avril 20, 2024

Fractal Universe – The Impassable Horizon

Avis :

Il existe, en France, des groupes qui arrivent à sortir des frontières et à se faire remarquer dans le monde du métal. Si l’exemple de Gojira serait trop facile, on va piocher dans le Technical Death Metal à tendance Prog avec Fractal Universe. Fondé fin 2013 à Nancy, le groupe se constitue tout d’abord d’un trio avec une batterie préenregistrée pour sortir un premier EP, puis il deviendra un quatuor afin de sortir un premier album en 2017, Engram of Decline. Très rapidement, le groupe impressionne par ses compos complexes et riches, et une volonté de bousculer les codes. Ils signent alors chez Metal Blade Records pour aller à l’international et sortir deux nouveaux albums, dont The Impassable Horizon qui a vu le jour en 2021. Un troisième album qui pourrait presque s’entendre comme celui de la maturité tant tout là-dedans corrobore à faire des nancéens, un grand groupe.

Bien évidemment, Fractal Universe ne sera pas forcément pour toutes les oreilles, d’une part parce que leur son est très complexe, avec de longues compositions et différentes strates d’écoute, mais aussi parce que ça part parfois loin dans la violence. Il suffit de se taper l’introduction de Autopoiesis pour s’en rendre compte. On n’est pas là pour rigoler, ça blaste fort à la batterie, et même si on a une alternance growl/chant clair, ça bouscule bien les tympans. D’autant plus que les riffs sont ultra rapides, avec un claquement assez sec. Et histoire de bien montrer qu’ils ne sont pas des guignols, on aura aussi droit à un joli solo. Bref, une entrée en matière puissante et qui a le mérite d’ouvrir sur tout ce que le groupe peut fournir comme style, en moins de quatre minutes. Ce qui sera rare dans cet album.

D’ailleurs, A Clockwork Expectation va dépasser les cinq minutes et fournir une structure plus complexe à appréhender. Il faudra plusieurs écoutes pour bien saisir toutes les subtilités du titre, qui se jouera même des codes du Death Metal avec un break au saxophone. Un instrument que l’on pourrait trouver incongru dans ce style et qui pourtant s’incorpore parfaitement aux mélodies. Le groupe joue beaucoup de cette nuance et l’utilise sur d’autres morceaux avec tout autant d’intelligence. C’est-à-dire que cela ne devient pas un gimmick d’identité, mais bel et bien un apport supplémentaire à la mélodie. Pour preuve, il faudra attendre plusieurs titres pour réentendre du saxo, car on ne le trouve pas dans le très nerveux Interfering Spherical Scenes ou encore sur Symmetrical Masquerade qui débute un peu comme un Gojira, notamment dans la sonorité du riff de départ.

Deux morceaux qui sont assez difficiles à appréhender et auxquels il manque, peut-être, une structure un peu plus lisible pour vraiment nous emporter. On est bluffé par la technique et la construction, mais les titres ont du mal à rester dans nos têtes. Alors que Falls of the Earth sera plus long mais avec un schéma plus facilement lisible. Titre surpuissant et baignant dans un Death plus compréhensible, il restera plus en tête que les titres précédents. En fait, le seul défaut de cet album, c’est finalement de trop jouer avec la technique, et de parfois oublier quelques éléments plus limpides pour mieux marquer l’auditeur. Et Withering Snowdrops arrivera à conjuguer les deux faces du groupe, avec un aspect complexe, mais une énergie qui permet une lisibilité parfaite de l’ensemble. Et ce sera le dernier morceau court avant un déluge de grosses mandales pour la fin.

Black Sails of Melancholia sera le deuxième titre avec du saxophone, qui arrive dès l’introduction pour offrir une atmosphère presque jazzy, mais relativement sombre et désespéré. Le groupe maîtrise son art à la perfection et délivre un titre marquant et prenant. A Cosmological Arch va renouer avec des fondamentaux Prog pour mieux nous en mettre plein la tronche dans une virtuosité qui frôle l’insolence, alors que Epitaph vise plus vers un Technical Death bien virulent. Enfin, pour conclure la partie classique de l’album, on a droit à Godless Machinists et ses huit minutes. Epique, dantesque et foutrement viscéral, Fractal Universe vient pondre un petit chef-d’œuvre pour conclure son troisième effort. Effort qui continue un peu avec un morceau acoustique et un autre en version radio, ce qui permet d’enrichir un peu plus un univers dense et riche.

Au final, The Impassable Horizon, le troisième et dernier album en date de Fractal Universe, est un effort qui frappe fort et qui démontre tout le talent des français. Puissant, complexe, dense et bourré de subtilités dans sa violence, on peut dire que les nancéens ont mis la barre très haute, même dans le monde du Prog et du Death. Et si on a parfois du mal à tout retenir à cause de sa richesse, il n’empêche qu’autant de talent ne devait pas rester dans nos frontières, et mérite clairement une explosion dans le monde entier.

  • Autopoiesis
  • A Clockwork Expectation
  • Interfering Spherical Secenes
  • Symmetrical Masquerade
  • Falls of the Earth
  • Withering Snowdrops
  • Black Sails of Melancholia
  • A Cosmological Arch
  • Epitaph
  • Godless Machinists
  • Flashes of Potentialities (acoustic)
  • A Clockwork Expectation (radio edit)

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.