mars 29, 2024

L’Embarras du Choix

De : Eric Lavaine

Avec Alexandra Lamy, Arnaud Ducret, Jamie Bamber, Anne Marivin

Année : 2016

Pays : France

Genre : Comédie, Romance

Résumé :

Frites ou salade ? Amis ou amants ? Droite ou gauche ? La vie est jalonnée de petites et grandes décisions à prendre. LE problème de Juliette c’est qu’elle est totalement incapable de se décider sur quoi que ce soit. Alors, même à 40 ans, elle demande encore à son père et à ses deux meilleures amies de tout choisir pour elle. Lorsque sa vie amoureuse croise la route de Paul puis d’Etienne, aussi charmants et différents l’un que l’autre, forcément, le cœur de Juliette balance. Pour la première fois, personne ne pourra décider à sa place…

Avis :

Scénariste pour la série H, Eric Lavaine est passé derrière la caméra en 2006 avec Poltergay. Ne lâchant plus l’outil pour réaliser des films, il a aussi une fâcheuse tendance à prendre le stylo pour écrire ses scénarios. Spécialiste de la comédie un peu potache, on ne peut pas dire qu’Eric Lavaine soit l’un des meilleurs réalisateurs français. Si ces choix artistiques sont assez populaires, c’est tout simplement parce qu’il officie uniquement dans la comédie, et qu’il sait s’entourer d’un casting qui attire les foules. Cependant, on ne peut pas dire non plus que sa filmographie soit catastrophique, car le metteur en scène arrive toujours à insuffler quelques éléments intéressants dans ses films, avec parfois des sujets un peu sensibles. Le handicap ou le deuil font souvent partie de ses derniers métrages. Avec L’Embarras du Choix, Eric Lavaine apporte un peu de légèreté dans une romance somme toute classique.

Dans la vie, la plupart des gens sont confrontés à faire près de 35 000 choix par jour. Un chiffre astronomique qui va attiser la curiosité du réalisateur, qui va alors écrire un scénario à six mains. De là va naître ce film autour d’une femme qui n’arrive pas à faire des choix et qui souhaite que l’on décide pour elle. Après une déception amoureuse, le hasard de la vie va la mener vers deux hommes au même moment, dont elle tombe amoureuse. Toujours à cause du hasard, elle se retrouve à se marier le même jour avec ses deux prétendants, qui eux, ne se doutent de rien. De quiproquos en mauvais conseils, de non choix à des situations ubuesques, on va avoir droit à une sorte de course contre la montre pour dire la vérité aux deux garçons.

Et à travers ce pitch de découvrir une quarantenaire qui finalement va se trouver et comprendre son affliction. C’est là l’entièreté du scénario qui ne vise pas loin. Une romance contrariée, quelques gags, une résolution saine et le tour est joué. On pourrait se réjouir d’une telle simplicité, si seulement les sujets abordés n’étaient pas aussi superficiels. En effet, si cette capacité à ne pas faire de choix est le centre du film, force est de constater que l’héroïne n’en aura pas beaucoup à faire. Soit parce qu’elle est drivée par ses deux meilleures amies, soit parce qu’elle se laisse porter par le tumulte de sa vie. Du coup, cette incapacité à faire des choix n’a que peu d’impact sur le déroulement du film, et ne montre pas à quel point cela peut être douloureux. Car même dans la résolution, on reste sur un ton léger et sans conséquence.

De plus, on peut voir en filigrane d’autres thèmes qui ne sont qu’effleurés. On peut évoquer le coup du bel écossais un peu bourgeois dont la vie est contrôlée par la mère, avec une éducation stricte. Cela ne fera l’affaire que d’une scène. On peut aussi parler de la bouffe et des meilleurs ouvriers de France, avec une franche camaraderie entre les cuistots, mais c’est le temps d’une paire de dialogues. Il y a aussi le coup des réseaux sociaux et de Tinder, qui visiblement n’est fait que pour niquer et surtout pas tomber amoureux. Une belle réflexion de vieux réac… Bref, il n’y a pas de sujets vraiment travaillés et surtout, on se retrouve parfois avec des moments gênants, comme le personnage de Jérôme Commandeur, un type efféminé qui tente de dresser son chat. En 2016, on en est encore là sur la part féminine des hommes.

D’ailleurs, les personnages ne sont pas vraiment empathiques. Alexandra Lamy joue bien son rôle de quarantenaire, mais elle reste assez creuse, voire niaise. Cela donne lieu à quelques passages rigolos avec l’accent anglais, mais c’est très peu pour s’attacher à elle. Arnaud Ducret sera un personnage imposant, presque pénible, dont on va deviner les atours dirigistes assez rapidement. Seul Jamie Bamber surnage dans le métrage, avec un rôle toute en finesse. Et c’est pour cela que le film ne laisse aucune place au doute ou au hasard. Dès le départ, les dés sont pipés quand on compare les deux types, leur caractère et leur façon de faire. Rien que dans la caractérisation des personnages, le film se tire une balle dans le pied et annihile tout suspens. C’est dommage, car le film aurait pu flirter avec le drame, ou une romance un peu plus sombre.

Pour continuer sur les personnages, les protagonistes secondaires ne sont guère intéressants, et rentrent eux aussi dans des clichés bien précis. Anne Marivin est la meilleure amie coiffeuse un peu nunuche. Sabrina Ouazani est la nympho de base qui essaye de dévergonder l’héroïne. Jérôme Commandeur est le mari un peu gay qui profite de la situation de sa femme pour dresser son chat. Et Lionnel Astier joue le père, un peu aigri au départ, mais qui ne veut que le meilleur pour sa fille. Bref, un panel pas mauvais, mais qui n’apporte pas vraiment sa pierre à l’édifice. Tout comme les guests qui parsèment le film, avec Franck Gastambide ou Franck Dubosc en prêtre écossais alcoolique, qui plombe à lui tout seul une séquence plus malaisante qu’autre chose.  Bref, on navigue sur les eaux de la comédie franchouillarde sans génie et qui est là pour attirer la masse.

Au final, L’Embarras du Choix est une comédie romantique française lambda et passe-partout. Si la mise en scène est agréable, surtout lorsque nous sommes en Ecosse, le scénario, lui, reste d’une simplicité crasse et n’arrive jamais à maintenir un suspens. On peut aussi relever que les quelques fulgurances humoristiques sont anodines, n’arrivant pas à donner un peu de sel à un film finalement assez impersonnel. Bref, même si on reste dans une comédie honnête et loin des débilités du Christian Clavier Universe ou de Kev Adams, ça ne vole pas bien haut…

Note : 09/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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