avril 19, 2024

Saint

Titre Original : Sint

De : Dick Maas

Avec Huub Stapel, Egbert-Jan Weeber, Caro Lenssen, Bert Luppes

Année : 2010

Pays : Pays-Bas

Genre : Horreur

Résumé :

Connaissez-vous la véritable histoire de Saint Nicolas ? Oubliez le gentil vieillard qui vous apporte des cadeaux avant Noël… Il était en réalité un évêque déchu et sanguinaire, à la tête d’une horde de voleurs et d’assassins. Au Moyen-âge, ils s’en prenaient aux enfants et aux familles qui avaient le malheur d’être sur leur chemin. Excédés, les villageois décidèrent un soir de se débarrasser de cette bande redoutable en mettant le feu à leur navire. Peu avant de mourir, Saint Nicolas jura que son assassinat ne resterait pas impuni… Depuis, toutes les nuits de pleine lune qui tombent un 5 décembre, jour de leur mort, Saint Nicolas et ses compagnons reviennent de l’au-delà et assouvissent leur effroyable désir de vengeance dans l’horreur et le sang.

Avis :

Avec les fêtes de fin d’année, on a souvent droit à toute une flopée de téléfilms de merde, où les bons sentiments dégoulinent dans tous les sens. Mais on peut aussi compter sur Disney pour nous fournir son maudit dessin-animé, ou encore sur les plateformes de streaming qui rivalisent d’ingéniosité (non) pour fournir plein de longs-métrages se passant durant cette période. Cependant, certains réalisateurs taquins aiment utiliser l’image de Noël pour la détourner et ainsi offrir des films d’horreur un peu déviants. On peut citer la saga des Douce Nuit, Sanglante Nuit ou encore, plus récemment Violent Night. Certains utilisent même la légende du père Noël pour en faire soit un monstre ignoble (Père Noël Origines), soit un sauveur contre des monstres (A Christmas Horror Story). Avec Saint, c’est un autre barbu dont il est question, Saint-Nicolas.

Moins connu de par chez nous, Saint-Nicolas est surtout fêté dans les pays germaniques la nuit du 05 au 06 Décembre. Vu comme un homme jovial et généreux, il distribuerait des cadeaux aux enfants sages, alors que les vilains seraient punis par le père fouettard. Dick Maas, à qui l’on doit notamment L’Ascenseur ou Amsterdamned, va s’amuser avec cette légende, en mettant Saint-Nicolas comme un patron de pilleurs qui revient d’entre les morts tous les soirs de pleine lune, un 05 Décembre. Et forcément, en 2010, ça tombe pile poil et malgré les avertissements d’un policier qui a vécu ça enfant, la ville va être submergée par des actes sanglants perpétrés par Saint-Nicolas et sa bande de zombies. Le pitch est simple, mais il a le don de détourner une figure paternaliste connue de tous, pour l’aborder sous l’angle de la gaudriole et du gore.

« Cette double introduction va permettre alors de présenter l’antagoniste sans en faire des caisses. »

D’un point de vue scénaristique, il ne faut pas chercher bien loin. Le film débute avec les origines de Saint-Nicolas, qui va piller un village, et les villageois vont se débarrasser de lui en foutant le feu à son bateau. Quelques six cents ans plus tard, on se retrouve en 1968, et un jeune garçon du nom de Goert va assister, impuissant, au massacre de sa famille par des zombies et un Saint-Nicolas au visage mortifère. Cette double introduction va permettre alors de présenter l’antagoniste sans en faire des caisses (et en a-t-on besoin ?), puis de mettre en avant un futur anti-héros, traumatisé par cet évènement, qui va tout faire pour détruire définitivement celui qui est à l’origine de la perte de sa famille. C’est assez malin, et surtout cela montre que ce Saint-Nicolas est un vrai salopard, qui n’hésite pas à buter n’importe qui, même les enfants.

Par la suite, le film devient plus linéaire, et il va tout d’abord prendre son temps pour présenter divers personnages qui, on le sait, serviront surtout de chair à canon. On a droit aux lycéens qui se cherchent, s’insultent et se trompent, avec notamment le queutard de base qui s’avère être un gentil bougre. La nuit tombant, les attaques vont se multiplier, et le film de se transformer en une sorte de slasher fantastique, où les victimes vont en prendre pour leur grade. Dick Maas essaye tant que mal de générer un petit suspens avec Goert et sa fuite pour se faire justice, mais ce sont surtout les attaques qui viendront nous marquer, notamment grâce à la générosité du cinéaste, qui va se faire plaisir dans les tueries, et qui va tenter, malgré son faible budget, de faire des scènes marquantes, ou tout du moins, intéressantes à l’œil.

« Dick Maas s’amuse à n’épargner personne, ce qui fait que l’on se surprendra à craindre pour les deux héros, même s’ils sont mal assortis. »

Si on pourrait regretter le manque de plans iconiques autour de Nicolas (il y en a mais trop peu), les différentes morts sont assez graphiques, et le réalisateur ne lésine pas sur le côté gore. Les décapitations vont bon train, tout comme les bras qui s’arrachent, et d’un point de graphique, ça tient la route. C’est d’ailleurs très étonnant, car même si le film a plus de dix ans aujourd’hui, il reste tout à fait potable sur ces effets-là. Tout comme la course à cheval sur les toits d’Amsterdam, qui reste un excellent moment, avec une fin abrupte et puissante, qui laisse à penser que Dick Maas en a encore sous le capot. Le seul point négatif là-dedans réside dans certains effets numériques, comme le bateau de Nicolas, qui est vraiment mal incrusté et se révèle très laid à l’écran. Mais globalement, c’est vraiment jouissif.

D’autant plus que le film ne se limite pas à quelques morts, et que certaines victimes seront totalement innocentes, à l’image de cette pauvre infirmière en soin pédiatrique. Dick Maas s’amuse à n’épargner personne, ce qui fait que l’on se surprendra à craindre pour les deux héros, même s’ils sont mal assortis. Et puis il y a aussi un fond à cette histoire, avec une critique acerbe de la politique, qui va tout faire pour étouffer l’affaire, accusant alors Goert de tous les meurtres, et se réconfortant en se disant que de toute façon, dans quarante ans, ils boufferont les pissenlits par la racine. Une façon de pointer du doigt un système qui préfère mentir plutôt que de s’occuper des problèmes pour les régler de manière définitive. Alors certes, cela n’apparait qu’à la fin, mais ça donne un peu plus d’épaisseur à un film très sympathique.

Au final, Saint est un film d’horreur qui utilise bien l’image de Noël pour mieux la détourner. S’amusant comme un sale gosse pour offrir du gore et du drôle, Dick Maas renoue avec un certain talent et démontre qu’il est toujours autant inspiré dans sa mise en scène et ses idées foutraques. On regrette juste quelques errances scénaristiques et des passages dispensables (le bateau qui fonce sur l’autre bateau, c’est très moche) qui exacerbent un peu le petit budget du film… Mais globalement, c’est plutôt récréatif sans paraître ridicule, et c’est déjà pas mal !

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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