De : David Gordon Green
Avec Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak, Will Patton
Année : 2021
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Laurie Strode, sa fille Karen et sa petite fille Allyson viennent d’abandonner le monstre au célèbre masque, enfermé dans le sous-sol de la maison dévorée par les flammes. Grièvement blessée, Laurie est transportée en urgence à l’Hôpital, avec la certitude qu’elle vient enfin de se débarrasser de celui qui la harcèle depuis toujours. Mais Michael Myers parvient à s’extirper du piège où Laurie l’avait enfermé et son bain de sang rituel recommence. Surmontant sa douleur pour se préparer à l’affronter encore une fois, elle va inspirer la ville entière qui décide de l’imiter et de se soulever pour exterminer ce fléau indestructible. Les trois générations de femmes vont s’associer à une poignée de survivants du premier massacre, et prennent les choses en main en formant une milice organisée autour de la chasse et la destruction du monstre une fois pour toutes. Le mal meurt cette nuit.
Avis :
Michael Myers est une véritable figure de proue du cinéma horrifique. Incarnation physique du mal, il est créé en 1978 par John Carpenter, et le film va rapidement devenir une franchise, avec une qualité allant déclinante. En 2018, une nouvelle suite voit le jour, et va rapporter pas moins de 255 millions de dollars de recette dans le monde, ce qui fait que deux suites sont rapidement mises en branle pour surfer sur le succès. David Gordon Green est toujours aux commandes, et il va continuer son exploration du monstre humain en plongeant dans une suite directe. Car oui, Halloween Kills reprend là où s’était arrêté son précédent volet, et on va retrouver un Michael Myers plus énervé que jamais. Mais on le sait, mettre des meurtres et du gore sans peaufiner son fond, ça ne sert à rien.
Peut-être que certains ne s’en souviennent pas, mais nous avions laissé Laurie Strode, sa fille et sa petite-fille en vie, avec une maison en feu et un Michael Myers piégé dedans. Un moyen assez malin pour terminer le long-métrage si jamais celui-ci faisait un flop et que des suites n’étaient pas mises en chantier. Sauf que le public a répondu présent, et il a fallu trouver une pirouette pour rendre vie au tueur. Des pompiers arrivent donc sur place, tentent de maîtriser le feu et libère un Michael bien énervé, qui va tout faire pour retrouver Laurie et sa petite famille afin de se venger bien comme il faut. Mais pour arriver jusqu’à l’hôpital où se trouve tout ce petit monde, il va falloir faire table rase d’une ville en proie à la panique, et qui ne veut qu’une chose, attraper Michael Myers et le lyncher.
« La volonté de David Gordon Green est de redonner ses lettres de noblesse à ce tueur. »
Le postulat de base pourrait presque être intéressant si nous n’avions pas l’impression d’assister à un épisode intermédiaire entre un début et une fin. C’est-à-dire qu’ici, le film ne décolle jamais de son départ et peine à trouver ses marques. En gros, Laurie sera démystifiée, se retrouvant blessée à l’hôpital et ne pouvant rien faire face à la tuerie qui se déroule dans sa ville. D’un autre côté, on trouve un Michael Myers indestructible, mais surtout acharné, qui va buter à tours de bras n’importe qui, avec la manière. Ici, la volonté de David Gordon Green est de redonner ses lettres de noblesse à ce tueur. Il est massif, implacable et ultra-violent, ne laissant aucune chance à ses victimes. C’est plutôt bien vu, d’autant plus que le côté mutique du type renforce un sentiment de malaise. Même la mise en scène l’iconise plus que jamais.
Mais il y a un mais. Globalement, le film ne raconte rien et scande à tout bout de champ ses intentions réflexives. Le mal qui ronge Myers va contaminer toute la ville qui va devenir hystérique. Petit à petit, la révolte prend des ais de pugilat, et n’importe qui peut être pris pour le tueur. Ainsi, la folie et l’hystérie collective prennent place, mais cela n’est jamais remis en cause. Ou alors lorsque le mal est fait, à travers les lèvres d’un vieux flic qui se met à penser comme Socrate. En fait, on a vraiment la sensation d’être pris pour des débiles, nous, spectateurs, car tout est expliqué et sur-expliqué. Le coup de la panique de la ville, les hommes qui deviennent une meute sauvage à la recherche d’un coupable, la fille et la petite-fille qui prennent le relai de la grand-mère qui est blessée, tout est verbalisé.
« c’est con comme les blés et ça n’arrive jamais à susciter la moindre crainte, la moindre peur. »
Et le déroulé du film est assez catastrophique. Le montage est complètement aux fraises, alternant sans arrêt entre un Michael Myers qui bute des gens de façon aléatoire, et une populace qui se révolte, jusqu’à s’enfermer dans l’hôpital de la ville. Il y a de grosses coupures de rythme et la tension ne vient jamais. La faute à une mauvaise gestion du temps et des enjeux qui sont tout simplement absents. On suit cela sans passion, sans attente non plus, et l’ensemble suit des rails qui amènent vers un ennui poli. Alors oui, les meurtres sont assez graphiques, c’est relativement gore et c’est généreux en body count, mais c’est aussi con comme les blés et ça n’arrive jamais à susciter la moindre crainte, la moindre peur. Puis le pire dans tout ça, ce sont les personnages qui sont vides de sens.
Là encore, Halloween Kills essaye de faire vivre quelques protagonistes secondaires, à l’image des survivants du premier Halloween de 1978, en faisant des liens un peu hasardeux, mais rien ne fonctionne vraiment. Du flic revanchard qui commence à avoir des remords parce qu’il a évité la mort à Michael Myers au tenancier de bar qui veut mettre une grosse savate au tueur avec sa batte de baseball, on reste dans quelque chose de très linéaire et qui manque cruellement d’originalité. De plus, tout le monde est clairement débile dans ce film, la foule, qui va se faire avoir comme un bleu, à Michael Myers qui tombe dans un piège ridicule que seul un enfant de six ans peut tomber dedans. Bref, rien n’est fait pour rendre ce long-métrage intéressant, ou avec un fond un peu subtil.
Au final, Halloween Kills est un mauvais Halloween alors qu’il part sur de bonnes intentions et une envie de remettre sur le devant de la scène Michael Myers. Très graphique, parfois un peu trop, le film de David Gordon Green pêche par un montage haché, des personnages inintéressants et une sur-explication qui n’a aucun intérêt, si ce n’est de nous prendre pour des teubés. C’est dommage, on aurait pu avoir le renouveau de l’un des boogeymen les plus célèbres du septième art, et finalement, on se retrouve avec un film d’horreur lambda, sans âme, pas même celle du diable…
Note : 08/20
Par AqME
Une réflexion sur « Halloween Kills »