octobre 14, 2024

La Tour Sombre – Stephen King Jouet

Titre Original : The Dark Tower

De : Nikolaj Arcel

Avec Idris Elba, Matthew McConaughey, Tom Taylor, Katheryn Winnick

Année: 2017

Pays: Etats-Unis

Genre: Fantastique

Résumé:

Le dernier Pistolero, Roland Deschain, est condamné à livrer une éternelle bataille contre Walter O’Dim, alias l’Homme en noir, qu’il doit à tout prix empêcher de détruire la Tour sombre, clé de voûte de la cohésion de l’univers. Le destin de tous les mondes est en jeu, le bien et le mal vont s’affronter dans l’ultime combat, car Roland est le seul à pouvoir défendre la Tour contre l’Homme en noir…

Avis:

Stephen King est un auteur prolifique qui bénéficie d’un traitement de faveur de la part du cinéma. Il faut dire que l’auteur est rapidement devenu culte dans les années 70 et qu’il n’a pas d’égal en matière d’horreur et d’histoires effrayantes. D’ailleurs, on ne compte même plus les adaptations de ses livres au fil des années, même si les plus remarquables restent Carrie, La Ligne Verte ou encore The Mist. Malheureusement, retranscrire la magie d’un livre avec une caméra n’est pas une chose facile et bien souvent, les œuvres de Stephen King ne sont pas à la hauteur sur un écran et seul Frank Darabont semble avoir saisi toute la quintessence des livres de l’écrivain. 2017 pourrait signer le retour du maître sur le devant de la scène, même s’il ne la jamais quittée avec ses bouquins. Entre deux séries (The Mist et Mr. Mercedes) et deux films (Ca et La Tour Sombre), le King de l’horreur continue de hanter les télés et les salles de cinéma. Premier film à sortir et à inaugurer cette vague « Kingienne », La Tour Sombre est-elle à la hauteur de nos espérances ?

Il faut dire que le projet est très (trop ?) ambitieux. Stephen King considère cette œuvre comme la Jupiter de son système solaire mental et après huit tomes et deux projets avortés par différents studios, c’est Ron Howard qui se place en producteur et Nikolaj Arcel qui se met derrière la caméra. Plutôt habitué aux scénarios de polars nordiques (Millenium, Les Enquêtes du Département V), le réalisateur se fait remarquer en 2012 avec Royal Affair, qui sera un joli petit succès, mais qui n’a rien à voir avec l’univers fantastique de La Tour Sombre. Et cela se voit grandement, tant ce nouveau film manque de justesse et d’équilibre sur sa tonalité et sur sa notion de grandiloquence. En même temps, comment adapter en un peu plus d’une heure et demie, une saga aussi riche que celle-ci, avec un univers aussi particulier et jamais vu ? C’est clairement mission impossible.

Les fans de la saga littéraire seront forcément déçus par cette adaptation qui s’éloigne grandement des livres pour tenter d’avoir une approche propre. On retrouve donc les principaux personnages du premier roman, à savoir Roland de Gilead le pistolero, le jeune garçon qui se retrouve propulsé dans cet univers parallèle et Randall Flagg, qui se nomme ici Walter, en tant que grand méchant voulant détruire la tour. Et c’est à peu près tout. Les romans se déroulent dans une sorte de western futuriste avec des robots, des monstres et possède une véritable identité. Il est d’ailleurs très difficile de rentrer dans les romans tant c’est en dehors de toute ce que l’on peut connaître, aussi bien en littérature que dans le cinéma. Forcément si l’œuvre est complexe à appréhender, il ne fallait pas donner ça à n’importe quel studio ou encore à n’importe quel quidam derrière la caméra. Le seul point positif de ce film, c’est finalement son rythme. Relativement court, le divertissement est assuré par de nombreuses scènes d’action et le film s’avère assez généreux en mouvements et autres fusillades. On pourra aussi pointer du doigt la relation qui se forme entre le pistolero et le jeune garçon, qui trouve en ce héros un substitut de son père, un ancien pompier mort dans un incendie. La relation est assez jolie et sincère pour former un duo qui marche. Du moins au début.

Parce que plus le film avance et plus on va vers une catastrophe industrielle. Car non seulement ce n’est pas fidèle au livre (et cela ne serait pas un point négatif si le film trouvait une véritable identité), mais en plus, on va avoir droit à tous les clichés du genre avec l’étranger qui se retrouve dans un New-York contemporain. Car plutôt que de fournir un western hybride et étrange, on nage en plein fantastique familial qui peine à accrocher le spectateur dans son intrigue générale. Le principal problème de ce naufrage progressif, c’est la différence de tonalité au sein du métrage. Le début se veut plutôt dramatique, avec un jeune garçon en perte de repères, qui n’arrive pas à se faire une place dans le monde des adultes, et un grand méchant qui kidnappe des enfants pour tenter de détruire la tour sombre, celle qui protège notre univers. Seulement, une fois dans New-York, le film prend une tournure humoristique assez désagréable. Les passages à tendance comique sont assez gênants car ils sont déjà-vus (comme dans Wonder Woman par exemple) et qu’il brise une certaine tension. Le plus choquant étant lorsque le pistolero goûte au coca et aux antibiotiques et qu’il en devient immédiatement accro. Ou encore la blague de fin sur les hot dog, indigne d’un enfant de sept ans. Tous ces éléments tendent à faire croire que le film est destiné à un public jeune, alors que dans son intrigue principale, on n’est pas là pour rigoler et que certaines séquences sont même sanglantes, comme l’attaque des hommes-loups dans un village.

Au-delà de ce déséquilibre de ton, qui place le film entre deux chaises, on retrouve des relations assez incohérentes et surtout un grand méchant qui n’en branle pas une. Si les émotions passent bien entre le pistolero et l’enfant, pour le reste, ce sera le néant absolu. Les méchants sont tous très méchants, les gentils sont tous très gentils et au milieu de tout ça, la demi-mesure est totalement absente. Alors on pourrait se dire que l’on fait face à un grand méchant intéressant et sans pitié, sauf que c’est un branleur de première. Certes, il tue sans discernement et ses pouvoirs semblent sans limite, sauf qu’il est incapable de retrouver un gamin tout seul. Matthew McConaughey essaye tant bien que mal de donner de la prestance à ce personnage, mais il tient plus du gothique antipathique que du vrai bad guy bad ass. D’autant plus que niveau background, c’est le néant total et qu’en plus de cela, ses motivations pour détruire la tour sombre ne tiennent pas une seule seconde, puisque selon le pistolero, il veut devenir le roi d’un univers peuplé de monstres. Cela n’a aucun intérêt ! Fort heureusement, Idris Elba a la classe et on ne peut lui enlever son charisme naturel.

Enfin, le film n’est pas aidé par sa mise en scène. Nikolaj Arcel, s’il possède un joli sens du rythme, n’a pas trop forcé sur les plans. La réalisation est plate, l’ensemble manque clairement de plans iconiques et surtout, les quelques monstres que l’on voit apparaître sont filmés dans une obscurité profonde afin que le spectateur ne se rendent pas compte des faiblesses du character design. Les hommes-loups font penser à des orcs du Seigneur des Anneaux qui auraient copulé avec Splinter des Tortues Ninja et tout cela rejoint cette sensation de manque d’identité, de manque d’idées neuves pour créer un univers à part et complètement nouveau. Et ce n’est pas quelques easter eggs sur l’univers de Stephen King qui y changeront quoi que ce soit, à l’image de la voiture Christine que l’on voit un quart de seconde ou encore évoquer le Shining pour parler de la force de l’esprit.

Au final, La Tour Sombre est une belle déception quand on connait l’œuvre originale. Nikolaj Arcel pond un film qui ne trouve pas le ton juste et cible un public assez jeune alors que tout l’univers de cette saga est très mature et difficile d’accès. Qui plus est, le film manque clairement de cachet et d’une identité visuelle qui lui est propre, donnant finalement un film fantastique lambda, avec de bons acteurs, mais une ligne directrice bas de gamme et un manque de souffle épique flagrant. Bref, ce n’est pas bon.

Note : 07/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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