avril 23, 2024

En Corps – Klapisch et la Danse

De : Cédric Klapisch

Avec Marion Barbeau, Hofesh Shechter, Denis Podalydès, Muriel Robin

Année : 2022

Pays : France

Genre : Drame, Comédie

Résumé :

Elise, 26 ans est une grande danseuse classique. Elle se blesse pendant un spectacle et apprend qu’elle ne pourra plus danser. Dès lors sa vie va être bouleversée, Elise va devoir apprendre à se réparer… Entre Paris et la Bretagne, au gré des rencontres et des expériences, des déceptions et des espoirs, Elise va se rapprocher d’une compagnie de danse contemporaine. Cette nouvelle façon de danser va lui permettre de retrouver un nouvel élan et aussi une nouvelle façon de vivre.

Avis :

On ne présente plus Cédric Klapisch, réalisateur du « Péril jeune« , de « L’auberge espagnole » et ses suites ou encore « Paris » et « Ce qui nous lie« . Il faut dire que le metteur en scène français fait fort depuis trente ans maintenant. Klapisch, c’est l’un des cinéastes dont chacun des films est attendu comme un événement dans le paysage du cinéma français. Après s’être aventuré sur le petit écran, histoire de lancer une certaine série nommée « Dix pour cent« , Klapisch nous a offert un magnifique film sur la famille avec « Ce qui nous lie« , puis un joli film sur deux âmes qui ne cessent de se croiser à Paris, avant de vraiment se rencontrer.

Avant de retrouver la troupe de « L’auberge espagnole » pour une « Salade Grecque« , qui sortira d’ici un an en format série télé pour Amazon Prime, Cédric Klapisch s’est aventuré dans l’univers de la danse, un thème aussi vu et revu qu’il n’est pas si évident que cela en fin de compte, car il faut réussir à le réinventer pour éviter de raconter encore et encore la même histoire, et c’est justement ce que Klapisch vient de faire. Avec « En Corps« , même si le réalisateur tire des ficelles « faciles », il nous livre surtout un film énergique, vibrant et touchant, porté par une jeune danseuse et actrice impeccable qu’on se plaît à découvrir et mieux encore, qu’on aurait envie de suivre n’importe où. « En Corps » se pose comme un beau film qui bouscule quelque peu la filmographie de son auteur.

Elise a vingt-six ans et elle est danseuse classique. Lors d’un spectacle, elle se blesse gravement la cheville et apprend qu’elle ne pourra peut-être plus jamais danser. Il lui faut donc énormément de repos, et solliciter le moins possible sa cheville, pendant trois à quatre mois, le corps médical décidera après. Une épée de Damoclès se pose alors au-dessus de sa tête, et il est très difficile pour la jeune femme d’imaginer sa vie sans la danse. En attendant, pour aider une amie, elle l’accompagne quelques semaines en Bretagne pour tenir un food truck pour une maison qui accueille des artistes qui viennent répéter et se ressourcer. Elise, vingt-six ans, de formation danse classique, ne sait pas encore qu’elle est sur le point de vivre sa deuxième vie…

Pour son quatorzième film, Cédric Klapisch a décidé de changer radicalement de ton et de style pour s’aventurer autre part et cette prise de risque s’avère payante, car « En Corps » ne ressemble à aucun autre des films de Klapisch, et même s’il nous entraîne dans une histoire assez simple, pour ne pas dire classique, le réalisateur va y mettre tellement d’énergie et de cinéma que ce nouveau film va se poser comme une véritable bouffée d’air frais et de positif.

C’est donc entre grâce, délicatesse et les blessures que Cédric Klapisch a décidé de placer sa caméra. Tomber, se blesser, continuer de rêver, accepter ou non, ne pas se décourager, vaincre sa peur, aller vers d’autres horizons, se révéler, et finalement danser pour se libérer, voilà le programme du nouveau film de Cédric Klapsich et le moins que l’on puisse dire, c’est que le metteur en scène nous le livre avec une certaine maestria. « En Corps » est un film qui va bien plus loin que les ficelles de son intrigue classique. C’est un film qui danse, de fulgurance en fulgurance et ça, dès ses premières minutes, avec notamment un impressionnant générique, qui nous dit clairement que ce film ne sera pas celui qu’on imagine.

« En Corps » est un film qui explore les corps, les blessures physiques ou celles de l’âme. C’est un film qui cherche à se reconstruire et qui va prendre tout le positif qu’il peut trouver au travers de rencontres, de regards, d’envie, de questionnements, d’hésitation, de folie, de drôlerie, et surtout de liberté. La liberté d’essayer, de réessayer, d’y croire, de la vouloir, et de ne jamais renoncer. Alors, dit comme cela, « En Corps » peut résonner comme bien des films de danse qu’on a déjà pu voir en masse et pourtant, même si les sentiers sont identiques, le film de Klapisch se démarque clairement.

Ici, Klapsich conjugue les horizons, il mélange les arts, et l’on se laisse cueillir sans l’ombre d’un souci. Mieux encore, on s’amuse beaucoup, car le réalisateur injecte beaucoup de comédie, notamment avec des personnages secondaires impeccables, le couple Pio Marmaï et Souleiha Yacoub sont tordants, François Civil en kiné est absolument hilarant, et Muriel Robin égale à elle-même nous offre quelques répliques cinglantes qui ont de quoi nous faire sourire. Puis derrière les sourires, « En Corps » nous touche beaucoup de par la simplicité, la vérité et la reconstruction parfaitement orchestrée par son actrice principale, la jeune Marion Barbeau, dont c’est la première fois au cinéma. Cette danseuse de l’opéra de Paris est absolument bouleversante et tient le film de bout en bout. Révélation magnétique, talentueuse, discrète et tellement présente, son personnage est sublime et la voir se reconstruire et vaincre ses peurs petit à petit est passionnant, et c’est là que le talent de Klapsich ira, car comme je le disais, cette histoire, on la connaît déjà, et pourtant, avec un cinéaste et un conteur d’histoire et de personnage comme Klapisch, il y a clairement du neuf et ça fait du bien.

Plus haut, je parlais de fulgurances, et bien ces fulgurances, on les trouve aussi dans la mise en scène de son cinéaste, notamment dans la façon qu’il a de filmer les corps, les danses, seul ou en groupe, les répétitions, les muscles qui se tendent et se tordent, ou encore les lâchers prise seuls, cachés, ou encore en spectacle. On sent une passion pour son sujet de la part de Klapisch, on sent une envie de faire et d’offrir quelque chose de radicalement différent, et en même temps, on retrouve aussi des instants plus posés, notamment dans l’humour ou les liens d’amitié, qui sont offerts avec toujours autant de générosité.

« En Corps » est donc un film qui booste la filmographie de Cédric Klapisch. Alors qu’il fête ses trente ans de carrière cette année (et encore, trente ans, c’est si l’on part de son premier long), Cédric Klapisch nous démontre avec assurance, beauté, intrigue, et talent qu’il peut se réinventer et nous offrir du neuf, en s’aventurant dans un genre dont on peut avoir facilement fait le tour. Poésie des corps, douleurs et délicatesses, éclats de rire aussi chez les personnages que dans la salle, émotion, reconstruction de soi, courage, rêve, évasion… Bref, ce « En Corps » est vraiment très beau, et plus j’y pense et plus il est beau !

Note : 16,5/20

Par Cinéted

Une réflexion sur « En Corps – Klapisch et la Danse »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.