œuvre de Gorgeart, le regard extérieur, celui d’un homme tombant amoureux d’une femme, au moment où cette dernière fait un choix de vie. De ce côté-là donc, « Diane a les épaules » est un film intéressant. Un film amusant et un film qui se tient jusqu’à son final.

On notera que le film de Fabien Gorgeart est tenu par des acteurs brillants, Fabrizio Rongione, Thomas Suire, Gregory Montel, mais si bons soient-ils, tous sont quelque peu dans l’ombre d’une Clotilde Hesme incroyable de naturel. Une Clotilde Hesme parfaite de bout en bout, dans un rôle qui est sûrement l’un des plus complexes que la comédienne ait tenu.

Mais voilà, comme je le disais plus haut, « Diane a les épaules » est aussi un film qui déçoit quelque peu parce qu’il ne se fait finalement pas plus impactant que cela. Certes, c’est bien fait, c’est bien orchestré, on ne s’ennuie pas devant, mais il lui manque cruellement quelque chose pour nous convaincre pleinement. En fait, derrière tous les bons arguments que peut accumuler le film de Fabien Gorgeart, « Diane a les épaules » laisse une impression de préfabriqué, et au final, malgré le naturel de Clotilde Hesme, malgré le fort sujet que décortique son réalisateur, malgré les réflexions que le film véhicule, finalement, on quitte « Diane … » et sa vie trépidante avec un sentiment que le film aurait pu être bien plus et au-delà de ça, avec le sentiment d’avoir certes été diverti sur l’instant, mais que dans le temps, « Diane a les épaules » s’oubliera petit à petit et ça, c’est vraiment dommage, car tout est là pour que le film marque et s’imprime en nous.

Bon petit moment de cinéma, Fabien Gorgeart livre un film qui a donc tous les ingrédients pour être un grand film qui est pile dans l’actualité et pourtant, malgré tout ceci, « Diane a les épaules« , malgré sa réussite, loupe paradoxalement son coche, puisque dans la masse, il en devient un petit film sympathique parmi tant d’autres et c’est vraiment dommage. Après, comme dit plus haut, le moment fut très loin d’être désagréable, et il sera toujours temps de le redécouvrir dans quelques années…

Note : 12/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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