avril 27, 2024

Dodo – Déception à la Grecque

De : Panos H. Koutras

Avec Smaragda Karydi, Akis Sakellariou, Natasa Exintaveloni, Marisha Triantafyllidou

Année : 2022

Pays : Grèce, France, Belgique

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Dans leur luxueuse villa aux environs d’Athènes, Mariella et Pavlos, un couple au bord de la ruine, s’apprêtent à célébrer le mariage de leur fille Sofia avec un riche héritier. C’est alors qu’un dodo, oiseau disparu il y a 300 ans, fait son apparition, entraînant tous les protagonistes dans une ronde folle. La situation sera bientôt hors de contrôle…

Avis :

Grec et Athénien pour toujours, Panos H. Koutras a fait ses études entre Londres et Paris. Passionné de cinéma, il commence à réaliser des courts-métrages au milieu des années 80. Pendant une bonne dizaine d’années, il va se construire une petite réputation, avec ses courts, qui vont voyager de festival en festival. En 1995, il fonde à Athènes sa maison de production, et il se lance dans l’écriture de son premier film, qu’il présentera en 1999. Ce premier film, c’est « L’attaque de la moussaka géante« . Le film deviendra culte presque instantanément, et assurera à Panos H. Koutras la réalisation d’un prochain film.

Cinquième film pour Panos H. Koutras, « Dodo » est un film choral dans lequel le metteur en scène explore tout un tas de personnages qui vont être tous plus ou moins intéressants. Oscillant entre la comédie et le drame familial et social, « Dodo » est un film qui avait tout pour nous faire passer un excellent moment de cinéma et finalement, c’est avec regret que le film va se poser comme une déception. Alors bien sûr tout n’est pas raté au sein de ce film, on peut même dire qu’il tient des instants de cinéma assez jouissifs et amusants, mais sur l’ensemble, tout ne colle pas, et au-delà de ça, deux heures et douze minutes pour raconter cette intrigue-là, c’est beaucoup trop long.

Rien ne va plus chez Mariella et Palvos qui s’apprêtent à célébrer le mariage de leur fille dans trois jours. La famille, qui habite dans une grande villa luxueuse, est criblée de dettes et a bien du mal à voir comment ils vont s’en sortir, et ils capitalisent énormément sur le mariage de leur fille pour les sortir de cette très mauvaise passe. L’affaire qui était déjà compliquée, se tend encore un peu plus lorsqu’un Dodo, oiseau disparu de plus de trois cents ans, décimé par les hommes, réapparaît et vient se cacher dans la villa du couple…

Eh bien me voilà bien embêté à la sortie du nouveau film de Panos H. Koutras qui livre-là un film choral qui réunit bien des ingrédients pour être un film ô combien sympathique et dans un autre sens, il réunit aussi bien des ingrédients pour abîmer le plaisir qu’on éprouve devant cette petite farce où ce dodo envahissant se pose comme la métaphore parfaite de cette famille qui se fissure et qui au bout du compte, un peu comme le sort qui a été réservé à cet oiseau, sera amené à disparaître.

Écrit par Panos H. Koutras, « Dodo » est un film dont le principal souci réside dans son écriture, qui s’aventure à peindre trop de personnages et trop de pistes. « Dodo » est un film qui aborde les problèmes d’une famille. Problèmes d’argent, problèmes de confiance, aventures cachées, et bien sûr des secrets qui ne vont pas tarder à se révéler. Alors que tous ces problèmes auraient déjà pu faire un film à eux seuls, on ajoutera à cela un sentier qui aborde les problèmes migratoires, avec l’accueil de deux réfugiés syriens au sein de la famille. Il y a aura aussi un sentier qui respire la mafia à plein nez avec le personnage d’Alexis. D’ailleurs de ce côté-là, toutes les ficelles que va tirer le réalisateur ne sont pas très claires (l’argent, ou encore le piège tendu…).

On ajoutera aussi des personnages sexuellement troubles et troublés, dont certains sont même oubliés en cours de route, comme ce pelotage entre le personnage de Florian et un ouvrier en début de film… Puis enfin, il y a ces problèmes de domestiques voleurs qui préparent tout un complot de leur côté. Si l’intrigue nous réserve de bons moments, et des personnages hauts en couleurs, tout comme sur l’ensemble, le film se laisse gentiment regarder, « Dodo » apparaît aussi comme un film foutraque qui ne sait finalement pas vraiment sur quel pied danser tant Panos H. Koutras veut trop en mettre.

Avec toutes ces ficelles vient aussi des soucis de rythme, avec cette sensation quasi-constante que « Dodo » a franchement du mal à décoller. En fait, même si parfois le réalisateur arrive à nous emporter et à nous amuser, on reste dans l’attente de plus, on reste dans l’attente que l’intrigue se lance enfin pleinement et ça, ça va arriver véritablement sur le dernier quart d’heure.

Si le film a des soucis avec son rythme, et malgré les déceptions qu’il peut fournir, il faut aussi lui laisser que « Dodo » est un film qui fourmille d’idées et d’originalité dans sa mise en scène. Panos H. Koutras s’amuse avec ces histoires et ces personnages, et si tout ne tient pas la route, le réalisateur est capable aussi de nous toucher avec certaines facettes de cette intrigue, tout comme avec son côté haut en couleurs, le film est capable de nous amuser. Franchement, les scènes d’hystérie collective face à ce piaf du passé qui envahit la villa de ces faux bourgeois nous offrent de quoi sourire et nous amuser.

A noter aussi le côté multiculturel du film, avec des personnages qui parlent en grec bien sûr, mais aussi en français, en albanais et en anglais. Puis enfin, il faut saluer les effets spéciaux qui donnent vie à ce dodo, qui a sacrément de la tronche.

Enfin, si le film tient trop de personnages, il y en a facilement une bonne douzaine, certains d’entre eux sont assez prenants et malgré le trop de ficelles tirées, sur l’ensemble, ils sont plaisants, ces personnages, d’autant plus qu’ils sont tenus par une bande d’acteurs qui sont tous excellents.

Ainsi, je ressors terriblement partagé de ce « Dodo« . D’un côté, je ne peux pas dire que j’ai passé un mauvais moment. L’ensemble m’a amusé, même si ça apparaît comme fourre-tout. Le film propose beaucoup de bons moments, et beaucoup de personnages attachants, mais voilà, derrière ça, « Dodo » est trop long et peine franchement à démarrer. Puis le film se perd aussi au milieu de toutes ces intrigues qu’il mélange. Ainsi, ce cru 2022 pour Panos H. Koutras se pose en demi-teinte, et si d’un côté, je ne regrette pas de m’y être arrêté, de l’autre, j’en ressors déçu.

Note : 10/20

Par Cinéted

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