décembre 10, 2024

Invincible

De : Ericson Core

Avec Mark Wahlberg, Elizabeth Banks, Greg Kinnear, Kirk Acevedo

Année : 2006

Pays : Etats-Unis

Genre : Biopic

Résumé :

Vince Papale vient de perdre sa femme et son travail. Grand fan des Eagles, l’homme se voit un jour intégrer cette célèbre équipe nationale de football américain. Ses rêves les plus fous se réalisent alors.

Avis :

Directeur de la photographie durant le début de sa carrière, Ericson Core a débuté sa carrière de cinéaste sur un épisode de série. Il faut croire que très rapidement, le travail de réalisateur lui a plu et il s’est donc lancé dans le biopic, celui de Vince Papale. Barman qui a raté ses études, s’est fait larguer et n’a pas grand-chose pour vivre, il va alors, à 30 ans, tenter de rentrer dans l’équipe de football américain des Eagles de Philadelphie. Courte instant dans la vie d’un homme qui a changé la face d’un sport durant les années 70, scénario issu de son propre livre autobiographique, Invincible fait partie de ces histoires qui ne réinventent rien. Success story dont on connait par cœur les rouages, Ericson Core va tenter d’insuffler de l’humanisme dans son métrage, mais loupe carrément son aspect visuel. Pourquoi et comment ?

Le touchdown se fait attendre

Le premier constat que l’on peut faire avec ce film, c’est qu’il est symptomatique de beaucoup de biopics qui se servent d’une autobiographie. Avec Invincible, Ericson Core édulcore constamment le profil de son héros. C’est bien simple, Vince Papale n’a pas une once de défauts. Il est gentil, abordable, un peu timide, il ne lâche jamais et va se battre jusqu’au bout pour prouver à son ex qu’il devient enfin quelqu’un. Durant le déroulé du métrage, on ne verra jamais les mauvais côtés de l’homme. Même quand il commence à prendre de la graine, à monter en grade au sein de son équipe, il reste fidèle à ses amis et trouve même une sorte d’exutoire à continuer les matchs dans la boue. Tout le film semble un peu trop hagiographique, jusqu’à la relation amoureuse qui se passe bien, malgré un léger accroc au départ. Tout ça manque de sel.

Néanmoins, on ne peut reprocher au scénario d’être bancal. Bien au contraire, le réalisateur sait mener sa barque et propose un film dans lequel on ne s’ennuie que très rarement. Entre les galères du début, les amis fidèles et attachants, l’entrainement qui est difficile ou encore les premiers matchs, Invincible sait se faire intéressant. Il y a du rythme, il y a toujours quelque chose à raconter et heureusement que Vince Papale est bien entouré. On aura une histoire avec son père, qui galère comme lui. Une histoire d’amour qui va bien se dérouler. Des amis qui sont fidèles et qui sont, à quelque part, la seule famille du héros. Il n’y a pas une once de méchanceté dans le film, si ce n’est ce combat contre soi-même et les clichés véhiculer par les médias, qui ne donnent pas une pièce sur l’avenir du joueur.

Self combat

Le sujet principal du film est donc le combat que l’on mène contre soi-même. Vince Papale se fait vieillissant et tout le monde se fout de sa gueule par rapport à son âge. Rajoutons à cela des coéquipiers pas forcément sympathiques ainsi qu’un mot de son ex-femme lui disant qu’il ne deviendrait jamais rien, on voit bien ce que le film raconte. Le combat d’un homme contre lui-même afin de prouver au monde entier qu’il est capable de se battre et de réussir. Malheureusement, si le message est beau, il manque d’une profondeur supplémentaire. Par exemple, les confrontations avec les coéquipiers sont expédiées manu militari. Le film ne s’attarde jamais sur les difficultés de l’entrainement. On voit le personnage tomber une paire de fois, et repartir, mais on ne sent pas vraiment qu’il en chie. Tout comme le film manque d’interactions entre les personnages.

Vince Papale s’entend bien avec son meilleur ami, qui le pousse à continuer pour rentrer dans l’équipe, et c’est peut-être la relation la plus importante qu’il a. Les deux dialogues qu’il entretient avec son père sont factices. Et de ce fait, l’une des répliques finales ne touchent pas. La relation amoureuse est attendue et ne sort jamais des standards d’Hollywood. Et surtout, les confrontations avec l’entraineur ou encore les coéquipiers sont presque occultées. Le film ne joue jamais sur les interactions, les difficultés, les tensions qu’il peut y avoir. Et de facto, on n’est pas touché par cette histoire. Chaque personnage semble fonctionnel et ne sort jamais de son cadre. Pour faire simple, Invincible fait dans la simplicité et s’évite tout rapprochement sensible. On est dans une hagiographie qui efface les torts de chacun pour sombrer dans une irréalité presque pénible.

Jaune, le monde est jaune

Et le film va aussi perdre des points avec sa mise en scène. Alors certes, c’est le premier film d’Ericson Core, mais certains défauts sont impardonnables. La réalisation est totalement quelconque, et lorsque le cinéaste tente des trucs, c’est tout simplement loupé. A titre d’exemple, on peut parler des speechs des coachs, au milieu des joueurs, avec une caméra tournoyante mais qui ne suit jamais le rythme des paroles. Le mouvement est trop rapide par rapide à ce qui est dit. On notera aussi photographie dégueulasse. Le comble pour un directeur de la photographie, même sur ce film. C’est bien simple, tout est jaune. Il faut croire que Philadelphie, à la fin des années 70, c’est jaune. Et au bout d’un moment, c’est couleur pisse nous sort du contexte. On peut comprendre que c’est pour faire penser au passé, mais ça reste très mal fichu. Et très laid.

Au final, Invincible est un biopic qui souffle le chaud et le froid, mais qui, globalement, nous laisse de marbre. Si Mark Wahlberg semble investi dans le rôle, tout comme Greg Kinnear en coach qui prend des risques, le reste du métrage reste faiblard. Entre une mise en scène quelconque et quelques mouvements de caméra inappropriés ou une photographie terne et monochrome, sans compter un récit hagiographique pénible, Invincible est un biopic tout juste passable, auquel il manque de l’émotion et un impact lors des matchs.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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