De : Yolande Moreau
Avec Yolande Moreau, Sergi Lopez, Grégory Gadebois, Estéban
Année : 2023
Pays : France, Belgique
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
Amoureuse de peinture et de poésie, Mireille s’accommode de son travail de serveuse à la cafétéria des Beaux-Arts de Charleville tout en vivant de petits larcins et de trafic de cartouches de cigarettes. N’ayant pas les moyens d’entretenir la grande maison familiale des bords de Meuse dont elle hérite, Mireille décide de prendre trois locataires. Trois hommes qui vont bouleverser sa routine et la préparer, sans le savoir, au retour du quatrième : son grand amour de jeunesse, le poète.
Avis :
Yolande Moreau est une comédienne belge qu’on connaît depuis une trentaine d’années. Au départ, Yolande Moreau est un membre des Deschiens, une troupe de comédiens qui ont fait rire la France au début des années 90. Puis petit à petit, Yolande Moreau va enchaîner les rôles chez Chatilliez, Jeunet, Berri, Rappeneau, ou encore les Inconnus, qui lui confient des rôles plus ou moins importants. Elle est détentrice de trois César, dont deux fois celui de la meilleure actrice, ce qui fait d’elle la seule comédienne belge à avoir été autant récompensée. En 2004, elle s’essaie à la réalisation avec succès, puisque son premier long, « Quand la mer monte« , va remporter le César du meilleur premier film.
Près de vingt ans après ce premier film, voici que Yolande Moreau présente « La fiancée du poète« , qui est son troisième film. Pour ce nouveau métrage, Yolande Moreau se lance dans une fantaisie qui a son petit charme. Peuplé de personnages hauts en couleurs, « La fiancée du poète » est un film qui fait penser à un accordéon, oscillant entre des fulgurances de cinéma qu’on ne voudrait pas voir s’arrêter, puis d’un coup, le film retombe, s’écoutant parler parfois, ce qui le pousserait à en devenir presque ennuyant. Sur l’ensemble, malgré tout, cette « … fiancée du poète » arrive à séduire, et finalement, on passera un bon petit moment, face à un film profondément honnête, qui nous entraîne dans son univers.
« Yolande Moreau est vraiment à part. »
Mireille revient vivre dans la maison de son enfance. Serveuse à la cafétéria des beaux-arts de Charleville-Mézières, Mireille vit aussi de petits trafics, avec notamment la vente de cartouches de cigarettes. La maison familiale est un gouffre à pognon, comme elle le dit elle-même, et pour arriver à la restaurer, elle va alors louer au noir ses chambres. C’est là qu’elle va rencontrer Picasso, Elvis et Bernard, trois hommes pour le moins hauts en couleurs.
La première chose qu’on peut dire du cinéma de Yolande Moreau, c’est qu’il a son univers et qu’il ressemble à son actrice/réalisatrice. Yolande Moreau a un imaginaire, elle est pleine de fantaisie, de tendresse et d’humour et même si parfois, ses films ne sont pas aussi touchants qu’on le voudrait, il y a toujours quelque chose, un charme certain, une vérité, qui fait qu’on se laisse embarquer avec cette galerie de personnages, et l’on apprécie le voyage dans le monde de Yolande Moreau, et cette « … fiancée du poète » n’échappe pas à cette règle.
Pour ce troisième film, Yolande Moreau a imaginé une bande de personnages qui va se rencontrer par le fruit du hasard. Joliment écrit, même si le film tient ce moment où tout se relâche, au point que l’on s’ennuierait presque l’espace de quelques minutes, « La fiancée du poète » arrive toujours à rebondir, et finalement, sa réalisatrice arrive sans mal à nous conquérir. Mieux encore, entre deux petits ventres mous, le film s’apprête toujours à grimper la pente, pour nous emmener vers des fulgurances aussi magiques qu’elles sont pleines de tout ce que l’on a envie de voir au cinéma. Drôles et tendres, profondes, amusantes, décalées, riches, nuancées, saltimbanques, et au bout du compte importantes, pour le reste de l’histoire, ces séquences sont de petites merveilles qui nous rappellent que Yolande Moreau est vraiment à part.
« Ce qui fait aussi la jolie réussite de cette « … fiancée du poète« , c’est bien sûr ces personnages barrés. »
Ce qui fait aussi la jolie réussite de cette « … fiancée du poète« , c’est bien sûr ces personnages barrés et les comédiens qui les tiennent. En premier lieu, on ne peut passer à côté du capitaine de ce navire, Yolande Moreau elle-même, qui tient un joli rôle dans la peau de cette femme aussi fantaisiste qu’elle est blessée, son passé ayant une grande influence sur son présent. Avec elle, le film nous présente un curé étrange tenu par William Sheller. Puis il y a un jeune artiste peintre, quelque peu effacé et en même temps très présent, tenu par Thomas Guy. Puis il y a un jardinier drôlement tenu par Grégory Gadebois, un chanteur de country américain, mais pas que, incarné par Estéban, ou encore le grand amour de la vie de Mireille, un poète, mais pas que là encore, tenu par Sergi López.
Ensemble, cette troupe arrive sans mal à nous faire passer au-dessus des moments où le film s’enlise, où le film s’écoute quelque peu parler en dissertant sur l’art ou la vie, car finalement, plus le film avance, plus il nous dévoile la folie de ces personnages, et plus l’on se plait à leurs côtés, à les suivre, pour le meilleur et pour le pire.
Ainsi donc cette « … fiancée du poète » se pose comme un joli film, qui entre défauts et qualités, sait charmer son audience, car c’est un film qui respire la folie douce de sa réalisatrice, et au-delà de ça, sa galerie de personnages, tous plus drôles et sympathiques les uns que les autres, fait que finalement, cette histoire ne cesse de nous donner envie de les suivre.
Note : 12,5/20
Par Cinéted