juillet 19, 2025

Le Comte de Monte-Cristo – Un Blockbuster Français?

De : Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière

Avec Pierre Niney, Anaïs Demoustier, Bastien Bouillon, Anamaria Vartolomei

Année : 2024

Pays : France

Genre : Aventure, Historique

Résumé :

Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.

Avis :

Il faut croire qu’Alexandre Dumas père a le vent en poupe en ce moment, puisqu’après Les Trois Mousquetaires (qui fut divisé en deux chapitres distincts), voici que déboule Le Comte de Monte-Cristo, mis en scène par Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte, qui furent scénaristes sur les films de Martin Bourboulon. Déjà adapté une bonne trentaine de fois entre le petit et le grand écran, la version la plus connue du Comte de Monte-Cristo reste celle de Josée Dayan avec Gérard Depardieu. Ici, pas question de faire plusieurs épisodes, voire même plusieurs films, et c’est avec une grosse ambition que Pierre Niney et les deux réalisateurs vont proposer une version de près de trois heures, pour nous embarquer au plus près de ce personnage iconique. Néanmoins, malgré son aspect blockbuster, le film tient-il la route, et mérite-t-il une telle durée ? 

L’histoire, tout le monde (ou presque) la connait. On va suivre un jeune homme ambitieux, Edmond Dantès, qui travaille en tant que marin sur le bateau du capitaine Danglard, et qui va sauver une jeune femme de la noyade. De retour sur terre, il est nommé capitaine à la place de Danglard pour son acte de bravoure, mais il va vite déchanter lorsque la police l’arrête pour acte de trahison, souhaitant le retour de Napoléon. Il va être jeté en prison, et là, il va faire la connaissance d’un homme qui lui apprend la maîtrise de plusieurs langues, ainsi que l’emplacement du trésor des templiers. Après quatorze ans de détention, il parvient à s’échapper, découvre le trésor en question, et il va tout mettre en œuvre pour se venger des trois hommes qui lui ont gâché la vie. Ainsi né le comte de Monte-Cristo.

« Le film va aussi traiter de la politique et des ambitions des « puissants ». »

Et il faut bien les trois heures pour raconter cette histoire. Les deux réalisateurs le savent, l’histoire est dense, le roman est un énorme pavé de près de 1300 pages, et chaque détail a son importance. Ainsi donc, le film débute avec un sauvetage, puis la découverte de la famille d’Edmond Dantès, alors au service de la famille Morcef. Si tout sourit au jeune homme, on va vite se rendre compte de la jalousie de son meilleur ami, alors amoureux de la même femme, et que cela ne va pas durer. L’un des premiers thèmes que l’on rencontre dans ce long-métrage, c’est que la réussite attise la jalousie, et Edmond va le payer le prix fort. Tout d’abord par Danglard, ce capitaine couard qui va manipuler son petit monde pour devenir armateur. Puis par son meilleur ami, qui y voit-là un moyen de l’éloigner de sa bien-aimée.

Outre cette histoire de jalousie, le film va aussi traiter de la politique et des ambitions des « puissants ». Des personnalités qui font passer leurs propres intérêts avant celle des autres, et qui ne s’intéressent que très peu au bas peuple. D’ailleurs, il faudra à Edmond Dantès devenir le comte de Monte-Cristo pour que ces derniers lui mangent dans la main. Il est assez intéressant de voir à quel point le concept politique n’a pas beaucoup évolué de nos jours, avec toujours les mêmes personnes qui veulent le pouvoir pour assouvir des ambitions personnelles. Il y a une vraie intelligence dans le traitement de ce sujet. En outre, cela va permettre aussi au personnage principal d’assouvir sa vengeance, en jouant avec les codes, en trompant son petit monde et en attisant les velléités de certaines personnes, comme ce bâtard laissé pour mort.

« La mise en scène du film est assez impressionnante. »

Car oui, Le Comte de Monte-Cristo est un film de vengeance qui prend des proportions titanesques, où chaque personne de ce triumvirat va se faire avoir les uns après les autres. On pourrait presque voir le film comme un slowburn, qui met en place des pièces pour mieux exploser à la fin, laissant tout le monde sur le carreau, sans pour autant parvenir à de la violence. Certaines séquences sont assez équivoques, à l’image de ce dîner qui met en avant l’infanticide avorté pour réveiller les tensions et les orgueils entre les « méchants », qui se trompent eux-mêmes. De ce fait, l’intrigue est rondement menée, et on ne voit pas passer les trois heures du film. Oui, c’est long, mais c’est nécessaire pour ne rien laisser au hasard, où même oublier l’évolution d’un personnage, enfant comme adulte.

Au-delà de l’écriture qui est vraiment bien fichue, il faut aussi noter que la mise en scène du film est assez impressionnante. Les deux réalisateurs veulent faire un film d’aventure noble, et qui rappelle certains succès français de la belle époque. Ici, on a de l’action, du drame, voire même de la tragédie avec cette histoire d’amour qui se termine mal, de l’aventure, et des éléments qui sont intimes côtoyant des passages relativement grandiloquents. On voit bien la volonté de donner un spectacle réjouissant, et qui possède un beau cachet. Il y a de nombreuses trouvailles visuelles, et certains plans sont tout simplement sublimes, notamment tout ce qui maritime, ou les plans larges sur les belles demeures de Provence. On est loin des comédies qui se contentent de faire du champ/contre-champ, et surtout, il n’y a pas forcément d’humour pour alléger l’ensemble.

« Pierre Niney est habité par le personnage. »

Enfin, difficile de ne pas dire un mot sur le casting du film, qui est tout simplement parfait. Pierre Niney est habité par le personnage, et il compose un comte de Monte-Cristo convaincant. Certains passages sont totalement phagocytés par son talent, comme lors de ce fameux dîner qui prend des allures de film d’horreur. A ses côtés, les personnages secondaires sont tout aussi importants et impressionnants. Que ce soit Patrick Mille et sa gouaille outrancière, Laurent Lafitte et son aspect rempli de vilenie, Bastien Bouillon et son côté couard, ou encore Vassili Schneider en amoureux transi, ils sont tous très bons. Il ne faut oublier aussi Julien de Saint-Jean, dans un rôle difficile, où il montre son désir de vengeance en un seul regard.

Et que dire du côté des actrices, qui sont merveilleuses aussi. Si Anaïs Demoustier est un peu en retrait dans le rôle de Mercedes, on se réjouira de la partition d’Anamaria Vartolomei dans un personnage trouble et complexe. Elle en volerait presque la vedette à tout le casting à chacune de ses apparitions.

Au final, Le Comte de Monte-Cristo est une adaptation assez impressionnante et qui peut se voir comme un blockbuster français. Epique, grandiloquent, doté d’une mise en scène inventive et qui cherche à faire de jolis plans, rudement bien écrit pour ne rien laisser au hasard, il faut aussi compter sur des personnages attachants ou détestables, ainsi que des thèmes qui résonnent toujours d’actualité aujourd’hui. Bref, un grand film français, chose qui se fait rare de nos jours.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.