avril 26, 2024

Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan – L’Ambition Française?

De : Martin Bourboulon

Avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï

Année : 2023

Pays : France

Genre : Aventure, Historique

Résumé :

Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.

Avis :

Martin Bourboulon est un cinéaste qui a tout d’abord commencé en tant qu’assistant-réalisateur, notamment chez Jean-Paul Rappeneau et Bertrand Tavernier. Passant à la réalisation dans le courant des années 2000, il va se partager entre ses courts-métrages, de la publicité, ou encore sur Canal +, où il intègre l’équipe des « … Guignols de l’info« . En 2015, Martin Bourboulon franchit un nouveau cap, puisqu’il réalise son premier long-métrage, la comédie déjantée « Papa ou Maman« , qui aura une suite l’année suivante. Même si ces deux films résonnaient comme de sympathiques divertissements, on ne voyait pas forcément la suite de sa carrière aussi « grande », puisque Martin Bourboulon arrivera à convaincre qu’on lui laisse la place sur des films avec de gros budgets. Ainsi, en 2021, Martin Bourboulon sort « Eiffel« , une histoire d’amour avec comme toile de fond la construction de la tour.

Après ce succès public, Martin Bourboulon a eu l’envie de s’attaquer à un panthéon de notre culture, et il a ainsi passé une très grande partie de son année 2022 à mettre en boite son adaptation des « … trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas.

« Cette première partie se révèle être un bon divertissement, qui offre de l’aventure, des complicités et un spectacle qui a son cachet. »

Blockbuster français divisé en deux parties, dont la première a pour sous-titre « … d’Artagnan« , cette adaptation est la première française depuis un sacré bout de temps. Oui, pour revoir une adaptation du roman en France, il faut remonter dans les années 70. Bref, du coup, avec les codes du cinéma français d’aujourd’hui, ainsi que le palmarès du réalisateur (qui nous a eu avec « Eiffel« ) « Les trois mousquetaires … » était un film qui laissait un sentiment partagé avec l’envie d’y croire, l’envie d’une aventure, d’un film à gros budget et plus généralement d’un film qui pourrait créer l’événement, mais face à cela, il y avait aussi la crainte de l’humour, la crainte de ne pas être à la hauteur des ambitions, et heureusement, pour nous, cette première partie se révèle être un bon divertissement, qui offre de l’aventure, des complicités et un spectacle qui a son cachet.

Charles d’Artagnan est un jeune homme qui monte sur Paris avec l’envie de rejoindre les mousquetaires du Roi. Pour cela, il va tout faire et très vite, il va être pris pour une formation. Une formation qui va très vite se révéler plus rude que prévue, puisque d’Artagnan va être entraîné dans une histoire bien plus grande. Une histoire qui cache un complot et derrière ça, une guerre de religion et plus loin encore, possiblement, une future guerre entre la France et l’Angleterre.

Soixante-douze millions d’euro et pas moins de huit mois de tournage, et encore plus de préparation, pour le coup, Martin Bourboulon a eu les moyens de ses ambitions, et comme je le disais, le rendu final pour ces deux premières heures qui nous ramènent dans la France de 1625 ont franchement du cachet et se révèlent être très efficaces.

«  »Les trois mousquetaires » est un bon mélange, qui nous offre donc un divertissement comme on n’en avait pas vu depuis un sacré bout de temps. »

Adapté une bonne trentaine de fois à l’écran, « Les trois mousquetaires » est un roman qui a connu toutes les envies (pour ne pas dire les folies) des réalisateurs, allant des plus simples aux plus délirantes. Pour ce retour chez nous, Martin Bourboulon a fait le choix de la grande aventure qui serait réaliste. Oscillant donc entre le film d’aventures, l’histoire de France, la comédie parfois, et la romance, « Les trois mousquetaires » est un bon mélange, qui nous offre donc un divertissement comme on n’en avait pas vu depuis un sacré bout de temps.

Divisé en deux parties, ces deux premières heures nous présentent le contexte du film, nous présentent bien sûr ses personnages et leur rencontre, puis derrière ça, le film monte petit à petit son infâme complot. Bien écrit, le film prend son temps, et la façon dont l’histoire nous est racontée est plaisante et surtout entraînante. Bien entendu, à quelques lignes près ou quelques caractères, on connaît déjà cette histoire et pourtant, on n’a pas l’impression de tomber dans le déjà-vu.

« On sent l’envie d’offrir un film grand spectacle, on sent l’envie d’offrir une aventure qui a de la tronche. »

Ce qui est très enthousiasmant avec cette première partie, c’est qu’on sent l’envie d’offrir un film grand spectacle, on sent l’envie d’offrir une aventure qui a de la tronche. Martin Bourboulon livre une magnifique reconstitution, avec des décors et des costumes impeccables. Le réalisateur, dans sa mise en scène, multiplie les grands plans de cinéma, jouant avec des travellings aériens superbes, ou au contraire, il nous entraîne au plus proche, avec des plans-séquence pour des batailles rudement bien menées, notamment la première avec tous les personnages, et cette caméra qui bondit d’un personnage à l’autre, et si parfois, c’est un peu saccadé, la construction est impressionnante.

L’autre atout de ces « … mousquetaires« , c’est son casting qui est très bien choisi, que ce soit avec le quatuor de mousquetaires dont les acteurs ont le temps de créer de vrais personnages, ou avec tous les autres personnages qui sont bien incarnés et bien mis en valeur par leur metteur en scène (Eva Green en Milady est terrible, et Louis Garrel en Roi Louis XIII est très sobre et contrôlé, ce qui le rend presque flippant).

Puis il y a l’alchimie entre ces acteurs qui fonctionne très bien tous ensemble, et derrière ça, on sent que tous les comédiens s’amusent avec leurs personnages (notamment Pio Marmaï en Portos). Une petite déception toutefois avec Eric Ruf en Cardinal Richelieu, dont on attend plus de perfidie, et pour l’instant, le personnage reste très en retrait.

« Ces deux premières heures sont donc une jolie réussite. »

Enfin, ces « … mousquetaires … » jouissent d’une bonne atmosphère. Comme je le disais, Martin Bourboulon vise un spectacle qui se veut réaliste, et même si parfois, il a recours à des effets visuels, jamais il ne tombe dans la surenchère. Ses effets sont là pour servir son histoire et pour le reste, le réalisateur vise une « lumière naturelle ». Puis l’autre élément de son atmosphère, c’est la BO de Guillaume Roussel, qui a officié chez Cédric Jimenez, Fabrice Eboué ou Clovis Cornillac, et ce dernier donne de belles chaleurs à l’ensemble.

Ainsi, ces deux premières heures sont donc une jolie réussite, et nous entraînent dans un film d’aventures plaisant et généreux, qui se laisse déguster d’un bout à l’autre. Martin Bourboulon réussit là où il s’était un peu planté avec « Eiffel« , c’est-à-dire qu’il offre ce qu’il promettait. Si l’on regrettera quelques maladresses, et ce final qui fait série télé, avec un cliffhanger qui s’assure l’envie d’aller voir la suite tout de suite, sur l’ensemble, on ressort ravi, enthousiasmé d’une telle ambition pour du cinéma français.

Note : 15,5/20

Par Cinéted

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