avril 23, 2024

Alkhimya – Emergence

Avis :

Faire parler de soi quand on est un groupe de métal français, c’est très compliqué. Déjà parce qu’il faut trouver un label qui puisse se le permettre, puis il faut réussir à percer dans un genre qui n’est pas en terre sainte. Car contrairement à nos voisins teutons, on a les groupes, mais on est incapable de bien les produire, la faute à un public de masse qui n’aime pas ça. Bref, la vie pour les groupes de métal français, hormis de rares exceptions, ce n’est pas la joie. Formé en 2008 et nommé jusqu’en 2013 4Century, c’est réellement juste après qu’Alkhimya voit le jour. Oscillant entre le Death pure souche et quelques élans Folk ou Mélo, le groupe n’a, pour l’instant, qu’un seul album à son actif, Emergence, signé chez Sleazy Rider Records. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du talent.

D’ailleurs, le premier morceau est là pour en attester. Odysse frappe fort dès le début, avec un gros riff très accrocheur et un chant en growl qui est parfaitement maîtrisé. En un peu plus de trois minutes, le groupe met tout le monde d’accord et offre un Death puissant qui ne laisse aucun doute sur la technicité des musiciens. Dans le même temps, on se régalera sur des titres similaires, à l’image de No More Lies qui là aussi, ne fait pas dans la dentelle et s’organise autour d’un Death référencé, puissant, mais qui reste maîtrisé. Dark Messiah sera dans le même moule, et les six minutes passeront comme une lettre à la poste. De plus, on peut féliciter le groupe pour ses tentatives de créer une atmosphère poisseuse et sombre, avec des ajouts intéressants et malins.

Malheureusement pour nous, et pour le groupe, il y a aussi de nombreuses scories dans cet album. La première de toute va bien évidemment provenir de la production. D’un point de vue global, Emergence est un album qui s’écoute sans problème, et qui possède même des moments fortiches, prouvant la qualité intrinsèque de la formation. Mais on sent que certains titres manquent de puissance, ou tout du moins d’un back-up plus imposant. On pense par exemple au délire Folk Earth Dance, qui est 100% instrumental, mais qui n’arrive pas vraiment à s’imposer. Ça veut ressembler à du Folk nordique, mais finalement, ça n’en a pas l’aura, la faute à une tessiture assez lisse et un manque d’envergure. Certainement à cause d’un manque de budget. On peut aussi citer New Era, qui clôture l’album, mais qui n’a pas d’épaisseur suffisante pour nous convaincre pleinement.

Le deuxième point qui vient gâcher la fête, c’est clairement la présence de la chanteuse. Car si le growl est parfaitement maîtrisé et que les morceaux qui se forment uniquement autour de la voix masculine sont bons, ce n’est pas le cas de ceux où la vocaliste fait une apparition. Tout simplement car elle chante faux. Et c’est très étonnant d’arriver à un tel constat, car non seulement le groupe a changé de chanteuse avant la sortie de l’album, mais qu’en plus, ça s’entend. On a l’impression que la formation n’arrivait pas à trouver quelqu’un d’autre et s’est accommodé de ça. Mais elle vient bousiller The Fateful Path avec des interventions qui font mal aux oreilles. Sans compter sur Fallen, ou, pire de tous les titres, Another Dimension of Mine. C’est un véritable calvaire et je pense que tout le groupe en est conscient.

Le problème, c’est que cela gâche quasiment tout l’album et empêche le groupe de s’élever vers d’autres sphères. Blinded Soul aurait pu être un bon titre, mais avec une voix plus juste et plus marquée. Là, on attend juste le growl pour offrir un peu d’énergie. Et que dire de Under the Moonlight, qui n’arrive jamais à se faire touchant, ou tout du moins à créer une ambiance intéressante. Avec une telle chanteuse, on a vraiment la sensation d’être dans un titre low-cost. Alors oui, le budget du groupe doit être tout riquiqui, mais tout de même, il n’y avait personne d’autre sous la main ? C’est vraiment dommage car les musiciens sont très bons. Hormis sur Sehnsucht, dont on ne sait pas trop si c’est une reprise de Rammstein, tant rien ne va dans ce morceau.

Au final, Emergence, le premier album d’Alkhimya, souffle le chaud et le froid, mais on restera plus facilement du côté frileux. En effet, si les musicos sont bons et que techniquement, il n’y a rien à dire, la chanteuse vient tout faire capoter, n’arrivant jamais à trouver une bonne tessiture ou une identité vocale. Pire, on a souvent la sensation qu’elle chante faux, ce qui gâche la plupart des morceaux. C’est un peu triste à dire, mais Alkhimya se plante une épine dans le pied, et ça semble dur de l’enlever…

  • Odysse
  • The Fateful Path
  • No More Lies
  • Fallen
  • Earth Dance
  • Another Dimension of Mine
  • Blinded Soul
  • Dark Messiah
  • Under Moonlight
  • New Era
  • Sehnsucht

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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