juillet 27, 2024

Moneyboys – Prostitution Masculine

De : C.B. Yi

Avec Kai Ko, Bai Yufan, Lin Zhengxi, Zeng Meihuizi

Année : 2022

Pays : Taïwan, France, Belgique, Autriche

Genre : Drame

Résumé :

Pour subvenir aux besoins de sa famille, le jeune Fei, originaire d’un petit village de Chine, se prostitue dans la grande ville.

Avis :

Yilin Chen Bo est un réalisateur chinois qui signe avec « Moneyboys » son premier film. En 1994, le réalisateur s’installe en Autriche. Voulant faire du cinéma, il va suivre les cours de Michael Haneke. Vers la fin des années 2000, Yilin Chen Bo participe à des ateliers de théâtre et commence à réaliser. En 2011, son court-métrage « Little Precious » fait le tour des festivals et en ressort primé.

Dix ans après « Little Precious« , voici que Yilin Chen Bo présente son premier film. Financé en Autriche et en France mais tourné en Chine, « Moneyboys » est une première œuvre aussi audacieuse que délicate, s’aventurant sur un sujet plus que tabou, la prostitution masculine en Chine. L’homosexualité en Chine est assez tolérée, du moins dans les grandes villes et avec l’histoire de ce jeune homme natif d’un petit village qui s’échappe dans la grande ville pour vendre son corps, le réalisateur nous entraîne dans un film sublime, qui oscille entre tradition et modernité. Si le film résonne aussi comme un peu longuet, notamment dans sa dernière demi-heure, cela ne l’empêchera pas de rester au final une très belle quête de soi, devant laquelle on passe un joli moment.

Fei est un jeune homme qui n’a pas encore trente ans. Fei est homosexuel. Fei est né et a grandi dans un petit village, perdu quelque part dans la campagne chinoise. N’ayant pas vraiment fait d’études, Fei est parti à la grande ville pour se prostituer et ainsi gagner sa vie. Or, un événement va venir bousculer la vie du jeune homme.

La prostitution masculine est un sujet tabou. Si dans d’autres pays, des cinéastes du monde entier se sont emparés du sujet et nous ont laissé de belles œuvres, il est vrai que lorsque l’on zoom sur le cinéma chinois, on n’en trouve tout simplement pas. Ainsi, avant même de parler du film en lui-même, on peut saluer le courage et l’audace de Yilin Chen Bo d’oser s’aventurer sur ce terrain, surtout avec un premier film, ce qui démontre en un sens l’envie de cinéma, et de cinéma social fort, de ce jeune réalisateur.

« Moneyboys » est donc un premier film qui s’impose d’emblée comme une jolie réussite. Alors oui, il est vrai que tout n’est pas forcément très réussi et comme beaucoup de premier film, « Moneyboys » souffre d’un trop-plein. Mais au-delà de ses défauts, « Moneyboys » c’est surtout des qualités qu’on aura envie de retenir, et des qualités qui nous auront touchées.

Écrit par Yilin Chen Bo lui-même, le scénario de « Moneyboys » est riche. Riche de thèmes, riche de personnages et riche du regard que pose le réalisateur sur son ensemble. À travers le personnage de Fei, et au-delà de la prostitution masculine moderne qui est loin des racolages des rues, une prostitution qui a ses facilités et ses difficultés, Yilin Chen Bo explore des sujets comme la famille, le regard de la famille, les traditions familiales et l’acceptation ou le mensonge envers sa famille. Une très belle mais dure scène de dîner en est une très belle preuve.

« Moneyboys« , c’est aussi un film qui oscille entre la campagne et la ville et avec elle, d’un côté une Chine traditionnelle, avec des rôles prédéfinis qui ne bougent pas et une Chine plus moderne en ville (même si elle a son lot de défauts). Puis derrière tout ça, et c’est peut-être là qu’il se fait le plus beau, « Moneyboys » est un film qui nous offre une très belle d’histoire d’amour. Une histoire d’amour contrariée, qui amènera à une réflexion sur soi-même et une quête de soi pour trouver la paix. Délicat, beau, sensible, Yilin Chen Bo nous touche et le personnage de Fei, au fur et à mesure qu’il se dévoile, nous passionne.

Pourtant, malgré tous ces beaux moments et la beauté de son scénario et de sa mise en scène, qui nous réserve beaucoup de belles scènes et d’échanges, « Moneyboys » est un film qui souffre aussi d’un problème de rythme. S’il sait rester touchant et intéressant, après un superbe départ et un développement qui nous tient, et malgré un rebondissement qu’on ne voit pas arriver, et qui accentue encore un peu plus la beauté de l’histoire, il faut aussi dire que vers sa fin, malgré tout le bien que le film peut nous procurer, « Moneyboys » a une tendance à traîner en longueur, comme s’il cherchait comment se conclure. Et quand enfin, il décide d’aller ver sa conclusion, cette dernière manque de quelque chose. Elle se fait trop brutale, même si elle reste jolie. Heureusement, malgré ce petit goût amer, sur l’ensemble, le portrait de ce jeune homme et de ses maux est si beau qu’on lui pardonne ces petits défauts, tant au final ce premier film aura su nous emporter.

D’ailleurs, si le film résonne aussi beau, c’est aussi grâce à l’interprétation toute en nuances et sans faille de Kai Ko qui tient là un personnage parfait. Un personnage plein de reliefs, d’amour, de regrets, d’espoir et de barrières et le jeune acteur le campe avec beaucoup de courage. On retiendra aussi de très beaux rôles pour Bai Yufan qui campe un ami d’enfance et pour Lin Zhengxi qui… Non, on vous réserve la surprise.

Ce premier film pour Yilin Chen Bo, malgré ses défauts et le fait qu’il tourne un peu en rond sur sa fin pour pas grand-chose, demeure un très beau premier film. Le réalisateur s’aventure sur un sujet difficile, et à travers son personnage, il parle superbement de tous ces sujets, car oui, « Moneyboys » est bien plus qu’un film sur la prostitution masculine en Chine.

Note : 14/20

Par Cinéted

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