novembre 7, 2024

Hawaii

De : Melissa Drigeard

Avec Bérénice Béjo, Elodie Bouchez, Emilie Caen, Eye Haïdara

Année : 2023

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

13 janvier 2018. 8h07. Une alerte au missile balistique sème la panique sur l’île de Hawaï. Persuadés qu’ils vont mourir, des amis venus passer leurs vacances en bande, se disent ce qu’ils n’ont jamais osé s’avouer. Quand ils réalisent qu’il s’agit d’une fausse alerte, il est trop tard pour revenir en arrière.

Avis :

Scénariste, productrice, actrice et réalisatrice, Melissa Drigeard s’est tout d’abord dirigée vers la publicité. Pendant deux ans, elle travaille comme conceptrice rédactrice, mais attirée par la comédie, du jour au lendemain, elle plaque tout pour devenir comédienne. Après des études au Cours Florent, c’est tout d’abord sur les planches qu’elle commence à se faire un nom. Ainsi, elle enchaîne les petits boulots en journée et le théâtre le soir. Puis arrive la pièce « Juste la fin du monde« , où elle est plus que repérée. Par la suite, elle monte sa compagnie de théâtre. En parallèle, elle commence à jouer devant la caméra. En 2012, elle rencontre Dominique Farrugia, qui lui confie la réalisation d’une comédie, « Jamais le premier soir« . Depuis, Melissa Drigeard oscille entre petits et grands écrans, écriture, réalisation, acting, entre cinéma et théâtre. Bref, elle est sur tous les fronts.

Après un retour au cinéma en 2021, presque dix ans après son premier film, Melissa Drigeard ne perd plus de temps et revient cette année avec une comédie inspirée d’un fait aussi fou qu’il est réel. En Janvier 2018, sur l’île d’Hawaii, quelqu’un a commis la bourde d’appuyer sur le « bouton rouge » de l’alerte aux missiles nucléaires, ce qui a semé la panique sur l’île. L’alerte et les sirènes auront retenti pendant quatre-cinq minutes, car le gouverneur ne retrouvait plus le mot de passe. C’est avec ce point de départ complétement dingue que Melissa Drigeard ouvre son film. Ainsi, des amis venus en vacances sur l’île, tenus par la panique et l’idée qu’ils vont mourir, vont se balancer tout ce qu’ils pensent.

« J’étais curieux de voir ce nouveau Melissa Drigeard et j’ai bien fait, car « Hawaii » se pose comme son meilleur film. »

Oscillant entre comédie, film de bandes de potes et drame humain, « Hawaii » était un film auquel je ne croyais pas vraiment, car j’ai encore en souvenir « Jamais le premier soir » qui fut une douleur et il m’en reste des stigmates. Mais avec ce casting venu de tout horizon, et cette histoire, j’étais curieux de voir ce nouveau Melissa Drigeard et j’ai bien fait, car « Hawaii » se pose comme son meilleur film.

13 Janvier 2018, à 8h07 du matin, les sirènes de l’île d’Hawaii se mettent à retentir. Un missile s’apprête à frapper l’île, et il faut se mettre à l’abri. Un groupe d’amis venu passer des vacances en bande se retrouve piégé sans abri. Pensant qu’ils vont mourir, malgré l’amour qu’ils se portent, les filtres tombent et les langues se délient dans un mouvement de panique générale. Ainsi, l’espace de quelques minutes, ils vont se dire l’inavouable… Puis les sirènes s’arrêtent, l’alerte était en fait une fausse alerte. Malheureusement pour eux, il est trop tard…

Imaginez qu’il ne vous reste plus que quelques minutes à vivre. Vous êtes entouré des gens que vous aimez, en l’occurrence, votre famille de cœur. Le tableau est terrible et triste, et en même temps, vous n’êtes pas seul, et ça va « bien se passer ». Enfin ça, c’était sans compter sur la panique qui accentue toutes émotions et encore plus dans ces conditions-là.

« Ce scénario se révèle être étonnant et touchant. »

« Hawaii » est donc le film que je n’ai pas vu venir et qui s’est posé comme une bonne surprise. Partant d’une excellente idée, Melissa Drigeard va tisser un film très humain qui va se poser comme un excellent film autour d’une bande de potes. D’ailleurs, dans certains de ses aspects, dans son énergie, dans l’alchimie entre ses personnages, dans les émotions, les secrets ou encore certaines de ses répliques, « Hawaii » rappelle des moments passés en compagnie de films tels que « Mes meilleurs copains » de Poiré ou « Les petits mouchoirs » de Canet.

Tenant un scénario étonnant, « Hawaii » tient debout et il sait se réserver et évoluer jusqu’à son très beau final. « – Si on savait tout de nos amis, est-ce qu’on en aurait encore ? », puis derrière ça, est-ce que toute vérité est bonne à dire, est-ce que la vérité et l’amitié font bon ménage ? Nos amis, on les prend avec leurs qualités et leurs défauts, mais révéler les défauts et ce qui est exaspérant chez nos amis, est-ce une bonne chose ? Puis une fois tout ceci révélé, est-ce que l’amitié peut rester ? Autant de belles questions qui traversent le film de Melissa Drigeard.

Avec « Hawaii« , bien souvent, on sourit, parfois même on rit devant cette alchimie communicative et ces petites embrouilles d’ego blessé, puis alors qu’on pensait que le film serait une comédie de bout en bout, Melissa Drigeard change son fusil d’épaule et fait basculer son film dans un beau drame humain, où elle pousse encore un peu plus loin les questionnements de ses personnages. Amour, culpabilité, mensonges, vérités, non-dits, sentiments de liberté, la foi, poids des mots et des maux, jalousie, désir, réussite, argent… Bref, ce scénario se révèle être étonnant et touchant, au point qu’on aurait presque envie de faire partie de cette bande de potes, même s’il y a tout ce bagage de ces quelques minutes où tout a basculé.

« Manu Payet tient là l’un de ses plus beaux rôles. »

Pour incarner cette bande de potes au bord de l’implosion, Melissa Drigeard a réuni un casting de tout bord, avec des comédiens et des comédiennes qu’on n’aurait pas cru voir un jour ensemble. Bérénice Bejo, Pierre Deladonchamps (très, très drôle, une surprise !), William Lebghil, Nicolas Duvauchelle, Eye Haïdara, Emilie Caen, Élodie Bouchez, Thomas Scimeca ou encore et surtout Manu Payet, qui tient là, l’un de ses plus beaux rôles (Il est surprenant, on ne l’avait encore jamais vu ainsi. Il en est même assez bouleversant). Tout ce petit monde forme une sacrée bande, et le scénario, tout comme la réalisation de Melissa Drigeard, leur laisse de la place pour exister, pour qu’on s’attache à chacun d’eux, et qu’on ait envie d’en savoir plus, de passer plus de temps avec eux.

Après, tout n’est pas parfait non plus, et parfois, notamment dans le portrait des envies, le film s’aventure dans la caricature de l’ado insupportable, mais là encore, c’est assez dosé, même si le trait est trop gros. Puis, du côté de ces ados, on ne peut pas dire que ça joue très bien, au point qu’on peut se poser la question si c’est voulu ou non. À plus d’une scène, on a l’impression qu’ils n’y croient pas, et qu’ils vont éclater de rire.

Ainsi, ce troisième film pour Melissa Drigeard est une étonnante surprise. Drôle et dramatique à la fois, léger et profond, abordant de beaux sujets, posant de beaux personnages, la réalisatrice nous amuse et nous touche en même temps. Malgré tout le postulat de départ qui est intéressant (et fou), je n’y croyais pas vraiment et finalement, cette séance de cinéma m’a vraiment touchée. Comme quoi, il ne faut jamais se faire un avis d’avance et rester sur ses préjugés.

Note : 15/20

Par Cinéted

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