avril 26, 2024

Resident Evil 3 Remake

Résumé :

Resident Evil 3 (2020) est un jeu développé et édité par Capcom. C’est une version remise au goût du jour de Resident Evil 3, sorti initialement sur Playstation en 1999. Le joueur incarne Jill, une femme devant quitter Racoon City et les infectés qui habitent la ville.

Avis :

À plus d’un titre, les années 1990 ont marqué les mémoires de bon nombre de joueurs, et ce, pour plusieurs raisons. On songe à l’avènement de la 3D, l’âge d’or des 32 bits et la naissance de sagas emblématiques, sinon cultes. En ce qui concerne le survival horror, on peut évoquer la « Sainte Trinité » : Alone in the Dark, Silent Hill et Resident Evil. À l’époque, le jeu de Capcom crée un précédent avec une atmosphère exceptionnelle, un gameplay novateur et un sound design remarquable. Le succès étant ce qu’on lui connaît, la franchise a donné lieu à de nombreux titres. Ceux-ci s’intègrent dans le magnum opus du cycle principal ou font l’objet de spin-offs tels que Resident Evil Revelations.

Les remakes dans le jeu vidéo : une courte et néanmoins fructueuse histoire

S’il est bien plus ancré dans le septième art, le phénomène du remake touche également l’industrie vidéoludique. La principale différence tient à adapter une œuvre aux standards technologiques actuels. Certes, il y a toujours ces ambitions mercantiles qui lorgnent du côté de la stratégie marketing. Cependant, on assiste à des reprises qualitatives, du moins en règle générale. On peut notamment évoquer Resident Evil Rebirth et Silent Hill – Shattered Memories pour rester dans le survival horror.

Par ailleurs, on connaît Capcom pour son intarissable propension à décliner ses franchises phares sous toutes les coutures. Pour Resident Evil, on compte des dizaines de titres, sans oublier les versions remasterisées et les adaptations sur d’autres supports ou consoles. Aussi, il n’était guère étonnant, mais appréciable, d’être informé d’un remake de Resident Evil 2 en chantier. Au sortir de cette relecture flatteuse, il en ressortait, un jeu d’excellente facture ; à la fois respectueux du matériau original et nanti de nouveautés bienvenues. En somme, ce que l’on escompte pour ce remake de Resident Evil 3.

Resident Evil 3 : la fin d’un cycle (et de Raccoon City)

Aux yeux des joueurs, le développement du remake de Resident Evil 3 apparaissait comme une évidence, a fortiori face aux excellents retours critiques et commerciaux de son prédécesseur. Il n’est donc pas question de remettre en cause la légitimité d’un tel projet, a fortiori lorsqu’on considère le lien narratif étroit des deux opus. Au contraire, cet engouement permet de revivre des moments clefs du jeu vidéo, tout en redonnant ses lettres de noblesse au survival horror. Il n’y a qu’à constater l’approche exigeante de Resident Evil 2 pour s’en convaincre.

En 1999, Resident Evil 3 s’avance comme un très bon titre, mais souffre de l’excellence du second opus. De plus, il est rapidement effacé avec la sortie de Resident Evil : Code Veronica. D’aucuns le considèrent parfois comme le « véritable » troisième volet de la saga. Il n’en demeure pas moins que Resident Evil 3 est essentiel dans sa genèse. Il vient en effet conclure le cycle gravitant autour de Raccoon City. Pour l’occasion, il lui offre l’un de ses antagonistes les plus retors et remarquables.

Un démarrage où le chaos se déchaîne

En guise de clin d’œil au tout premier opus, l’introduction se présente sous la forme d’un modeste film live, dont la qualité demeure somme toute honorable. Contrairement au second volet, l’incursion n’est plus mesurée avec une atmosphère lugubre à souhait, mais nous plonge en plein chaos. Au vu de la débâcle qui règne dans les rues de Raccoon City, la mise en condition ne s’embarrasse guère de préambules et nous octroie une première séquence nerveuse et intense.

Et c’est bien ce qui caractérise le titre de Capcom : maintenir un haut niveau de tension et minimiser les moments où le joueur peut souffler. Exception faite des zones où se situent les machines à écrire pour sauvegarder, même une venelle aux apparences désertiques peut receler de multiples dangers. Dès lors, on assiste à une mutation progressive du traitement horrifique de la saga. Sans sombrer dans un florilège d’action propre au 5e épisode, l’atmosphère s’appuie sur des procédés autrement plus explicites.

Le syndrome de l’increvable dans toute sa splendeur

L’une des principales raisons à ce choix n’est autre que son antagoniste : le Némésis. De la première séquence jusqu’à l’affrontement final, rarement un ennemi s’est montré aussi tenace, implacable. Chaque rencontre se ponctue des moments les plus marquants du titre. Bien que la plupart de ses apparitions demeurent scriptées, la mise en scène s’appuie sur les environnements, parfois exigus, afin de magnifier le danger que suggère sa simple présence.

On peut aussi évoquer la létalité de ses attaques ou encore cette propension à user des poings, puis d’armes à feu ; de gros calibre, de préférence. Mais cela n’est qu’un aperçu de ses capacités au premier stade de son évolution. Sa forme bestiale le rend d’autant plus véloce au sol, mais également pour gravir ou courir sur des murs. On renoue alors avec les souvenirs du jeu original où l’on appréhendait le moindre détour, augurant son irruption.

Une question de temps ?

Il n’empêche que cet aspect percutant se fait au détriment d’autres éléments indissociables de Resident Evil 3. L’un des exemples les plus représentatifs est l’absence du passage de la tour de l’horloge. En 1999, cette partie venait contraster avec le ton général. On pouvait même y distinguer une allusion bienvenue au manoir Spencer. En lieu et place, on nous propose un combat de boss. Certes, appréciable, mais qui dissimule bien mal le raccourci facile et abrupt emprunté par les développeurs. Est-ce un problème de calendrier pour respecter les impératifs ?

Toujours est-il que les différences avec le matériau originel sont assez nombreuses. Cela vaut également pour l’« oubli » de l’usine désaffectée. Malheureusement, certains ennemis répondent aux abonnés absents, comme les corbeaux, le ver des égouts ou les araignées géantes. On peut aussi avancer plusieurs largesses scénaristiques, ainsi qu’une fin unique au lieu de différents dénouements possibles. Certes, le principe du remake est de parvenir à trouver un terrain de conciliation entre respect de l’œuvre et libertés consenties. Cependant, les coupes réalisées constituaient des éléments majeurs du titre de 1999, voire les plus marquants.

Prendre les choses en main pour survivre

Cela étant dit, on peut néanmoins apprécier des ajouts sympathiques, comme le fait de jouer Carlos Oliveira. Le gameplay offre également de bonnes sensations, autorisant des possibilités d’esquives ou de demi-tours rapides pour les situations les plus compliquées. Les joueurs du remake de Resident Evil 2 maîtriseront immédiatement les commandes. Gestion de l’inventaire, confection des soins, consultation de la map ou des documents glanés çà et là… La prise en main se fait sans mal.

On apprécie toujours autant la nécessité d’économiser ses munitions, même si certains passages imposent de puiser dans ses réserves. Et il ne s’agit pas uniquement des combats de boss… La visée reste fluide et aisée. Pour les novices, une aide paramétrable est disponible. Bien que l’action soit au rendez-vous, l’aspect survival horror demeure prépondérant, a fortiori pour les parties lancées en mode de difficulté normal ou hardcore. En ce sens, il est parfois recommandé d’éviter les combats plutôt que de se lancer dans la confrontation, notamment quand les ennemis sont en nombre ou plus rapides que les protagonistes.

Une plongée horrifique courte, mais intense

En ce qui concerne la durée de vie, le remake de Resident Evil 3 fait pâle figure par rapport à son prédécesseur. Il n’y a aucune possibilité de mener une campagne principale ou « bis », d’inverser les rôles entre les différents protagonistes jouables. Cette situation était similaire avec le jeu de 1999. Cependant, on oscille entre 5 et 7 heures pour conclure l’aventure. À titre de comparaison, il fallait compter au moins une dizaine d’heures pour terminer Resident Evil 2, sans oublier la campagne annexe pour compléter les points de vue narratifs. L’ajout des coupes précédemment évoquées aurait pu pallier cette faiblesse.

La difficulté reste correcte, bien que les headshots demeurent toujours aussi peu efficaces. À noter que les zombies ont plus tendance à s’énerver qu’à ralentir lors de l’impact de la balle. Ce qui oblige à revoir sa stratégie d’attaque, quitte à tourner en rond autour d’éléments fixes. En ce qui concerne la rejouabilité, on retrouve le scoring et le classement pour améliorer ses performances. Les classiques modes de difficulté permettent d’appréhender le titre à son niveau. Pour les bonus, des artworks, des items issus de la boutique et des défis constituent des ajouts bienvenus.

En conclusion…

Au final, le remake de Resident Evil 3 marque le pas avec celui du second opus. On apprécie la refonte graphique qui redonne un coup de jeunesse au jeu de Capcom. De même, la présence écrasante du Nemesis ne laisse (presque) aucun répit au joueur. Le rythme est constant et la tension permanente, offrant une autre perspective des dernières heures de Raccoon City. L’atmosphère chaotique imprègne autant les lieux intérieurs que les environnements extérieurs. Cette mouture 2020 demeure donc un bon survival horror, où la difficulté et la nécessité de se montrer parcimonieux dans la gestion de son arsenal sont bel et bien présentes.

Cependant, on regrette des libertés et des coupes narratives trop flagrantes avec l’opus original. Cela tient à plusieurs séquences, dont la tour de l’horloge, des pans scénaristiques modifiés (ou occultés), sans oublier des confrontations ou des énigmes absentes. De même, la timeline parallèle avec l’histoire de Claire Redfield et Leon S. Kennedy est à peine évoquée. Resident Evil 3 Remake s’avère un survival horror recommandable, bien réalisé et immersif. Néanmoins, le revers de la médaille révèle un remake perfectible avec des choix artistiques qui laissent perplexes et, surtout, un goût d’inachevé, sans doute la faute à un développement précipité.

Note : 13/20

Par Dante

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