avril 24, 2024

A l’Epreuve du Feu

Titre Original : Courage Under Fire

De : Edward Zwick

Avec Denzel Washington, Meg Ryan, Matt Damon, Lou Diamond Phillips

Année : 1996

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame, Guerre

Résumé :

Pendant la guerre du Golfe, abusé par un pilote novice, le lieutenant-colonel Nathaniel Serling a donné prématurément l’ordre de neutraliser ce qu’il croyait un char ennemi et qui coûta la vie à plusieurs soldats. En attendant d’être fixé sur son sort, il a pour mission d’enquêter sur le capitaine Karen Walden, qui fut abattue en plein désert, alors qu’elle tentait de sauver un petit groupe de soldats, et a qui Washington veut décerner une médaille d’honneur posthume. L’enquête de Serling va s’avérer compliquée et contradictoire.

Avis :

La Guerre du Golfe est un sujet assez peu traité dans le cinéma américain. Contrairement aux deux conflits mondiaux ou à la guerre du Vietnam, on sent bien qu’il y a moins de choses à dire là-dessus, ou tout du moins des choses qui ne sont pas en l’honneur des Etats-Unis. Pour autant, c’est le point de départ qu’a choisi Edward Zwick pour son film A l’Epreuve du Feu, nous plongeant directement dans un affrontement entre chars d’assaut qui va mal se terminer. Ne se focalisant pas sur les raisons de ce conflit, ni même sur la défaite ou la victoire de quiconque, avec ce film, le réalisateur va décider de parler de l’armée en général, en menant deux enquêtes en parallèle pour décerner la médaille du mérite à une femme soldat morte au front.

Si l’introduction nous met directement dans un conflit complexe qui amènera à une bavure, très rapidement Edward Zwick va changer son fusil d’épaule, et il va surtout suivre un colonel, qui a la mort de son collègue sur la conscience, qui a pour mission de voir si une femme soldat mérite une médaille posthume. S’éloignant alors de toute guerre et de lutte pour sa survie, A l’Epreuve du Feu est plus un drame teinté de policier qu’un réel film de guerre. Ici, Serling va donc interroger à tour de rôle des soldats qui ont survécu à une attaque ennemie, soi-disant sauvés par une capitaine courageuse. Si pour le corps armé et les politiques, c’est du pain béni afin de redorer l’image de l’armée, Serling ne veut pas faire les choses à moitié et décide de mener une enquête précise pour découvrir la vérité.

« Si l’écriture est assez maline, elle reste aussi très téléphonée, avec des stéréotypes en tout genre. »

Une vérité qui va pointer du doigt les horreurs de la guerre, mais aussi les mensonges dont sont capables les hommes pour se protéger les uns les autres. Le film joue alors constamment sur une ambiguïté, celle de dire la vérité qui risque de fâcher et de détruire une image, ou celle du mensonge, qui permet d’embellir le tout. Si l’écriture est assez maline, elle reste aussi très téléphonée, avec des stéréotypes en tout genre. A titre d’exemple, les caractérisations des personnages sont parfois un peu vulgaires. On a droit à un traumatisé qui va devenir addict à la drogue, à un nerveux qui se met à la boxe, ou à un mourant à cause d’un cancer qui peut provenir du feu du napalm. Tout cela rentre pleinement dans une case préétablie, afin de jouer sur différents profils pour alimenter l’enquête du personnage principal.

En interrogeant les différents soldats survivants, on aura droit à des flashbacks d’une scène de guerre, là où le groupe se fait piéger et où la capitaine est vue comme une sauveuse ou comme une pleutre. Edward Zwick refait jouer la même scène en alimentant différents points de vue, ce qui permet de toujours rendre vivant son film, mais aussi de maintenir un certain suspens. D’autant plus que cette enquête se retrouve confronter à la conscience de Serling, qui veut dire la vérité à la famille du pilote de char qu’il a tué accidentellement, mais qui lui est interdit pas sa hiérarchie. Encore une fois, il y a une confrontation entre l’institution qui veut sauver sa face, et un homme qui a besoin de cette vérité pour vivre libéré. Bref, il y a vraiment du consistant dans ce film, et pourtant, il va lui manquer plein de petites choses.

« La réalisation est très académique, pour ne pas dire basique. »

Car même si le scénario est bien écrit et alimente de bonnes questions, un film est aussi des images et une mise en scène, tout comme des acteurs qui s’impliquent. Pour ces derniers, il n’y a pas vraiment de souci. Denzel Washington est impeccable dans ce rôle qu’il va enfiler à plusieurs reprises durant les années 90 (USS Alabama, Couvre-Feu ou Le Témoin du Mal pour l’aspect homme torturé qui cherche la vérité). A ses côtés, on retrouve une Meg Ryan assez effacée, qui annonce déjà sa descente en enfer. Mais Lou Diamond Phillips est très investi dans son rôle, tout comme un jeune Matt Damon qui perdra beaucoup de poids durant le tournage pour jouer les soldats camés jusqu’au cou. Franchement, au niveau des acteurs, ce n’est pas si mal, même s’il y a un petit déséquilibre avec l’unique rôle féminin du film.

Mais en ce qui concerne la mise en scène, ce ne sera pas la même salade. Edward Zwick est un bon artisan, il l’a déjà montré à plusieurs repises, sa filmographie est là pour en attester. Cependant, avec A l’Epreuve du Feu, il se repose un peu sur ses lauriers. La réalisation est très académique, pour ne pas dire basique. Les parties avec l’enquête et les interrogatoires sont assez plates, et peinent même à nous passionner. On aura quelques errances dans le nid familial pour nous toucher, mais cela ne prendra pas, la faute à une mise en scène pataude et très dirigiste sur les émotions que l’on doit ressentir. Même les parties durant la guerre sont assez timides. Les évènements manquent de pression, de mordant, et on ne craint pas grand-chose pour ces soldats qui se sont retrouvés pris au piège.

Au final, A l’Epreuve du Feu est un film qui est plutôt sympathique et très agréable à regarder. Mais il est vrai que dans la série des films de guerre des années 90, il reste assez anecdotique, la faute à une mise en scène trop académique et à un scénario qui aurait pu être plus succinct. Car là, quasiment deux heures pour raconter cela, on a la sensation que parfois, ça traine en longueur pour pas grand-chose, et c’est bien dommage. Bref, un long-métrage qui n’est pas forcément à réhabiliter, mais qui reste assez plaisant de redécouvrir aujourd’hui, notamment pour sa vision critique de l’armée et toute la comm pour dorer son image égratignée.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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