
De : Rob Savage
Avec Annie Hardy, Amar Chadha-Patel, Seylan Baxter, James Swanton
Année : 2022
Pays : Etats-Unis, Angleterre
Genre : Horreur
Résumé :
Deux amis partent dans un road-trip horrifique et diffusent en direct la nuit la plus terrifiante de leur vie.
Avis :
Le found-footage est un sous-genre très particulier du cinéma, puisqu’il est filmé caméra à l’épaule, et se destine généralement à être un faux documentaire. Si Le Projet Blair Witch est l’un des exemples les plus forts du genre, c’est surtout le premier Paranormal Activity qui a lancé une mode du genre, avec une pléthore de petits rejetons opportunistes, espérant surfer sur le succès dudit film. Malheureusement, ces films, pour la majorité, ne furent pas faits par amour de l’art ou du genre, mais tout simplement parce qu’ils étaient faciles à faire, et ne comptaient pas beaucoup d’argent. D’ailleurs, il est étonnant de voir que les meilleurs found-footage se situe en dehors de l’horreur, comme pour le thriller policier par exemple. Ce sous-genre s’est quelque peu éteint de lui-même, malgré quelques inepties sortant çà et là. Dernier méfait en date, Dashcam de Rob Savage, produit par Jason Blum.

Le principe de ce film est de suivre une femme qui fait un livestream depuis sa voiture, car avec la crise du covid, elle ne peut plus faire de concert avec son acolyte. Son concept est tiré par les cheveux mais semble marcher, elle conduit et des fans lui proposent des mots dans le chat qu’elle doit ensuite inclure dans des improvisations rappées. Le début est une calamité, car même si on comprend ce qui se passe à l’écran, le personnage est antipathique au possible. Annie Hardy joue son propre rôle, puisqu’elle est une chanteuse dans la vraie vie, dans un groupe indépendant, qui se fait remarquer par des titres de musique particulièrement vulgaires. Et cette vulgarité nous est balancée en pleine poire dès le début, avec des parties rappées qui sont d’une nullité abyssale, n’ayant aucun sens, ni aucune cohérence, sinon de la méchanceté gratuite.
« le personnage est antipathique au possible »
En plus de cela, elle présente la temporalité du film en se foutant de la gueule de toutes les personnes qu’elles croisent, avec notamment un type un peu gros qui fait du vélo à poil. Très clairement, rien n’est fait pour nous faire apprécier ce personnage. Pas même les fans qui écrivent des mots au fur et à mesure du film, et qui sont eux aussi très irrespectueux. Ajoutons à cela le fait qu’elle fasse de la voiture, tout en faisant son show, un comportement dangereux qui sera bien dommageable. Bref, l’introduction est catastrophique, et les choses ne sont vont faire que s’empirer lorsqu’elle décide de partir à Londres pour rendre visite à son musicien. Elle s’invite chez lui, insulte sa compagne, lui fait un paquet de crasses, puis décide de lui piquer sa voiture et son téléphone pour faire rire la galerie dans le chat de ses fans.
Un comportement idiot, qui sera en quelque sorte puni par le scénario horrifique du film. En gros, elle apprend que son ami fait livreur Uber pour arrondir ses fins de mois. Elle décide alors de prendre une de ses commandes, mais elle tombe sur un restaurant vide, et une femme lui demande d’amener une vieille dame visiblement malade à un endroit. Elle accepte moyennant une grosse somme, sauf qu’elle va se faire poursuivre par une autre nana complètement folle armée d’un fusil à pompe. Le film devient alors hystérique, avec une succession de fuites et de courses-poursuites, Annie Hardy luttant pour sa survie dans un milieu qu’elle ne connait pas, mais qui visiblement l’amène constamment dans les lieux favorisant un scénario nébuleux. C’est du grand n’importe quoi, et les facilités scénaristiques sont bien trop voyantes pour être crédibles, l’héroïne allant toujours là où il ne faut pas aller.
« On prend vraiment les spectateurs pour des imbéciles »
Dans son fond, le film ne raconte rien d’intéressant. On se doute bien que cette vieille femme va avoir un problème, et elle va devenir le boogeyman de l’histoire. Le film joue alors de son aspect found-footage pour nous montrer en arrière-plan les pouvoirs de cette dame. Elle peut voler, courir vite, faire exploser des têtes avec ses mains, bref, c’est une sorte de super-vilain qui possède le cerveau d’un zombie. Là-dessus, on peut dire que Rob Savage s’amuse avec sa mise en scène pour nous perturber avec ce qui se passe en arrière-plan, et c’est plutôt bien vu. Mais tout cela reste inutilement factice face à des scènes d’action nombreuses qui sont illisibles, avec en prime des pixels dans tous les sens pour mieux brouiller les pistes. En plus d’être moche, ça file une migraine de tous les diables, et on fronce parfois les yeux pour tout comprendre.
Alors oui, pour un found-footage, c’est relativement gore, et certains effets spéciaux sont plutôt bien faits. Mais comme ça ne raconte rien de vraiment concret, on n’en a un peu rien à foutre. D’autant plus que la fin est d’une bêtise flagrante, avec l’entrée dans une maison au hasard, qui est en fait la demeure d’un démon, puis le sous-sol ramène à la voiture du début, alors que le personnage principal a couru au hasard durant près d’une heure. Tout cela joue sur la crédibilité de l’ensemble et démontre le manque de sérieux dans l’écriture du scénario. Et bien évidemment, tout le montage par à vau-l’eau et décrédibilise le tout. Si c’est vraiment un livestream, il ne devrait pas y avoir de coupure, ou de changements de caméra, et là, c’est le cas. On prend vraiment les spectateurs pour des imbéciles.

Au final, Dashcam est une purge dans tous les sens du terme. La réalisation est catastrophique, le scénario est écrit avec les pieds et l’actrice principale est une tête à claques dont on se fiche éperdument de son sort. Le seul point sur lequel on peut se raccrocher sont les effets gores qui sont plutôt généreux et bénéficie d’un aspect spontané du fait de la réalisation en found-footage. Bref, il s’agit-là d’un navet immonde qui ne mérite aucunement les « bonnes » notes qu’il peut récolter sur internet…
Note : 02/20
Par AqME
