novembre 2, 2025

Yoroï – Orelsan Face à Lui-Même

De : David Tomaszewski

Avec Orelsan, Clara Choï, Kazuya Tanabe, Alice Yanagida

Année : 2025

Pays : France

Genre : Aventure, Fantastique

Résumé :

Après une dernière tournée éprouvante, Aurélien décide de s’installer au Japon avec sa femme Nanako, enceinte de leur premier enfant. Alors que le jeune couple emménage dans une maison traditionnelle dans la campagne japonaise, Aurélien découvre dans un puits une armure ancestrale qui va réveiller d’étranges créatures, les Yokaïs.

Avis :

Depuis plusieurs années, David Tomaszewski (réalisateur des clips d’Orelsan comme « Raelsan » ou « La Terre est ronde ») rêvait de transposer leur univers commun sur grand écran. Après des années de travail et de discussions, « Yoroï » voit enfin le jour. Le cinéaste, passionné de culture japonaise et de mythologie, souhaitait mélanger l’imaginaire du manga, la spiritualité nippone et la réalité contemporaine de la célébrité.

Parmi les films français du mois d’octobre, il y avait plusieurs sorties très intéressantes. Et beaucoup d’entre elles ont vu le jour la semaine du 29, avec le nouvel Ozon, le nouveau Klifa, et cet ovni : « Yoroï« , avec un Orelsan dans son propre rôle, se retrouvant hanté par des démons japonais. Le film avait tout l’air d’être un pur délire : osé, visuel et singulier. Et il l’est ! Comédie amusante, drame sur la célébrité, métaphore de la dépression et, au-delà de tout ça, divertissement qui atteint sa cible, « Yoroï » s’impose comme la bonne surprise de cette fin d’année.

« une comédie aussi divertissante qu’elle est surprenante »

Orelsan vient de terminer une tournée épuisante. Pour se retrouver, se recentrer, et surtout accueillir son premier enfant, il part s’isoler avec sa femme dans une maison traditionnelle au Japon. Un soir, il découvre au fond d’un puits une étrange armure. Cette dernière s’accroche à lui, littéralement. Dès lors, impossible de l’enlever. Mais le pire, c’est que cette armure est maudite. Elle attire des démons, qui, toutes les nuits, essayent de faire la peau à son porteur. Orelsan devra affronter ses peurs, ses regrets et les fantômes de sa propre célébrité.

Parmi les meilleures sorties de la semaine, cette fois-ci, c’est du côté de notre cinéma qu’il faut aller chercher. Orelsan qui botte le cul à des démons japonais, le tout piégé dans une armure trouvée au fond d’un puits… voilà le pitch improbable de « Yoroï« , une comédie aussi divertissante qu’elle est surprenante. Cela faisait des années qu’Orelsan et David Tomaszewski avaient cette idée en tête. Ils ont mûri l’intrigue pendant longtemps, et ça se sent : tout y est pensé, réfléchi, maîtrisé.

C’est bien simple : d’où que je tourne mon regard sur « Yoroï« , le film se révèle surprenant. Mais avant même de parler du divertissement délirant qu’il propose, ou encore de la BO parfaitement « Orelsanienne », la première chose qui me vient à l’esprit, c’est l’intrigue du film et toutes les métaphores qu’il contient. « Yoroï » est un film bien plus sombre et sérieux qu’il ne le laisse paraître au premier abord. Après, peut-être que j’extrapole, peut-être que je vais chercher trop loin, mais plusieurs idées s’imposent.

«  »Yoroï » est un film qui pousse Orelsan. Ce film, c’est lui face à lui-même »

Avec ce film, Orelsan, qui incarne son propre rôle, parle de sa vie. Il parle de la célébrité, du rapport de l’artiste à celle-ci, de la perte d’identité qu’elle peut provoquer. De tous ceux qui gravitent autour de lui. Le film dresse le portrait d’un homme au bord de la rupture, assailli de tous les côtés. Et cette armure qui s’accroche à lui, qu’il ne peut pas retirer, n’est-elle pas une métaphore de la célébrité elle-même ? Des fans et, plus encore, des regards qui ne le lâchent jamais ? L’homme est plus fragile et dépassé que son image ne le laisse paraître. Les démons qu’il affronte symbolisent ses peurs, ses regrets, sa culpabilité, et ce qu’il finit par penser de lui. « Yoroï » est un film qui pousse Orelsan. Ce film, c’est lui face à lui-même.

Certaines métaphores sont subtiles, d’autres non, mais tout reste passionnant, autant dans ce que le film raconte que dans la manière dont il le fait. Et c’est là toute la réussite de « Yoroï« . Le film commence comme une comédie loufoque, presque absurde, puis glisse peu à peu vers un drame intime et touchant. Un peu égo-tripé, c’est vrai, mais toujours sincère et prenant. La plume d’Orelsan étant à l’œuvre. D’ailleurs, de ce côté-là, on aura même droit à un monologue magnifique, qui sonne comme une nouvelle chanson d’Orelsan : un texte à la fois drôle, poétique et triste, avec la dépression et l’acceptation de soi en toile de fond. Bref, je me répète, mais c’est aussi surprenant qu’excellent.

« les scènes d’action, notamment les combats, ont une sacrée allure »

Autre point fort du film : « Yoroï » impressionne visuellement parlant. La mise en scène est pleine d’idées. La comédie fonctionne, les décors japonais ajoutent une vraie ambiance, et les scènes d’action, notamment les combats, ont une sacrée allure. David Tomaszewski joue habilement entre réel et fantastique, humour et émotion, pour un melting-pot terrible à suivre. Le film parvient à se répéter juste ce qu’il faut pour donner du rythme sans jamais tourner en rond. Et pour le plaisir, « Yoroï » regorge de références, de punchlines et de guests qui font leur petit effet.

Orelsan étonne aussi, surtout dans la seconde partie du film. Certes, il s’incarne lui-même : il a son phrasé, son flegme, sa nonchalance. Mais ici, il se révèle excellent. Il joue avec une sincérité désarmante et attachante… (oui, oui), et son duo avec Clara Choï fonctionne à merveille. L’actrice, qui est lumineuse, apporte une folie douce et une fraîcheur qui font un bien fou.

Pour son premier long-métrage, David Tomaszewski étonne d’un bout à l’autre. Ce qui pouvait apparaître comme un égo trip se transforme en pur trip jouissif. Un trip qui a de la gueule, de la sincérité et, surtout, du cœur. « Yoroï » touche juste parce qu’il ose parler d’un sujet qu’on aborde rarement de cette manière : la solitude derrière la notoriété. C’est drôle, touchant, spectaculaire et sincère. Bref, c’est un coup de cœur ! Cette semaine, notre cinéma français est en grande forme.

Note : 15/20

Par Cinéted

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