avril 25, 2024

Killing Point

Titre Original : Kill Switch

De : Jeff King

Avec Steven Seagal, Holly Elissa, Chris Thomas King, Michael Filipowich

Année : 2008

Pays : Etats-Unis

Genre : Action, Thriller

Résumé :

Détective célèbre et craint, Jacob King est une légende. Justicier sans pitié, il ne recule devant rien. Mais, durant sa dernière enquête, il croise la route de deux tueurs bien plus violents que lui qui terrorisent la ville. A travers Memphis et une course folle pour les arrêter, Jacob King va se plonger dans un monde de perversions où règne le danger.

Avis :

Même lorsqu’on appréhende une filmographie aussi médiocre que celle de Steven Seagal, on distingue toujours des fluctuations dans la « qualité » desdites productions. En règle générale, nombre d’entre elles sortent du lot par leur nullité abyssale, voire leur connotation nanardesque. Preuve en est avec des itérations autant sombres qu’improbables telles que Piège en eaux profondes, Attack Force ou Vol d’enfer. Au sortir d’incursions modestes, mais moins innommables que les exemples précités, Steven Seagal renoue vite avec ses velléités de s’enliser dans de pitoyables projets. En l’occurrence, Killing Point n’est pas un film d’action, mais un thriller psychologique qui ne peut même pas prétendre au statut d’ersatz de Seven

Sous la plume de Steven Seagal lui-même, le scénario ne s’embarrasse guère d’originalité ni de subtilité quand il s’agit de s’immiscer dans le quotidien d’un tueur en série. Sans préambule, on ressasse les clichés et autres caricatures de circonstances ; le tout soutenu par l’imposante présence de la tête d’affiche qui ne connaît strictement rien en matière d’investigations. De temps à autre, on le voit gribouiller des notes sur un code qui plagie le modus operandi du tueur du Zodiaque. À l’aspect cryptographique, on ajoute une dose d’occultisme et de paroles de chanson indigestes. Des explications, un mobile ? Qu’importe ! Notre inspecteur est là pour faire le ménage, pas pour tergiverser sur la psyché dérangée de l’antagoniste.

« Les situations, improbables au demeurant, se suivent et se complaisent dans une progression inepte. »

Car c’est l’un des innombrables problèmes qui minent le présent métrage : s’arroger des poncifs dont il est incapable d’en saisir la signification ou l’intérêt. Il n’y a qu’à constater le charisme d’huître du tueur en série, se promenant nu avec pour seul effet un porte-jarretelles. Au lieu d’insuffler une tonalité glauque, comme pour Le Silence des agneaux, on se confronte à une séquence ridicule au possible. Cela vaut également pour ce meurtre d’une prostituée, massacrée à coup de poupée geignarde. Félicitons au passage le fabricant pour la solidité du jouet. Toujours est-il que les situations, improbables au demeurant, se suivent et se complaisent dans une progression inepte.

On passera outre sur une caractérisation absente ou ces personnages impavides qui s’amusent à tourner en dérision des affaires criminelles tout droit sorties de leur imagination. Imposer une séquence de cinq minutes sur l’expression « il a mangé un clown » avec un tueur en série cannibale, il fallait oser. De même, les flashbacks récurrents n’apportent strictement rien à l’intrigue ou à la personnalité de Jacob. Non seulement les filtres de couleur sont ignobles, mais chaque retour en arrière se répète inlassablement, dévoilant avec parcimonie un élément supplémentaire. Mais tout cela n’est rien en comparaison de la mise en scène et de ce montage épileptique.

« Rarement, on a pu contempler des affrontements aussi indigestes, mal présentés. »

Rarement, on a pu contempler des affrontements aussi indigestes, mal présentés. C’est bien simple, chaque confrontation donne lieu à un changement de cadrage, une coupe frénétique des plans pour mieux saboter ces échanges de claques et de moulinets de bras. Malgré la prévisibilité des combats, on n’y comprend rien. Comme si cela n’était pas suffisant, on fait se prolonger ces passages, quitte à oublier tout semblant de réalisme. On songe notamment à cet interrogatoire « musclé » dans un bar où l’on casse tout, y compris l’ensemble des os des ennemis. Ce qui ne les empêche pas de se relever. On peut aussi évoquer ces répétitions outrancières d’un même plan tel que la défenestration dans l’entame.

Au final, Killing Point est un thriller d’une rare bêtise. Le film de Jeff King résume à lui seul tout ce qu’il ne faut pas commettre dans le genre et, plus globalement, dans le cinéma. Affublé d’une histoire percluse d’invraisemblances et de clichés, il multiplie les tares à un rythme effarant. L’inspecteur en charge de l’enquête n’a pour unique compétence que délivrer des raclées aux suspects et témoins. On remarque plusieurs incursions qui sombrent dans le grotesque, notamment avec ce tueur en série ridicule. Quant au montage vomitif, il n’est même pas capable de dissimuler les faiblesses physiques de l’acteur principal à travers des changements d’angles constants et une caméra remuante. Un DTV déplorable à tout point de vue.

Note : 03/20

Par Dante

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