De : Rocky Soraya
Avec Luna Maya, Herjunot Ali, Sara Wijayanto, Maria Sabta
Année : 2017
Pays : Indonésie
Genre : Horreur
Résumé :
Une mère utilise la poupée de sa fille assassinée pour communiquer avec celle-ci, au prix de terrifiantes conséquences.
Avis :
De manière plus ou moins récurrente, il est de coutume que le cinéma américain s’accapare l’idée ou le potentiel de productions issues d’autres contrées et continents. On songe aux remakes de métrages horrifiques asiatiques tels que The Eye, Dark Water ou encore Shutter. À l’inverse, certains réalisateurs n’hésitent guère à s’inspirer librement de grands succès du cinéma de genre US. En 2016, Rocky Soraya jouait d’opportunisme avec The Doll. Ce dernier s’apparentait à un pâle ersatz des films de la franchise The Conjuring, en particulier Annabelle. Cela tenait à l’antagoniste, bien entendu, ainsi qu’à un déroulement calqué sur son modèle occidental. Cela sans compter sur le pendant indonésien de Lorraine Warren en la personne de Laras.
Non satisfait d’avoir fourni un effort globalement médiocre, le réalisateur récidive dans la foulée avec une suite qui s’inscrit dans sa continuité. Preuve en est avec l’introduction où ladite Laras se retrouve à nouveau aux prises avec Uci, lors d’une séance d’exorcisme qui tourne mal. Puis l’intrigue s’oriente vers une nouvelle affaire. Au sortir d’un drame familial, une autre poupée fait l’objet d’une possession par l’esprit torturé d’une petite fille. Le jouet n’est autre que Sabrina. Là encore, on devine un parallèle évident avec Annabelle. Non dans la ressemblance physique, mais dans les éléments qui gravitent autour d’elles. Par exemple, l’attachement apporté à la poupée, cette connotation maléfique prégnante, sans oublier les phénomènes paranormaux qui se manifestent en leur présence.
« La progression s’avère linéaire et prévisible dans son schéma narratif. »
Soit dit en passant, ces derniers ressassent les poncifs du genre et plus particulièrement ceux avancés dans le premier métrage. On nous inflige des mécanismes identiques, dans un cadre et un contexte similaires. Certes, l’ensemble demeure correctement filmé. On peut toutefois regretter une image et une photographie beaucoup trop propres pour un tel exercice. La gestion de l’obscurité et des espaces restent honnêtes, même si l’on n’observe aucune fulgurance ni touche d’innovation dans la manière de susciter la peur, à tout le moins instaurer une ambiance délétère minée par la perte d’un enfant. Cet évènement joue sur les ficelles de la dramaturgie. Pour autant, les conséquences sur le père et la mère tiennent surtout à des élans dépressifs, un sentiment de désespoir et de solitude, rarement sur une relation conjugale qui se dégrade.
Ainsi, on passe par différents stades où les premières manifestations peuvent s’apparenter à des coïncidences. Puis leur récurrence amène à la nécessité d’enquêter, à solliciter une aide extérieure ; que cette dernière provienne d’une psychiatre ou d’une experte en paranormal. Bien que constante dans son rythme, la progression s’avère linéaire et prévisible dans son schéma narratif. À aucun moment, le spectateur ne se sent pris au dépourvu ou surpris par la tournure des évènements. Sur ce point, on peut compter sur une ultime révélation appréciable pour apporter une autre signification aux faits antérieurs. Il n’en demeure pas moins que cet élément peut paraître attendu si l’on reste attentif à certains indices, a fortiori en ayant connaissance du même procédé usité pour le premier volet.
« Le réalisateur enchaîne les effets spectaculaires jusqu’à se perdre dans une invraisemblable overdose de violence. »
À l’image de celui-ci, le dénouement s’étend plus que de rigueur sur l’affrontement final. Par ailleurs, on a droit, une nouvelle fois, à un traitement commun. Autrement dit, on passe de phénomènes de possession à des confrontations brutales et explicites, quitte à sombrer dans le gore à la limite du grand-guignolesque. Mention spéciale à ces multiples blessures à la létalité évidente qui ne semblent guère impacter les victimes. Pêle-mêle, on peut évoquer les innombrables coups de couteau, une énucléation, une chute de plusieurs mètres et bien d’autres réjouissances. Le réalisateur enchaîne les effets spectaculaires jusqu’à se perdre dans une invraisemblable overdose de violence.
Au final, The Doll 2 s’apparente à une redite du premier métrage. On y retrouve tous les défauts qui caractérisent le précédent projet de Rocky Soraya et cette indéfectible propension à calquer les protagonistes, l’histoire et l’ambiance autour de la saga The Conjuring. Dès lors, on délaisse toute atmosphère glauque propre à une production du Sud-est asiatique pour aboutir à un film impersonnel. Certes, l’on peut apprécier le charme de Sara Wijayanto (Laras) ou le fait que l’intrigue évite de flagrantes incohérences à défaut de se montrer originale. Il n’en demeure pas moins un métrage sans grand intérêt et facile, dont la mise en scène s’avère trop clinquante et expansive pour un tel sujet.
Note : 08/20
Par Dante