avril 19, 2024

Day Shift – Netflix a-t-il les Crocs?

De : J.J. Perry

Avec Jamie Foxx, Dave Franco, Snoop Dogg, Karla Souza

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Action, Fantastique

Résumé :

À Los Angeles, un chasseur de vampires a une semaine afin de réunir l’argent nécessaire pour payer l’école et l’appareil dentaire de sa fille. Il va devoir se saigner…

Avis :

D’un commun accord, les films Netflix semblent correspondre à des cahiers des charges bien précis. De ce fait, on a souvent tendance à dire que tous les films produits par la plateforme se ressemblent sur le fond, un peu comme sur la forme. Encore plus lorsque le grand manitou de la boîte annonce ne plus vouloir travailler avec des réalisateurs cultes ou très connus. On se retrouve alors face à des longs-métrages sans âme, qui peinent à convaincre tant ils ont tendance à vouloir satisfaire toutes les catégories de spectateurs. Pour autant, on peut parfois prendre du plaisir à regarder un film estampillé Netflix. De par son scénario simpliste, ou encore par sa volonté d’offrir un spectacle avant d’offrir de l’art, il peut arriver de laisser son cerveau sur le côté de suivre un spectacle correct. C’est le cas avec Day Shift.

Comédie horrifique au casting alléchant et au budget assez costaud, on retrouve derrière la caméra J.J. Perry dont c’est le premier long-métrage. Mais le type n’est pas un nouvel arrivant dans le domaine du septième art, puisqu’il fut coordinateur des cascades dans de nombreux films, et même assistant réalisateur de seconde équipe. Bref, un CV plus ou moins prestigieux dans lequel on retrouve des films comme John Wick, Django Unchained ou Warrior. On peut donc tabler sur une relation de confiance, même si le métier de réalisateur est un autre tour de manche. Et on peut se poser la question de la pertinence d’un tel choix de cinéaste quand on retrouve Jamie Foxx dans le rôle principal, et un film fantastique avec des vampires agressifs. Mais J.J. Perry s’en sort plutôt avec les honneurs.

En effet, Day Shift n’est pas un film désagréable à regarder, c’est même plutôt le contraire. Dès le départ, l’ambiance mise sur quelque chose de lumineux et d’ensoleillé, ce qui tranche nettement avec les films de vampires. Des vampires qui arrivent à circuler en plein jour, grâce à l’ombre de parapluie, ou à un surplus de crème solaire. Le réalisateur joue un peu avec les codes vampiriques, mais surtout, il n’essaye jamais de péter plus haut que son cul. Si on a droit à des séquences plan-plan lorsqu’il n’y a pas d’action, ce n’est pas la même tambouille lorsque les suceurs de sang débarquent. Les phases d’action sont nerveuses, mais surtout lisibles, et on prend beaucoup de plaisir à voir l’attaque du nid avec Scott Adkins, ou encore la grosse fusillade vers la fin du métrage. Il y a une réelle maîtrise et une envie de rendre tout cela impactant.

Bien évidemment, le film joue à fond la carte du long-métrage cool. C’est-à-dire que l’on sait à quoi s’attendre, mais le film fait tout pour que les personnages lâchent des punchlines, pour que les situations soient soit drôles, soit violentes, et que l’on prenne en empathie le héros et son enjeu un peu ridicule, emmagasiner un max d’argent en une semaine pour payer l’école de sa fille et son appareil dentaire. Malgré la faiblesse du script et les clichés utilisés pour caractériser les méchants, le film ne ment jamais sur ses intentions, jusqu’à jouer de ces clichés avec le personnage de Snoop Dogg qui en fait des caisses. Ou bien Peter Stormare en vendeur peu scrupuleux, qui renoue sans cesse avec son image de mafieux d’Europe de l’Est. Oui, c’est débile, mais ça s’assume et ça a conscience de son statut.

Néanmoins, aussi fun soit le film, il a aussi ses limites, et cela se caractérise en premier lieu par les intentions des méchants, qui sont ridicules. On aura droit à une femme machiavélique qui souhaite investir dans l’immobilier afin de loger toutes les races de vampire. Mais lorsque les chasseurs viennent mettre leur nez dedans, elle va forcément s’en prendre à la famille de ce dernier. C’est simple, trop simple, et surtout, ça ne prend jamais le temps de se poser pour raconter un peu le background des suceurs de sang. On sait qu’il y a plusieurs espèces, mais elles ne sont jamais bien définies et on regrette ce manque d’information. Tout comme on désespère de cet humour omniprésent et pas toujours très juste. Franchement, le coup du type qui se pisse dessus ou qui imite l’écureuil, c’est très gênant.

En fait, quand on y regarde de plus près, on voit directement les cases cochées pour ce genre de film. Et on sait à quoi s’attendre. Si l’ensemble est masqué par un aspect fun et un rythme enjoué, force est de constater que par moments, c’est la gêne qui prend la place. L’humour n’est pas toujours juste et certains personnages sont carrément imbitables. On peut évoquer le chef de l’union des chasseurs, avec sa coup mulet rousse, ou encore celui de Snoop Dogg, qui reste fidèle à son image, fumant des joints et restant très stoïque. Outre les personnages, le final est aussi très déroutant. On rentre dans les décors de Dora et la Cité Perdue pour un dernier combat fébrile et sans conséquence. Là encore, les codes Netflix sont suivis à la lettre, évitant tout pathos ou tout moment un peu sulfureux.

Au final, Day Shift est un film qui rentre parfaitement dans la catégorie des histoires rigolotes mais non marquantes. En voulant à tout prix rester dans des cases pour ne pas choquer ou bousculer son public, Netflix empêche certains réalisateurs d’aller plus loin que le simple film d’action fantastique un peu potache. Day Shift s’avère plaisant sur le moment, mais il ne restera jamais dans les mémoires, la faute à un scénario convenu, qui manque de mordant. Un comble pour un film de vampires…

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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