Mystère à Venise – Le Meilleur des Trois

Titre Original : A Haunting in Venice

De : Kenneth Branagh

Avec Kenneth Branagh, Tina Fey, Camille Cottin, Kelly Reilly

Année : 2023

Pays : Angleterre, Etats-Unis

Genre : Policier

Résumé :

Venise, veille de la Toussaint, quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est là que vit désormais le célèbre détective Hercule Poirot, aujourd’hui retraité. Après avoir consacré sa vie à élucider des crimes et avoir été témoin de ce qu’il y a de pire chez l’être humain, il a renoncé à sa vocation d’enquêteur. Et s’il fait tout pour éviter d’être confronté à des affaires criminelles, ce sont souvent elles qui le rattrapent…

Poirot reçoit chez lui une vieille amie, Ariadne Oliver, plus grande écrivaine de romans policiers au monde, qui lui assure que le motif de sa visite n’a aucun rapport avec un crime : elle souhaiterait qu’il l’accompagne à une séance de spiritisme et lui permette de prouver qu’il s’agit d’une imposture. Intrigué, Poirot accepte à contrecœur d’y assister et se retrouve alors dans un palais décrépi et soi-disant hanté, appartenant à la célèbre cantatrice Rowena Drake. Lorsque l’un des participants est sauvagement assassiné, toutes les personnes présentes deviennent de potentiels suspects. Le détective belge se retrouve une nouvelle fois plongé dans un monde sinistre d’ombres et de secrets…

Avis :

Agatha Christie est l’une des auteures les plus célèbres du monde. En cinquante ans, l’auteure a été on ne peut plus prolifique avec plus d’une soixantaine de romans, et ça, c’est sans compter les nouvelles et les pièces de théâtre. Avec une telle œuvre, Agatha Christie a fasciné les réalisateurs et réalisatrices de son vivant, et alors que cela fait va bientôt faire cinquante ans qu’elle est décédée, la passion que le cinéma peut avoir pour la romancière ne faiblit absolument pas.

Après « Le crime de l’Orient Express » et « Mort sur le Nil« , voici qu’arrive un troisième film pour Kenneth Branagh, et avec ce nouvel opus, le cinéaste britannique livre là le meilleur film de sa trilogie. Une enquête qui amène Hercule Poirot à la frontière du fantastique. Si « Mort sur le Nil » était décevant, cette nouvelle enquête, qui se déroule une dizaine d’années après, se fait bien plus intéressante et surtout visuellement parlant, on n’avait pas vu Kenneth Branagh autant investi depuis un sacré paquet d’années et de films. Moins « grandiose » que « Mort sur le Nil« , « Mystère à Venise » ressert ses angles, et s’aventure presque dans le film d’horreur, avec son histoire de fantômes dans un vieux manoir délabré, et si l’histoire peut être facile, cela n’empêchera pas l’ensemble d’être efficace.

«  »Mystère à Venise » est assez classique, ou du moins assez prévisible. »

Venise, la veille d’Halloween. Cela fait plusieurs années que Hercule Poirot a perdu l’envie et le goût des enquêtes. Aujourd’hui, il vit comme reclus au cœur de la Reine Adriatique. Ne laissant entrer personne, Poirot reçoit la visite d’une amie qui vient lui demander ses lumières, car elle n’arrive pas à comprendre les trucs et astuces d’une médium. Hercule Poirot se laisse convaincre d’assister à une séance le soir même, et cette séance, où la médium devait entrer en communication avec la fille défunte d’une propriétaire de manoir, va tourner au cauchemar, lorsque la médium, Mrs Reynolds, est tuée. Et pire encore, le lieu qui est hanté commence à inquiéter le détective…

Pour sa troisième enquête, Kenneth Branagh a eu l’envie d’un film de fantômes, et ça tombe très bien puisque dans l’œuvre d’Agatha Christie, il y avait une histoire qui avait quelque chose comme cela. Puis derrière ça, ça tombe très bien pour nous aussi, car cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu le cinéaste anglais aussi inspiré.

Alors c’est vrai que du côté de l’intrigue, « Mystère à Venise » est assez classique, ou du moins assez prévisible. Assez vite, un coupable se dessine et les motivations de ce dernier apparaissent comme logique au sein de cette intrigue. Mais heureusement, le film ne réserve pas que ça comme surprise, ayant presque deux histoires en une seule. Ainsi, Hercule Poirot va voir sa tâche plus complexe encore, et comme toujours, tout le monde va être suspect. L’enquête en elle-même reste, elle aussi, tout ce qu’il y a de plus classique, avec les traditionnels interrogatoires pour rassembler les faits, et petit à petit reconstruire le puzzle de ce que l’on a pu voir en début de film.

« On n’avait pas vu un Kenneth Branagh aussi investi pour créer une ambiance. »

Mais là où cet opus change un peu la donne, c’est qu’il y a une dimension fantastique, voire horrifique qui se dégage de l’ensemble, la vieille bâtisse étant soi-disant hantée. Ainsi, avec cet élément en plus, et la paranoïa qui s’empare des personnages, ainsi que notre envie de spectateur de voir le détective confronté à des fantômes et l’envie de casser cette mécanique pour soulever la vérité, fait que ce « Mystère à Venise » nous accroche plus que les précédents films.

À cela vient aussi la réalisation de Kenneth Branagh, qui s’aventure dans un film d’horreur avec pas mal d’éléments qui ne cesse de pousser le film dans ce sens. Comme je le disais plus haut, cela faisait des années qu’on n’avait pas vu un Kenneth Branagh aussi investi pour créer une ambiance, pour créer un style, une identité à son film. Usant de beaucoup de plans en plongée ou contre-plongée, usant de moments où il fait monter sa tension, usant de visions fantomatiques qui s’imposent de plus en plus, ce « Mystère à Venise« , au sein de cette trilogie, est diablement différent et ça fait du bien. Pour être cliché, on pourrait même dire qu’il se pose comme une bouffée d’air frais pour une immersion qui est totale. Et ce qui est encore mieux, c’est le fait que même si Poirot arrive à résoudre son enquête avec des réponses qui parfois sont tirées par les cheveux, il réside un petit doute qu’on a envie de nourrir, et ça, c’est vraiment bien.

Ainsi donc, avec « Mystère à Venise« , Kenneth Branagh fait bien plus que se rattraper, livrant ici le meilleur film de sa trilogie. Un film qui a ses faiblesses, il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour découvrir son assassin, mais heureusement, le film offre bien plus pour pallier à cela. Puis franchement, voir le grand Hercule Poirot douter et commencer à croire aux fantômes perdus dans cette grande demeure délabrée, c’est assez réjouissant. Alors qu’après « Mort sur Nil« , on n’était pas vraiment confiant pour une nouvelle enquête, après celle-ci, on n’est vraiment pas contre.

Note : 14/20

Par Cinéted