mars 29, 2024

Chien – La Société est un Sale Clébard

De : Samuel Benchetrit

Avec Vincent Macaigne, Vanessa Paradis, Bouli Lanners

Année : 2018

Pays : France

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Jacques Blanchot perd tout: sa femme, son travail, son logement. Il devient peu à peu étranger au monde qui l’entoure, jusqu’à ce que le patron d’une animalerie le recueille.

Avis :

Samuel Benchetrit, après Asphalte, revient avec une nouvelle comédie dramatique douce-amère, porté par le talent de Vincent Macaigne (Jacques). Chien est un film étonnant qui prend des risques et qui a une vision critique de notre société.

Un personnage triste, mais attachant, qui subit la pression d’une société rabaissante.

Jacques (Vincent Macaigne) est un homme foncièrement bon. Gentil, aimant, calme, parfois trop naïf, il ne ferait pas de mal à une mouche. Il subit les aléas de sa société et se laisse manipuler par ses proches et les différentes hiérarchies sociétales. Ce personnage subit plus qu’il ne s’épanouit.  Il subit les trahisons de sa femme, le mépris de son fils, le dogme de l’argent et son travail d’un ennui mortel. Les jours passent et se ressemblent, jusqu’à ce que son épouse, interprétée par Vanessa Paradis, le quitte, affirmant qu’il lui donne des démangeaisons. Jacques est naïf de croire son épouse qui veut simplement se débarrasser de lui, il a confiance en son patron, en son banquier, et aux différents personnages qu’il croise. Jacques ne parvient pas à comprendre l’interaction néfaste que peuvent entrainer certains individus.

Vincent Macaigne est parfait dans son rôle. Avec un jeu d’une superbe justesse, il crée un personnage quelque part entre une tristesse infinie, et un bonheur communicatif. Jacques essaye d’être le meilleur avec ses proches, mais la société ne calcule plus la valeur d’un Homme avec ce qualificatif, mais selon sa réussite sociale et professionnelle. Au vu de la société, Jacques est un énorme looser. Cet homme détruit et rabaissé va chercher un moyen de remonter la pente, en se transformant en chien.

Une transformation impressionnante

Sans transformer l’homme, celui-ci va devenir chien. Vincent Macaigne, à quatre pattes, va faire le canidé. Sans jamais aboyer, l’acteur se met dans la peau de l’animal, prend ses mimiques et ses agissements avec énormément de justesse. Le spectateur finit par y croire et voit autant l’homme que le chien.  A partir de là, les ressorts comiques disparaissent peu à peu, remplacés par de l’empathie. Devant ce drame social, devant cet homme qui perd sa fierté à jouer le chien pour survivre dans cette société oppressante, le spectateur est presque mal à l’aise. Samuel Benchetrit veut démontrer qu’un Homme dos au mur est prêt à tout pour s’en sortir, même devenir un chien.

Dans son final, Chien devient une œuvre méta, avec sa conclusion ouverte qui laisse de nombreuses interprétations possibles. Le chien devient l’Homme et l’Homme devient le chien, comme si dans notre société l’Homme peut être considéré comme un chien et inversement. Ce retournement de situation entraîne une conclusion floue, qui laisse des questions en suspens. Finalement, le seul défaut de ce long métrage, c’est son ventre mou dans sa seconde partie. La transformation est trop lente. C’est un processus indispensable au film, c’est l’effet d’une situation désespérée, mais  Samuel Benchetrit en fait un peu trop, ce qui entraîne un enchaînement trop lent.

Cette œuvre complexe qui met en avant comment l’homme est enchaîné à sa société, rabaissé au rang de chien, et comment ce dernier peut prendre des privilèges humains, est d’un intérêt certain. Drôle et amère, Chien est une œuvre surprenante, qui malheureusement a un ventre mou assez lent, mais qui séduit pour son originalité.

Note : 15/20

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Par Aubin

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