De : Tanya Wexler
Avec Kate Beckinsale, Jai Courtney, Stanley Tucci, Bobby Canavale
Année : 2021
Pays : Etats-Unis
Genre : Action
Résumé :
Lindy est une superbe femme pleine d’humour qui porte un douloureux secret. En raison d’un trouble neurologique rare, elle éprouve des pulsions de rage et de meurtre qui ne peuvent être contrôlées que lorsqu’elle se choque avec un appareil à électrodes. Incapable de trouver l’amour et sa place dans ce monde, elle accorde finalement sa confiance à un homme dont elle tombe éperdument amoureuse avant de le retrouver assassiné. Le cœur complètement brisé et dans une colère noire, elle se donne pour mission de venger le meurtre de cet homme tout en étant poursuivie par la police en tant que principale suspecte du crime.
Avis :
Il fut un temps où le cinéma d’action ronflait gentiment avec des films calibrés et qui s’amusaient à enfiler des perles. Puis est arrivé John Wick qui a redistribué les cartes du cinéma d’action américain, avec une intrigue qui tient sur un timbre-poste, mais une nervosité nouvelle qui conférait une certaine aura au long-métrage. Pas étonnant, dès lors, que le film devienne une franchise et inspire toute une flopée de cinéastes et de scénaristes. Avec Atomic Blonde, on avait un peu cette sensation de frénésie, avec à la place d’un bonhomme, une femme qui distribuait des mandales. Sans être exceptionnel, le film a ouvert la brèche à quelques films d’action avec des femmes badass. C’est un peu dans ce contexte opportuniste que vient poindre Jolt, film d’action décérébré qui met en scène une Kate Beckinsale qui a du mal à gérer sa colère.
D’un point de vue scénaristique, le film ne va pas chercher bien loin. Lindy est une jeune femme qui n’arrive pas à se contrôler, au point de zigouiller le premier venu qui lui casse les couilles. Après une longue introduction qui raconte la jeunesse de Lindy et son caractère trempé, on retrouve la séduisante demoiselle à un rencard, où elle va faire une rencontre inattendue, n’ayant plus besoin de son appareil à électrochoc pour contrôler sa colère. Manque de bol, le lendemain d’une nuit torride, son boyfriend se fait tuer et elle est bien décidée à remonter la piste pour le venger. Une piste qui va l’amener vers les hautes sphères de la bourgeoisie. C’est à peu près tout ce qu’il y a à se mettre sous la dent avec ce film qui a des allures d’Hyper Tension, mais sans jamais égaler la frénésie et l’humour cinglant dudit film.
Si le scénario n’est pas très intelligent, il aurait pu être cohérent et intéressant. Mais très clairement, il n’en est rien. Le début pose les bases de son personnage pour pouvoir foncer tête baissée dans le vif du sujet, mais rien ne va. La rencontre avec son amant est longue et fastidieuse, tout comme la présentation furtive de son médecin qui teste ce produit illégal pour calmer les fureurs de la jeune femme. Par la suite, Lindy va faire la nique aux policiers, en s’introduisant de partout sans jamais se soucier de la moindre cohérence. Il semblerait qu’elle ait des passe-droits sans que l’on sache vraiment pourquoi, et tout ce qui devient cool tombe à plat. On pense à l’intrusion dans un cercle de combats illégaux, ou encore à son escalade d’une tour, avec un grand méchant qui l’attend sur le toit.
Cette incohérence, on la retrouve aussi dans le montage du film. C’est frénétique, ça coupe toutes les dix secondes, au point que parfois, on se demande si l’équipe était sobre lors de l’opération. Par exemple, on passe rapidement d’un accident de voiture à l’assaut solitaire d’une tour, ou encore d’un food truck avec rien dans les mains. Jolt n’arrive pas vraiment à gérer son rythme, provoquant sans cesse des questionnements sur la crédibilité de l’action, voire même si la cohérence propre du récit. D’un point de vue technique, c’est très rare de voir un film qui fait autant fi de la logique, pour aller droit dans le mur. Ce n’est pas parce que c’est rapide, que l’on met des punchlines et une meuf badass que cela en fait un film de sale gosse. Bien au contraire, on a la sensation que rien n’est maîtrisé.
Et il faut ajouter à cela une image et une mise en scène qui ne sont pas intéressantes. Tanya Wexler nous avait habitués à mieux, et on sent qu’elle n’est pas dans son domaine de prédilection. On a droit à beaucoup de néons, à un aspect pop saturé qui empêche presque de savoir dans quelle époque on se trouve. On voit aussi que ça cite ses références sans vergogne, d’Atomic Blonde à John Wick dans la gestion des couleurs. Mais il manque une vraie personnalité au film, et surtout, un propos. Car hormis ce désir de vengeance, il n’y a rien et le film ne dégage aucune envie de raconter quelque chose. On ne croit pas un seul instant à cette histoire d’amour, et encore moins à ce désir de vengeance qui lorgne vers la violence gratuite. Une violence édulcorée, le film n’offrant finalement qu’une paire de combats.
Et que dire des personnages qui sont tous d’une nullité affligeante. A commencer par Kate Beckinsale qui ne transmet aucune émotion. Hormis péter un câble pour rien et surjouer la colère ou l’euphorie, on n’a pas grand-chose d’autre. Quant à Jai Courtney, fidèle à lui-même, il est au-delà de la nullité. En fait, jouer la comédie comme lui confère presque au génie, tant il est en dehors des clous. Stanley Tucci fait de la figuration et semble vraiment se faire chier dans le film. Même Bobby Canavale n’a rien à proposer, mais là, c’est à cause de son personnage qui n’apporte rien à l’intrigue et il pourrait être absent du film que cela ne changerait rien du tout. Et que vient faire Susan Sarandon dans cette galère ? Elle arrive à le toute fin dans l’espoir de lancer une franchise qui, on l’espère, ne verra jamais le jour.
Au final, Jolt est un film rempli de vide. Sous couvert de faire un film d’action frénétique avec une femme badass, la réalisatrice et les scénaristes se sont foutus un doigt dans l’œil jusqu’au coude. Apologie du rien, montage incohérent blindé de faux raccords et de liants qui n’ont rien à faire l’un à côté de l’autre, on peut aisément dire que le film de Tanya Wexler fait partie du bas du panier des John Wick-like, faisant même du tort aux acteurs, qui se demandent ce qu’ils font dans cette galère.
Note : 05/20
Par AqME