avril 29, 2024

Black Phone – Le Téléphone Meurt

Titre Original : The Black Phone

De : Scott Derrickson

Avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke, Miguel Cazarez Mora

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Thriller

Résumé :

Finney Shaw, un adolescent de 13 ans, timide mais intelligent, est enlevé par un tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où s’époumoner n’est pas d’une grande utilité. Quand un téléphone accroché au mur, pourtant hors d’usage, se met à sonner, Finney va découvrir qu’il est en contact avec les voix des précédentes victimes de son ravisseur. Ils sont aussi morts que bien résolus à ce que leur triste sort ne devienne pas celui de Finney.

Avis :

Scott Derrickson et l’horreur, c’est une grande histoire d’amour qui commence dès ses débuts derrière la caméra. C’est à lui que l’on doit le cinquième de la franchise Hellraiser, et on ne peut pas dire que cela fut une franche réussite. Heureusement, par la suite, il va redorer son blason avec L’Exorcisme d’Emily Rose qui sera une vraie surprise, avec en prime un aspect dramatique plutôt bien vu. Mais l’homme semble assez inconstant dans la qualité, puisque derrière, il nous assène le remake du film Le Jour où la Terre s’Arrêta, et c’est peut-être son pire film à ce jour. Difficile de rebondir après un tel échec, et pourtant, il va signer l’un des films d’horreur les plus mémorables de la décennie 2010 avec Sinister. A partir de là, Scott Derrickson poursuit avec le moyen Délivre-Nous du Mal, puis se fait recruter par Marvel pour faire Doctor Strange.

En cela, il n’y a rien de bien étonnant, puisqu’il s’agit du héros Marvel qui se prête le plus à des fulgurances horrifiques dans le monde de la magie. C’est peut-être pour cela qu’en 2022, il décide de refaire un film d’horreur avec un budget plus décent, et de faire appel à Ethan Hawke pour jouer le bad guy de l’histoire. Piochant dans la nouvelle de Joe Hill (le fils de Stephen King) du même nom, et cherchant aussi à exorciser les peurs de son enfance, Scott Derrickson va proposer Black Phone, l’histoire d’un garçon qui va se faire kidnapper par un serial killer masqué, mais qui trouve des ressources pour s’en sortir via un téléphone noir qui lui permet de communiquer avec les précédentes victimes du tueur. Original, simple dans son déroulement mais ne lambinant jamais sur des choses inutiles, Black Phone se révèle plaisant à plus d’un titre.

« Black Phone pose une ambiance pesante. »

Le début est assez agréable à suivre, car il prend le temps de présenter ses personnages et de poser un contexte historique et social. On va être aux côtés de Finney, un jeune garçon assez intelligent, mais qui va être la cible de choix de petits harceleurs. Vivant dans un lieu violent avec un père alcoolique, Scott Derrickson dresse un tableau peu idyllique, au milieu duquel végète un kidnappeur d’enfants. Cependant, à l’aide d’un montage savamment découpé et d’une mise en scène rétro qui fait appel à des éléments qui rappellent Sinister, Black Phone pose une ambiance pesante, où le seul rayon de lumière provient de la relation frère/sœur, qui est très attachante. Sans en faire des tonnes, le film propose deux gamins simples, que l’on a envie de suivre, et voir survivre. Le tout dans un contexte réaliste qui ne fait jamais appel à la nostalgie.

De plus, cela rend les attaques du kidnappeur d’autant plus brutales. Elles sont peu nombreuses, mais elles s’ancrent aussi dans un réalisme frontal, avec les gaucheries que peut avoir un humain, et une pointe de chance pour ne pas se faire choper. Ce cadre va alors rentrer en contraste avec un élément fantastique plutôt malin, celui d’un téléphone qui permet de communiquer avec les précédentes victimes du tueur. Remontant alors les meurtres et distillant des indices à Finney pour sortir de cette cave sordide, le réalisateur offre un fantastique discret mais bien foutu, bien s’incorpore parfaitement dans le cadre réaliste du film. Un cadre qui trouve tout de même des éléments angoissants, à l’image des masques du tueur, qui change en fonction de son humeur. Cela ajoute quelque chose de malaisant, conférant alors au tueur des allures de boogeyman spectral.

« La seule chose que l’on peut reprocher au film est peut-être l’absence de personnages secondaires forts. »

Un boogeyman qui doit beaucoup à son acteur, Ethan Hawke, qui a déjà bossé avec Scott Derrickson via Sinister (et c’est peut-être pour cela que l’on tisse des liens entre les deux films). Le comédien est bluffant dans ce rôle, jouant beaucoup avec sa voix, mais aussi son physique, se rendant hyper massif et imposant. Pour lui rendre la pareille, Mason Thames, dont c’est le premier grand rôle, est captivant dans le rôle se ce gamin qui va se révéler et sortir de sa timidité. Mais il ne fait pas vraiment le poids face à sa sœur jouée par Madeleine McGraw, qui est vraiment touchante grâce à son amour inconsidéré pour son frère (une bouée de sauvetage dans ce monde de violence), mais aussi par son don qui va avoir une importance capitale. La seule chose que l’on peut reprocher au film est peut-être l’absence de personnages secondaires forts.

Et puis il y a une chose que Scott Derrickson a très bien compris via ce film, c’est que même s’il doit être un divertissement, et fournir une intrigue qui allie l’action à la peur, il y a aussi des thèmes intelligents qui sont abordés. Black Phone est une épreuve qui va faire grandir Finney. Lui timide et battu, va devoir faire preuve de force et de courage pour s’en sortir. En gros, il va devoir abandonner son côté lâche et peureux pour survivre. On peut y voir une sorte de passage à l’âge adulte. Et puis il y aussi une façon d’exorciser ses démons. Le contexte montre un quartier violent, et de ce fait, le réalisateur couche des éléments de sa jeunesse pour faire sortir ses démons de ses souvenirs. C’est sans doute pour cela que le film fait aussi crédible dans son constat social.

Au final, Black Phone est une bonne petite surprise. Certes, le film ne chamboulera pas forcément le monde du cinéma, et plus précisément le monde du cinéma d’horreur, mais il fait partie de ces films agréables, malins, qui font bien leur taf tout en laissant des images précises dans la tête. Une preuve que le cinéma horrifique, en dehors des franchises qui commencent à sentir la rance, est assez vivant et peut surprendre à plus d’un titre. Bref, un bon petit film, que l’on ne peut que conseiller.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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