D’Après une Idée de : Steve Thompson
Avec Matthew Beard, Jürgen Maurer, Luise Von Finckh, Lucy Griffiths
Pays : Angleterre
Nombre d’Episodes : 3
Genre : Policier
Résumé :
Vienne, 1907. Le docteur Max Liebermann, jeune psychanalyste, a ouvert un cabinet en ville, mais les préjugés contre cette nouvelle branche de la médecine restent tenaces. Son ami, l’inspecteur Oskar Rheinhardt, n’hésite pourtant pas à faire de nouveau appel à lui pour plonger dans la psychologie des meurtriers et de leurs victimes afin de résoudre des crimes particulièrement mystérieux.
Avis :
Adaptation de la saga littéraire de Frank Tallis, Les Carnets de Max Liebermann s’est avancée comme une incursion notable dans le polar historique. En l’espace de trois épisodes, la première saison parvenait à concilier des personnages intéressants et atypiques, ainsi qu’un cadre et un contexte particulièrement soignés. Au-delà de cette faculté d’immersion à emporter le spectateur dans le Vienne des années 1900, on pouvait également apprécier des affaires maîtrisées aux rebondissements bienvenus, à défaut d’être imprévisibles. Aussi, cette seconde saison semble s’inscrire dans sa continuité, tant d’un point de vue qualitatif que narratif.
À l’image de la première incursion, on retrouve une structure en trois épisodes, soit trois enquêtes qui marquent une collaboration plus ou moins fortuite entre les deux protagonistes. Dans les faits, la formule reste la même. Cela tient tout d’abord à une progression méticuleuse où les investigations vont de connivence avec des réflexions qui portent à déduction. Là encore, on observe une approche moderne, sinon anticonformiste, pour appréhender les différentes affaires. Parfois au détriment d’une recherche « classique », la psychanalyse tend à s’imposer au fil des interrogatoires et de l’examen des scènes de crime.
Le fait de se pencher sur la psyché des victimes, comme celle des coupables, renvoie aux prémices du profilage. Certes, les allusions restent mesurées. Il n’en demeure pas moins qu’on entrevoit des pistes à même d’orienter le parcours des enquêteurs d’une manière plus théorique qu’auparavant. En contrepartie, on délaisse quelque peu les méthodes académiques de l’inspecteur Reinhardt qui paraît de plus en plus dépendant aux compétences de son homologue. Ce qui n’enlève rien aux qualités du personnage, soit dit en passant. De même, les balbutiements de la police scientifique sont moins prépondérants, eu égard aux analyses de substances pour distinguer la trace d’éventuels poisons.
En ce qui concerne les enquêtes, on se base sur un schéma narratif familier. À savoir, des circonstances fortuites pour amener à une collaboration interdisciplinaire. Puis les faits permettent d’appréhender les affaires sous un angle précis avant qu’un ou plusieurs éléments perturbateurs ne viennent ébranler les certitudes. Côté ambiance, on retrouve une reconstitution historique méticuleuse toujours aussi réussie. Cela tient autant aux environnements intérieurs ou extérieurs qu’au contexte social. Au-delà d’une évocation de l’aristocratie viennoise, on distingue la montée latente de l’antisémitisme, notamment avec l’épisode Les Pièges du crépuscule.
Sans pour autant dénaturer le charme de la série ou de l’univers de Frank Tallis, cette évolution lui offre à minima une nouvelle dynamique. Quitte parfois à occulter les séquences qui tiennent de la vie privée des intervenants. Hormis l’entourage de Max Liebermann, il n’y a plus aucune incursion pour les seconds rôles, comme pour son partenaire. De ce côté, l’ensemble manque de profondeur pour poursuivre le travail de caractérisation. On peut aussi regretter certaines tournures faciles et éculées. Mention spéciale au dénouement du dernier épisode qui confère au cliché et n’induit aucun suspense quant à la suite des évènements.
Au final, la deuxième saison des Carnets de Max Liebermann s’avère plaisante. On apprécie la diversité et la méticulosité des affaires, ainsi qu’une période intéressante à explorer. La société de l’époque se retrouve à la confluence des avancées morales et scientifiques, quitte à exacerber les tensions communautaires. Le duo d’enquêteurs est toujours aussi efficace dans leur complémentarité, et ce, en dépit d’une prédominance des efforts psychanalytiques pour faire progresser les investigations. On déplore toutefois une caractérisation ronflante et des interactions timorées où les protagonistes ne réussissent pas forcément à s’extirper de leurs aprioris ou de leurs carcans sociaux. Une série policière historique qui reste néanmoins appréciable pour peu que l’on fasse l’impasse sur certaines maladresses scénaristiques.
Note : 14/20
Par Dante