
Avis :
Cela fait maintenant plus de vingt ans que le groupe suédois Avatar existe, et fait son petit bout de chemin, album après album. Jouant énormément sur le charisme de son chanteur, Johannes Eckerström, constamment grimé en clown dérangeant, le groupe a su évoluer, autant au niveau de son image que de son style. Affilié à la scène Metalcore/Death Mélo en début de carrière, aujourd’hui, les limites sont bien plus floues, allant aussi bien dans le Death que dans l’alternatif, et parfois même le Rock ou le Power. L’une des grandes forces de ce groupe, c’est qu’il propose à chaque nouvel album un concept particulier, quitte à laisser sur le bas-côté des fans de la première heure. Et si certains albums ont eu un succès critique mérité, comme Hunter Gatherer, d’autres ont eu tendance à décevoir, comme le précédent opus, Dance Devil Dance.
Qu’en est-il de Don’t Go in the Forest, dixième effort studio de la bande originaire de Gothenburg ? Il faut dire que les premiers morceaux qui sont apparus sur la toile étaient assez incongrus. Le groupe a frappé dans un style qu’on ne lui connaissait pas, jouant encore sur une imagerie grand-guignol, tout en changeant radicalement de style d’un morceau à un autre. Et cet opus aura cet aspect-là. C’est-à-dire que chaque titre épouse un style en particulier, et qu’il est très difficile de ranger Avatar dans une case. Et cela se ressent dès la première piste, Tonight we Must be Warriors. S’amusant avec une petite flûte et un rythme militaire, le groupe va vers les sentiers du Power Métal, avec un chant clair et une mélodie qui est loin du Metalcore ou du Death auxquels ils sont affiliés. Le morceau est sympathique, mais il manque peut-être de rythmique.
Cependant, la grande force de ce titre réside dans son refrain entêtant, et dans sa mélodie qui reste un long moment en tête. In the Airwaves sera alors d’autant plus percutant. Le démarrage évoque les riffs d’un Slipknot, avec une rythmique relevée et un rif très lourd qui fracasse bien. Le chant est ici crié, et on revient aux premiers amours du groupe, qui ne fait que peu de concession. Néanmoins, le refrain en chant et l’adoucissement des riffs à ce moment-là donnent un élan plus alternatif à l’ensemble. Et ça se révèle assez addictif, malgré le fait que ce morceau n’a rien à voir avec le précédent. Cela se rejoindra avec la troisième piste, Captain Goat. Le groupe renoue avec le Power classique, lorgnant sur une rythmique plus basse et un chant clair envoûtant. La rupture est brutale, mais pour autant, la chanson fonctionne avec son refrain entêtant.

Don’t Go in the Forest laisse plus de place à une ligne de basse qui va scander une mélodie percutante. Mais par la suite, le titre devient plus calme, plus calibré aussi, avec un aspect simple mais efficace, où le riff puissant revient de façon cyclique. Le morceau est bon, mais il lui manque tout de même une aura particulière. En fait, on a souvent l’impression que le groupe s’appuie sur un gimmick mélodique, qu’il reprend par la suite. Par exemple, Death and Glitz joue sur un excellent riff de gratte plutôt expressif et novateur en introduction, et par la suite, cela est repris au sein d’un titre plaisant, mais qui n’a rien de bien neuf. Alors oui, il y a toujours la fantaisie de Johannes Eckerström qui marche bien, mais on reste tout de même sur du tout-venant. C’est plaisant, mais pas si mémorable.
On retrouve bien évidemment un petit côté festif, mais on aurait aimé plus. Abduction Song envoie du pâté dans son introduction, et sera peut-être le morceau le plus sauvage de l’album. Il s’agit-là d’un titre fait pour faire bouger les fosses. Puis Howling at the Waves va être la ballade de l’album, à la fois touchante et étonnante de par son ton assez mature et loin des grandiloquences folles du groupe. Dead and Gone and Back Again joue sur plusieurs tableaux, se voulant nerveux et doux à la fois, mais au final, le morceau manque d’impact et d’identité. Et il est trop long pour ce qu’il raconte. On lui préfèrera Take This Heart and Burn It, plus virulent et pêchu, ne laissant que très peu de répit pour souffler. Enfin, Magic Lantern rejoue avec un gimmick musical pour le réutiliser jusqu’à la lie, mais ça reste intéressant.
Au final, Don’t Go in the Forest, le dernier album d’Avatar, n’est pas un mauvais album. Il recèle en son sein la folie qui fait la notoriété du groupe, et on sent que c’est un effort taillé pour la scène et faire quelques folies face à un public déjà plus ou moins conquis. Néanmoins, le manque de cohérence entre les morceaux et les ruptures brutales en font aussi un skeud qui manque de liant, et qui a du mal à pleinement convaincre, comme si on errait dans une forêt peuplée d’arbres d’espèces différentes. Bref, un album plaisant, mais auquel il manque plus de cohésion entre les pistes.
- Tonight we Must be Warriors
- In the Airwaves
- Captain Goat
- Don’t Go in the Forest
- Death and Glitz
- Abduction Song
- Howling at the Waves
- Dead and Gone and Back Again
- Take This Heart and Burn It
- Magic Lantern
Note : 15/20
Par AqME
