avril 25, 2024

L’Histoire de ma Femme – Seydoux mais c’est Long

Titre Original : A Feleségem Története

De : Ildiko Enyedi

Avec Léa Seydoux, Gijs Naber, Louis Garrel, Sergio Rubini

Année : 2022

Pays : Hongrie, Allemagne, France, Italie

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Jakob est capitaine au long cours. Un jour, il fait un pari avec un ami dans un café : il épousera la première femme qui en franchira le seuil. C’est alors qu’entre Lizzy…

Avis :

Venu de Hongrie, Ildiko Enyedi est une cinéaste qui ne fait pas forcément parler d’elle, mais elle est l’une des metteuses en scène hongroises les plus adulées à travers le monde. Ildiko Enyedi commence sa carrière en 1989 avec « Mon XXe siècle » qui remporte la Caméra d’Or à Cannes. Par la suite, elle va régulièrement proposer de nouvelles œuvres, qui vont pour beaucoup être tout autant récompensées par la profession avec comme point d’orgue, un Ours d’Or à la Berlinade en 2017 pour « Corps et Âmes« .

« L’histoire de ma femme » est d’ailleurs le film qu’elle propose après cinq ans de silence. Présenté à Cannes en 2021 en compétition officielle, « L’histoire de ma femme » est un film qu’on imagine romanesque, nous plongeant au cœur des années 20 pour y suivre les débuts d’un couple et d’amour. Très beau dans son cinéma, doté d’une reconstitution et d’un esthétisme bluffant, tenu par un acteur qui crève l’écran, « L’histoire de ma femme » est pourtant un film dont on ressort très partagé. Partagé entre sa première heure, voire sa première heure et demi, magnifique, et une suite qui enchaîne les longueurs, qui se contredit dans son histoire et finalement, qui ne raconte pas grand-chose et qui peine à nous tenir intéressé. Dommage.

Dans les années 20, Jakob est capitaine au long cours. Un jour, alors qu’il fait une escale, il rencontre un ami sur place. Au fur et à mesure de la conversation, Jakob révèle sous la forme d’un jeu (ou pas), qu’il est prêt à épouser la première femme qui rentrerait dans leur restaurant. Quelques minutes plus tard arrive Lizzy, une jeune parisienne dont Jakob tombe de suite amoureux.

« L’histoire de ma femme » est un film qui, comme je le disais plus haut, nous laisse particulièrement partagé à la sortie de la projection. Partagé, parce que même si l’ennui et d’autres éléments se sont invités, on ne peut nier l’envie de cinéma et le talent de sa réalisatrice, qui nous offre assurément un film visuellement magnifique. « L’histoire de ma femme« , derrière son histoire d’amour, est une œuvre qui offre une plongée impressionnante et riche dans les années 20. On pourrait même dire que c’est une œuvre qui est empreinte de la folie douce de ces années-là. À travers le quotidien de son couple, à travers ses fulgurances et ses déboires, « L’histoire de ma femme » nous fait voyager. Du Maghreb à Paris en passant par Hambourg, ou encore, on met les pieds et les yeux sur des cargos, ou des paquebots de croisière. La reconstitution est parfaite, et mieux encore, dans la mise en scène de Ildiko Enyedi tout, absolument tout, est mis en œuvre pour magnifier cette époque, et rendre ses décors, ses villes, et ses lieux le plus riche possible.

On ajoutera à cela que même si le film est bien trop long pour raconter cette histoire qu’on connaît déjà, toujours au sein de la mise en scène de sa cinéaste, « L’histoire de ma femme » est peuplé de fulgurances, et même dans sa deuxième et interminable partie. Ildiko Enyedi offre toujours un plan, une séquence ou une idée qui esthétiquement, ou techniquement parlant, est intéressante. Romanesque, romantisme, poésie, érotisme, et drame sont de la partie.

Du côté de son intrigue, « L’histoire de ma femme » est un film qui avait très bien commencé. La rencontre entre ces deux personnages est presque hors du temps. L’alchimie qui se crée, l’amour qui transpire, une forme de liberté et d’insouciance, fortement portée par le Paris des années folles. Bref, Ildiko Enyedi nous envoûte d’emblée et l’on se plaît à se laisser transporter. Mais malheureusement, ce charme a ses limites, et après une bonne heure de projection, « L’histoire de ma femme » commence à s’essouffler, et son récit commence à se faire long. La réalisatrice aurait parfaitement pu rattraper cela avec son histoire d’amour, or, cette dernière commence a largement accumulé les incohérences, les retournements de veste qu’on ne comprend pas vraiment, et les engueulades, pour simplement créer de la dispute.

Dès lors, le film nous prend presque en otage, et l’on reste dans l’attente qu’il aille quelque part et c’est un peu là le drame, car finalement, plus cette intrigue avance, et plus elle finit par ne plus rien raconter. C’est tellement dommage, car même si l’on connaissait déjà cette histoire, dans la première partie de son film, Ildiko Enyedi avait réussi à sortir des carcans et nous envoûter, malheureusement, trois heures pour raconter cette histoire, ce fut trop, et le scénario ne suit pas (malgré les fulgurances de mise en scène) et finalement, plus les scènes s’enchaînent, plus cette histoire s’enlise, et moins l’on est intéressé par ce qui peut arriver ou non à ces deux personnages qu’on finit par ne plus comprendre.

Un sentiment qui est d’autant plus dommage, parce que les deux personnages sont très bien campés par d’un côté Gijs Naber qui crève littéralement l’écran dans la peau de ce mari, au départ charmant et charmeur, qui se laisse peu à peu envahir par l’inquiétude, et de l’autre par une Léa Seydoux magnétique, dans un rôle assez trouble et parfois même déroutant.

C’est donc partagé entre fulgurance, beauté et ennui qu’on quitte la salle et cette « … histoire de ma femme« . Alors que tout avait été particulièrement bien placé dans sa première partie, trois heures pour raconter cette histoire-là et ces personnages, c’est trop long, et finalement, Ildiko Enyedi brasse de l’air pour essayer de nous entraîner et nous tenir jusqu’au générique et cette dernière scène qui nous laisse pantois. Bref, c’est vraiment dommage.

Note : 09/20

Par Cinéted

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