avril 25, 2024

Prey – Un Bon Coup de Tomawoke

De : Dan Trachtenberg

Avec Amber Midthunder, Dakota Beavers, Dane DiLiegro, Stormee Kipp

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Action, Science-Fiction

Résumé :

Il y a trois siècles sur le territoire des Comanches, Naru, une farouche et brillante guerrière, se fait désormais un devoir de protéger sa tribu dès qu’un danger la menace. Elle découvre que la proie qu’elle traque en ce moment n’est autre qu’un prédateur extraterrestre particulièrement évolué doté d’un arsenal de pointe des plus sophistiqués. Une confrontation aussi perverse que terrifiante s’engage bientôt entre les deux adversaires…

Avis :

C’est en 1987 que John McTiernan va bousculer un petit peu les codes du cinéma de science-fiction en proposant Predator. Mettant aux prises un bataillon de l’armée avec un alien chasseur de trophées, le cinéaste ne savait pas encore qu’il allait lancer une franchise lucrative autour de son extraterrestre. Quatre ans plus tard, c’est Stephen Hopkins qui va se charger d’une suite, délaissant la jungle amazonienne pour la jungle urbaine, avec cette fois-ci plusieurs Predator. Le résultat ne sera pas à la hauteur du premier film, mais cette suite n’aura pas à rougir, surtout quand on sait ce qui va sortir par la suite. Réalisant le fantasme des geeks de l’époque, les Predator vont se retrouver à faire face aux Aliens, dans deux films lamentables, qui compteront comme des spin-off plus que comme des suites ou préquelles.

Pour retrouver une « vraie » suite au monstre culte de McTiernan, il faudra attendre 2018 et le film de Shane Black avec The Predator. A l’image de son metteur en scène, le film ne fera pas l’unanimité, notamment à cause d’un scénario aux fraises, où l’humour est un peu trop présent. Pour autant, la Fox avait dans ses bagages un petit projet secret avec le Predator, bien avant le rachat par Disney. De ce fait, Prey suscitait une curiosité teintée de crainte, avec notamment un passage par la case streaming et non pas salle de cinéma. Proposant en plus le newbie Dan Trachtenberg derrière la caméra (10 Cloverfield Lane), tout concordait pour rendre ce film fébrile. Et pourtant, la surprise sera bien là !

Woke pour certains, fragile pour d’autres, se voulant inclusif puisqu’une femme comanche ne peut lutter contre un Predator à la technologie avancée, voilà les quelques remarques que l’on peut avoir à la sortie de ce film. Mais c’est alors avoir mal cerné le film, qui par bien des aspects, se veut dans l’air du temps, tout en respectant une mythologie simple, la survie, en mettant à profit son intelligence et ses connaissances face à la force brute. De ce fait, Prey se révèle être un film intéressant, qui a compris l’essence même du premier métrage, et qui se permet même de mettre en avant des thèmes forts, comme l’égalité des sexes et la lutte permanente des classes minoritaires.

Ainsi donc, dans ce film, le scénario n’est pas vraiment épais sur ses enjeux. Il s’agit-là d’une simple lutte pour survivre dans un territoire hostile où chaque bestiole peut être dangereuse. Il n’est pas étonnant de croiser des serpents, des loups ou encore un ours, qui seront en perpétuelle chasse. Dan Trachtenberg sait qu’il doit présenter l’environnement comme un lieu hostile, où tout peut être un piège. Même la nature est impitoyable, à l’image de ce marais dans lequel on s’embourbe, et où l’héroïne manque mourir. Epuré jusqu’à la moelle, l’histoire n’est donc qu’une longue lutte pour se faire valoir par rapport aux autres de la tribu et s’affirmer, loin de la cueillette ou des recettes pour soigner les plaies.

Bien évidemment, Prey est dans l’air du temps, ne proposant dès lors pas un régiment de gros bras, mais une jeune femme agile et intelligente, qui va utiliser son intelligence et ses ressources pour se sortir de plusieurs mauvais pas. Amber Midthunder est impeccable dans ce rôle badass, où elle va se rendre compte de ses faiblesses, mais va tout faire pour lutter, sans cesse, afin de prouver sa bravoure à son frère, mais aussi à sa tribu. Le cheminement est malin, lui mettant constamment des bâtons dans les roues pour qu’elle apprenne. On va la voir observer, créer et s’entrainer pour se sortir de situations complexes. C’est simple, mais cela permet de ressentir une réelle empathie pour cette héroïne qui représente à elle seule une lutte contemporaine.

L’autre aspect très malin du film, c’est de monter en parallèle le cheminement du Predator. Lui aussi doit se faire à son environnement, en découvrant aussi de gros prédateurs, à l’image de cet ours affamé, donnant lieu à une bagarre violente et percutante. Il va alors faire la connaissance de quelques colons canadiens, dans une séquence qui ne laisse que peu de place aux dialogues, le réalisateur préférant mettre en avant de l’action à tout va et des mises à mort inspirées et très graphiques. D’ailleurs, en parlant de colons, la créature va aussi avoir une symbolique très forte, prenant la place de l’envahisseur européen, qui va venir quelques années après et faire un vrai massacre dans les communautés comanches. Prey reprend alors le Predator comme une menace palpable et historique, lui conférant dès lors une autre dimension.

Alors bien évidemment, le film n’est pas parfait. Il y a plein de petites scories en son sein qui font que parfois, on grince un peu des dents. Par exemple, les effets spéciaux ne sont pas totalement réussis. On pense aux animaux en CGI, mais aussi lorsque le Predator est en mode invisible. Les incrustations ne sont pas toujours propres, et pour un film de 2022, il ne tient pas vraiment la route là-dessus. De plus, on pourrait pester contre des personnages secondaires inexistants. McTiernan avait réussi à donner corps à tout le régiment de commando. Ici, Dan Trachtenberg galère vraiment pour donner de l’épaisseur au grand frère, qui n’a finalement qu’un rôle mineur. Même si ce dernier aiguille sa sœur dans sa quête et l’encourage pour qu’elle réalise ce qu’elle veut. Mais ça reste léger.

Au final, Prey est un film qui est assez inattendu dans le monde du Predator. Sorte de préquelle sans jamais vraiment l’avouer, véritable métaphore d’un colonialisme puant, Dan Trachtenberg dirige son petit monde de façon maline et percutante, sans jamais tomber dans le piège du too much ou du pas assez. Il en résulte un vrai film de survie bien orchestré, épuré et simpliste dans sa trame, mais qui possède un vrai fond et dont les thèmes résonnent de nos jours. Sans être un chef-d’œuvre et ne dépassant pas du tout le premier film de la franchise, il n’en demeure pas moins que Prey est un œuvre sincère et âpre, qui s’incruste parfaitement dans une licence qui semble, enfin, prendre les bons rails.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.