avril 26, 2024

John and the Hole

De : Pascual Sisto

Avec Michael C. Hall, Charlie Shotwell, Jennifer Ehle, Taissa Farmiga

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame, Thriller

Résumé :

John est un adolescent de 13 ans apparemment sans affect. Un jour, il découvre un bunker sur la propriété de sa famille. L’existence de ce bunker réveille quelque chose en John, et il drogue son père, sa mère et sa sœur, et les laisse tomber dans le trou sans explication.

Avis :

Réalisateur espagnol, Pascual Sisto s’en va faire ses études de cinéma aux Etats-Unis. Diplômé de l’Art Cen­ter Col­lege of Desi­gn de Pasa­de­na et une maîtrise en arts visuels et médias à l’Université de Californie à Los Angeles, très vite le nom de Pascual Sisto se fait connaître. Vidéaste, son travail est alors exposé dans beaucoup de galeries à travers le monde. En 2003, il réalise un court-métrage qui trouve un bel écho dans plusieurs festivals. Puis il faudra attendre 2017 pour que Sisto repasse vraiment derrière la caméra pour une coréalisation sur une série télé.

Avec cette envie de faire du cinéma, Pascual Sisto réussit à convaincre pour une première réalisation. Tenant une excellente idée, du moins sur le papier, Pascual Sisto se lance alors dans un thriller qui se veut psychologique. Intéressant, marquant, et même inquiétant d’emblée, malheureusement « John and the hole » ne va tenir aucune de ses promesses, brassant du vide à longueur de film. On se retrouve donc face à un film qui arrivera à nous tenir grâce à son suspens, mais finalement, une fois qu’on aura compris que ledit suspens ne mènera nulle part, on reste les yeux écarquillés avec une seule et unique question en tête une fois le générique final : POURQUOI ?

John, treize ans, vient d’une famille aisée. Vivant avec sa mère, son père et sa grande sœur, la vie de John est en tout point parfaite. Pourtant, après la découverte d’un trou un peu plus loin dans les bois, le jeune garçon, un soir, décide de droguer sa famille à grand coup de somnifères, et de les jeter dans ce trou. Ainsi, John aura la maison pour lui seul.

Cette sélection 2021 du Festival de Deauville fut riche et pleine d’originalité. Mais dans cette même sélection, un genre manquait à l’appel, le thriller. Dernier film à être présenté au jury, « John and the hole » avait alors cette « lourde » tâche d’être le thriller de la sélection. On imaginait déjà trouver un film à la « Don’t Tell A Soul« , film qui était présenté l’année dernière au Festival et qui s’était posé comme une bonne surprise.

« John and the hole » est un film qui est assez agaçant, car si on le survole, il est vrai que le film de Pascual Sisto tient plus ou moins sa barre, car il ne cesse en un sens d’injecter du suspens, et au-delà de ça, beaucoup de questionnement sur les faits et l’issue de ces derniers. Bien rythmé, bien filmé, tenant des idées de mise en scène qui sont intéressantes, avec notamment pas mal de plans au drone, ou encore de métaphores intéressantes sur le passage de l’enfance à l’âge adulte, Pascula Sisto livre aussi un joli travail avec la BO de son film, qui est composée par Caterina Barbieri. Une BO qui accompagne bien toute l’œuvre, soulignant les émotions, et peignant l’ambiance tendue que « John and the hole » peut tenir.

Mais voilà, tous ces bons arguments ne vont pas suffire pour nous tenir pleinement en haleine, car derrière les idées et cette mise en scène, il y a une histoire à raconter, et cette dernière est vide. Comme je le disais plus haut, il y a bien des métaphores sur le passage à l’âge adulte, mais pour le reste, Pascual Sisto ne raconte absolument rien avec cette histoire. Ici, tout coule sur les personnages et l’intrigue. Si d’ailleurs, cette intrigue ne fait que poser des questions, on reste dans l’attente de réponses. Des réponses auxquelles jamais, à aucun moment, le film essaie de répondre. Ainsi, on se retrouve dans une intrigue aberrante qui ne va strictement nulle part. Ce scénario est même terrifiant tant il n’offre rien. Lorsqu’on observe les personnages et les réactions qu’ils sont supposés avoir, aucun d’entre eux ne réagit « correctement ». On a vraiment l’impression que tous les événements glissent sur eux et c’est terriblement agaçant. Et en parlant d’agacement, on évoquera même l’autre intrigue du film, qui se compose de trois scènes, dont on cherche encore à comprendre le pourquoi, la cohérence et la logique…

Restera alors, pour se raccrocher au vide, les comédiens qui, s’ils tiennent des personnages qu’on ne comprend pas, demeurent bons dans un sens, et même assez attachants.

Ce premier film de Pascual Sisto est donc une étrangeté, dont on cherche la signification. Si le réalisateur a bien des idées, et même un certain talent, son film demeure un bel écrin, qui lorsqu’on l’ouvre, est totalement vide. Il n’y a rien, cette histoire est aberrante et n’apporte aucune réponse. On se retrouve donc largué, plus largué encore que les personnages qui sont pris au piège de ce gamin, qui un jour, comme ça, décide de jeter ses parents et les spectateurs (par la même occasion) au fond d’un trou, pour son bon plaisir. Bref, c’est une belle déception ce film.

Note : 06/20

Par Cinéted

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