mars 29, 2024

Tàr

De : Todd Field

Avec Cate Blanchett, Nina Hoss, Noémie Merlant, Julian Glover

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame, Musical

Résumé :

Lydia Tár, cheffe avant-gardiste d’un grand orchestre symphonique allemand, est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Mais, en l’espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d’une façon singulièrement actuelle. En émerge un examen virulent des mécanismes du pouvoir, de leur impact et de leur persistance dans notre société.

Avis :

Todd Field est un acteur réalisateur dont la carrière commence devant la caméra de Woody Allen dans « Radio Days« . Par la suite, Todd Field va enchaîner les rôles ici et là. Dans ses faits d’armes, on pourra retenir « Les maîtres de l’ombre » de Roland Joffé, « Twister » de Jan De Bont, ou encore « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick.

Au début des années 2000, Todd Field passe à la réalisation avec le remarqué « In the bedroom« . Cinq ans plus tard, il réitère avec le malaisant et fascinant « Little Children » tenu par Kate Winslet, Jennifer Connelly et un inquiétant Patrick Wilson.

Depuis « Little Children« , on n’avait plus vraiment de nouvelles de Todd Field, que ce soit devant ou derrière la caméra. S’il a bien fait quelques petites productions (et encore), Tood Field est resté très silencieux pendant près de dix-sept ans. Puis est arrivé mi 2022, et d’un coup, sans prévenir, le trailer d’un nouveau film réalisé par Todd Field est tombé. Ça s’appelle « Tár » et dès les premières images, le métrage a l’air de nous offrir une immense Cate Blanchett. Curieux et impatient (même si j’ai traîné un peu), je suis donc parti voir ce qui semblait être un bijou, et malheureusement, j’en ressors terriblement déçu, face à un film soporifique et prétentieux. Malgré une immense Cate Blanchett et des idées de sujets qui sont vraiment intéressants, « Tár » n’a jamais réussi à m’entraîner dans son histoire qui se fait compliquée pour pas grand-chose et derrière ça, presque deux heures quarante pour raconter cette histoire et ce personnage, c’est insupportablement trop long.

« Un film verbeux, étouffé, suffocant et qui s’écoute parler de manière précise. »

Lydia Tár est une cheffe d’orchestre au sommet de son art et de sa gloire. Sur tous les fronts, elle donne des cours, elle prépare la sortie d’un livre et surtout, elle prépare un concert à Berlin qui sera l’un des événements de la scène musicale classique. Mais derrière elle s’est mis en branle des événements qui vont petit à petit causer sa chute.

Mais quelle déception que ce nouveau film signé Todd Field. « Tár« , sur le papier et dans ses premières images, était le genre de film qui me faisait briller d’emblée, entre son sujet, son actrice, son réalisateur et l’ambiance qu’il avait l’air de tenir. Mais voilà, très vite, j’ai déchanté, car « Tár » s’est posé comme un film qui allait être difficile d’accès. Un film verbeux, étouffé, suffocant et qui s’écoute parler de manière précise et c’est franchement dommage, car « Tár » est un film qui tient un sujet qui est intéressant et terriblement d’actualité. Ici, on va assister à la lente et longue chute d’une femme qui va être rattrapée par son comportement et les réseaux sociaux.

«  »Tár » se fait faussement compliqué, traîne en longueur pour rien, et surtout, derrière ça, laisse un sentiment de prétention exacerbée. »

Avec ce sujet et ce personnage, Todd Field livre une critique sombre de notre époque et de la démesure de certains personnages, et le film, l’espace de quelques scènes, se fait passionnant. Là, je pense à une scène de cours dans une prestigieuse école américaine, ou encore les répétitions et toute la créativité du personnage à ce moment-là. Quel dommage que tout le film ne soit pas ainsi, car si on retrouvera de ces idées sur quelques passages, sur le reste de l’intrigue, « Tár » se fait faussement compliqué, traîne en longueur pour rien, et surtout, derrière ça, laisse un sentiment de prétention exacerbée.

« Tár » se pose un peu comme un film qui va se compliquer la trame pour rien, qui va se poser clairement dans un cinéma d’auteur intellectuel difficile d’accès, qui va offrir un immense rôle à une immense actrice, mais derrière ça, il va étouffer le tout, il va se faire soporifique et contemplatif, il va s’écouter parler de musique classique avec des termes précis et il n’arrive pas à rendre ce vocabulaire intéressant, puis il va distiller des pistes d’intrigues à droite et à gauche pour créer un faux mystère et une fausse tension, et enfin derrière tout ça, il se sait excellent, au point qu’il ne provoque pas d’émotion ou d’empathie pour ses personnages.

D’ailleurs, bien souvent, on ne comprend pas bien ces personnages, ce qu’ils veulent, ce qu’ils cherchent et ce qu’ils racontent ou les lient. En fait, plus j’y pense et plus je me rends compte que je n’ai cru à aucun de ces personnages qui sonnent faux.

« Cate Blanchett est incroyable et totalement habitée par le rôle. »

Interminable, allant de longueur en longueur soutenue par des plans-séquence assez incroyables dans la technique, il faut bien le dire, « Tár » a cette faculté de se faire de plus en plus long, au point que j’en ai eu l’impression que jamais je n’allais en voir le bout, comme si le film avait arrêté le temps, avec l’impossibilité de savoir depuis quand je m’y ennuie. Alors parfois, lorsque « Tár » s’arrête sur la musique et les répétitions, le film souffle un peu et arrive à rehausser notre intérêt l’espace de quelques instants. Malheureusement, ça ne dure jamais vraiment et les longueurs pour pas grand-chose font très vite leur retour.

Enfin, dernière déception autour de ce film, ses comédiens, car s’il est clair que Cate Blanchett est incroyable et totalement habitée par le rôle, le personnage est si froid et si austère que finalement, il n’y a strictement aucune émotion qui s’échappe d’elle, et ce sentiment se projette sur tous les personnages. Que ce soit Nina Hoss, Noémie Merlant, ou encore Sophie Kauer, malgré le talent des actrices, ces personnages nous laissent de marbre, pour ne pas dire plus, car bien souvent, on ne les comprend pas.

Ainsi, malgré ses sujets, ses acteurs, et parfois ses idées de mise en scène, « Tár » de Todd Field se pose comme une sacrée déception. Le metteur en scène livre un film qui n’a fait que creuser un ennui de plus en plus profond au fur et à mesure que son « Tár » se dévoilait. Et derrière ça, plus le film avançait et plus il me disait : regarde comme je traîne en longueur pour rien, regarde comment Cate Blanchett est immense, regarde comme j’injecte du mystère (voire de la folie) dans cette intrigue qui n’en a pas besoin, et regarde comme « tu vas aimer » mon film parce que ça change, et c’est trop intelligent ma façon de faire… En fait non, c’est juste terriblement ennuyant et encore plus franchement, au fur à mesure, je me ficherais royalement de ce qui pouvait arriver à cette Lydia Tár… Bref, c’est une belle déception que ce film.

Note : 08/20

Par Cinéted

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