avril 27, 2024

Couvre-Feu

Titre Original : The Siege

De : Edward Zwick

Avec Denzel Washington, Annette Bening, Bruce Willis, Sami Bouajila

Année : 1998

Pays : Etats-Unis

Genre : Policier, Thriller

Résumé :

Les États-Unis sont devenus la cible des terroristes palestiniens. Les attentats se multiplient dans les grandes villes. Quelque part dans le désert, un leader intégriste est enlevé par un commando et mis au secret. Anthony Hubbard, qui dirige la cellule antiterroriste de New York, reçoit un coup de fil anonyme exigeant la libération de l’intégriste. De nouveaux attentats meurtriers sont commis. Hubbard remonte la piste et découvre qu’Elise Kraft, agent de la CIA, entretient des liens étroits avec un jeune émigré palestinien dont il est à la fois l’informateur et l’amant.

Avis :

Chaque réalisateur a sa muse. Que ce soit un acteur ou une actrice, on retrouve beaucoup de metteurs en scène qui aiment faire jouer les mêmes acteurs dans leurs films. On peut penser à Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio ou encore à Guillermo Del Toro qui fait jouer Ron Perlman dans tous ses longs-métrages. Pour Edward Zwick, il s’agissait de Denzel Washington durant les années 90. En effet, tout cela commence en 1989 avec Glory, qui sera le premier gros succès du cinéaste. Par la suite, on retrouvera l’acteur sous l’œil du réalisateur dans deux films quasi-similaires dans leur approche, A l’Epreuve du Feu et Couvre-Feu. Ce dernier film est sorti en 1998, et il pourrait presque se voir comme prémonitoire en rapport aux attentats du 11 Septembre, puisqu’il s’agit-là d’évoquer des terroristes qui sèment la terreur dans New York. Mais est-ce un bon film pour autant ?

Le film débute avec le kidnapping d’un chef d’état islamiste par l’armée américaine. On sent que l’opération est secrète, et visiblement, les américains n’y vont pas avec le dos de la cuillère pour arriver à leurs fins. Par la suite, on se retrouve à New York, aux côtés d’Anthony Hubbard qui dirige la cellule anti-terroriste et qui se retrouve avec des attentats palestiniens sur les bras quasiment tous les jours. Il doit alors faire équipe avec une femme qui dit appartenir à la CIA, et il va découvrir que ces attentats ne sont que les réponses au kidnapping vu au début du film, et que l’armée prend un peu trop ses aises sur les questions de sécurité nationale. Très clairement, Edward Zwick veut jouer sur deux tableaux, celui de la menace terroriste réelle, mais aussi sur le fait que ces attentats ne sont que la réponse d’une répression violente de l’armée américaine.

« D’un point de vue scénaristique, Couvre-Feu joue la carte de l’intrigue à tiroirs. »

D’un point de vue scénaristique, Couvre-Feu joue la carte de l’intrigue à tiroirs, où l’on va découvrir des personnages assez troubles, qui cachent tous un lourd secret, et un passif pas forcément réjouissant. En cela, le réalisateur prend le temps de présenter ses personnages et de les placer dans un contexte tendu, où chaque jour est une menace pour la population newyorkaise. C’est assez dynamique, même si parfois, on reste dans une logique de répétition, à savoir une prise d’otages, une négociation et des enjeux qui tentent de se renouveler à chaque fois. C’est parfois répétitif, mais cela a l’intérêt de faire monter la pression et de presser tout ce petit monde à résoudre une affaire qui dépasse certaines attentes. En effet, tout l’intérêt de ce film est de jouer sur deux points de vue, celui de l’armée qui veut tout faire pour arrêter les terroristes, quitte à outrepasser les lois, et celui des terroristes qui veulent juste la libération de leur chef.

Edward Zwick tente tant bien que mal de maintenir sa tension sur tout le film, en créant notamment des relations complexes et parfois tortueuses. On pense à la liaison entre Hubbard et Elise, lui pensant qu’elle lui cache quelque chose, et il ne veut pas qu’elle intervienne dans cette affaire difficile. Mais il y a aussi le colonel de l’armée, qui met la pression sur tout le monde pour étouffer sa mission d’enlèvement, ou encore l’assistant de Hubbard qui est d’origine arabe et qui va subir de plein fouet le couvre-feu imposé par l’armée, qui parque toutes les personnes d’origine arabe dans des prisons en plein air. On retrouvera aussi un indic qui va se révéler plus que ça, notamment en étant l’amant d’Elise, mais aussi autre chose. Bref, l’intrigue se veut compliquée, alors qu’elle aurait gagné à être plus simple.

« Les deux gros intérêts de ce film sont le casting complètement dingue, et le message de fond. »

Car oui, de temps à autre, on se retrouve perdu dans ce maelstrom d’informations. On essaye de faire des liens entre les personnages et ce qu’ils apprennent, mais souvent, c’est noyé dans une pléthore de questionnements et de résolutions qui sont parfois difficilement compréhensibles. Par exemple, la recherche d’un potentiel fournisseur de faux papiers qui travaille dans un garage dont l’armée souhaite se débarrasser… à grands coups de bombardements par hélicoptères. Alors certes, ça rajoute de l’action et le cinéaste fait bien le taf, mais était-il nécessaire d’en faire autant ? De même, le film s’embourbe dans des explications pénibles, comme des confessions sur l’oreiller entre Elise et son indic, mais là encore, hormis faire pleurer dans les chaumières quant au sort des migrants aux States, on reste sur quelque chose d’assez lisse. Heureusement que dans son fond, le film montre le côté obscur de l’armée américaine.

Les deux gros intérêts de ce film sont le casting complètement dingue, et le message de fond qui montre que si attentat il y a, c’est parce que l’armée américaine fait fi des lois et s’érige en donneuse de leçons. On peut le voir entre les menaces de ce colonel, qui n’hésite pas à faire parler la poudre, quitte à faire taire définitivement des agents du FBI ou de la CIA, et une mission qui consiste à mettre tous les arabes de New York dans des cages, montrant un racisme décomplexé. Bruce Willis, en salaud de première, est vraiment très bon. Denzel Washington, jouant les héros (comme à chaque fois sous la houlette de Zwick) est parfait dans ce rôle qu’il affectionne. Quant à Annette Bening, elle reste un peu en retrait, mais c’est la faute à son personnage trouble qui manque un peu de consistance.

Au final, Couvre-Feu est un film qui ne souffre pas trop du temps qui passe, malgré une intrigue souvent complexe pour rien et qui fait perdre en efficacité. En avance sur son temps (difficile de ne pas penser aux attentats du 11 Septembre qui surviendront trois ans plus tard), Edward Zwick délivre un film plaisant, sympathique, qui manque parfois de finesse d’écriture dans ses personnages, et qui se veut trop en faire pour faire croire à un scénario épais et plus intelligent qu’il ne l’est. Mais en l’état, ce n’est pas si mal que ça.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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