Titre Original : Ghost Stories
De : Karan Johar, Dibakar Banerjee, Zoya Akhtar, Anurag Kashyap
Avec Sobhita Dhulipala, Mrunal Thakur, Janhvi Kapoor, Divya Dutta
Année : 2020
Pays : Inde
Genre : Horreur
Résumé :
Quatre récits horrifiques prenant place en Inde. Une jeune infirmière doit s’occuper seule d’une vieille dame étrange dans une grande maison. Une nounou qui n’arrive pas à avoir d’enfant voue un culte à un corbeau qui vit dans son plafond. Un travailleur social tombe dans une ville où les gens se sont transformés en monstres cannibales. Une jeune femme se marie à un homme qui discute avec sa grand-mère morte.
Avis :
Netflix est une plateforme qui permet à certains réalisateurs de concrétiser des films impossibles à sortir au cinéma, comme pour Scorsese et son The Irishman mais c’est aussi une plateforme où l’on trouve des produits étonnants, parfois intéressants et souvent de mauvais goût. Dans le domaine de l’horreur, on peut dire que l’on est servi par toute une flopée de films relativement vides, dont le seul intérêt est leur pays de provenance. En effet, Netflix fait la part belle à des pays comme la Turquie, la Thaïlande ou encore l’Inde, pour agrémenter son catalogue de quelques moments horrifiques difficilement trouvables ailleurs. Et Histoires Terrifiantes fait partie de ces films improbables que l’on ne peut trouver que sur le net. Ici, quatre courts-métrages se bousculent pour essayer d’instiller de la peur en nous. Quatre métrages qui n’ont aucun liant, et qui, soyons direct, n’ont aucun intérêt.
Le premier segment raconte l’histoire d’une jeune infirmière qui doit assurer un remplacement auprès d’une vieille dame sénile souffrant de diabète. Arrivant sur place, elle va se rendre compte que la vieille femme parle souvent de son fils, qui n’est pas présent, et la jeune infirmière ressent une présence le soir. En parallèle de son activité, on va en savoir plus sur cette nurse, qui fait des galipettes avec un homme marié dont elle attend le divorce. Bref, pour faire simple, le court essaye de faire croire à une histoire de fantôme en mettant en avant une nana esseulée et un peu adultère sur les bords. Le ton est donné dès ce premier chapitre, qui n’apporte rien de bien neuf. Le réalisateur tente une réalisation lente au sein d’un appartement étrange, mais il loupe tout ce qu’il entreprend, la faute à un jeu d’acteur rigide et surtout, une histoire rocambolesque qui ne passionne pas. Les effets de peur sont distillés au sein d’un néant accablant et la résolution, qui essaye de jouer sur une possible boucle temporelle, ne sert à rien, si ce n’est à montrer l’incapacité du cinéaste à tenir une intrigue debout. En clair, on s’emmerde sec et seule l’actrice jouant la vieille dame s’en sort avec les honneurs.
Et on aurait pu s’attendre à quelque chose de mieux par la suite, mais ce ne sera pas le cas. On va descendre encore d’un cran avec le segment suivant qui est une calamité. On va suivre une nounou qui garde un enfant un peu exclusif. Elle voudrait bien avoir un bébé mais fait des cauchemars et l’enfant semble avoir tissé un lien intime avec cette femme, lui faisant mal au ventre quand il gribouille une femme sur une feuille blanche. Ajoutons à cela une fascination pour un corbeau invisible qui n’a aucune symbolique et on obtient le segment le plus incompréhensible du film. Sans queue ni tête, avec une narration éclatée bordélique, mettant en avant des cauchemars qui sont peut-être des flashbacks ou des flash-forward, le court se perd en cours de route et nous perd en cours de route. Le final est d’une bêtise accablante, où l’on va voir la jeune femme se transformer en femme-corbeau pour on ne sait quelle raison. Les relations humaines sont inexistantes, le filtre gris qui baigne tout le film est très laid et ne sert aucunement l’ambiance… Bref, c’est bien le pire segment du métrage.
Le troisième segment sera peut-être le moins pire, mais il part pourtant très mal. On va y suivre un homme dont on ne connait la fonction, et il va tomber dans une ville où les adultes se sont transformés en monstres cannibales. Il va s’enfermer dans une maison avec deux enfants, et il va discuter avec eux. Chiant comme la pluie est le terme le plus approprié pour ce début de segment. Au moment où les protagonistes décident de sortir, les choses se bougent un peu plus, on va y découvrir les monstres et une jeune fille va se faire défoncer. C’est d’ailleurs le seul moment un peu « osé » de tout le film, mais il est gratuit et tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Les monstres sont d’ailleurs ridicules, et font plus penser à des yétis en plastiques (ou à des orcs pour certains), qu’à de vrais monstres avec un bon design. Là, ça prête plus à rigoler. La fin est catastrophique, digne d’un nanar sur Syfy et les acteurs jouent tous très mal. Le seul point positif de ce court, c’est finalement son ambiance un peu apocalyptique, mais cela se limite à deux ruelles…
Enfin, le quatrième métrage ne vaut le coup que pour l’actrice principale qui est une beauté incroyable. S’il est vrai que cette remarque est un peu misogyne, elle va bouffer la caméra tout en jouant les ingénues. En fait, elle va se rendre compte qu’elle va se marier à un homme qui parle avec sa grand-mère qui est morte depuis vingt ans. Si cela aurait pu être une critique acerbe sur le mariage blanc, le court va prendre la direction du nanar luxueux où le type joue à cache-cache avec sa grand-mère et où toute la famille semble verser dans l’ésotérisme et le spiritisme prout-prout. Lent, moche, avec une mise en scène pitoyable, ce segment finit de clôturer une anthologie dont on se serait bien passé. Car en plus de cela, le film ne prend pas la peine de faire dans le second degré, il est très sérieux, et va à fond dans le jumpscare gratuit et éculé depuis des lustres. Bref, sans rentrer dans les détails, c’est une catastrophe.
Au final, Histoires Terrifiantes est une anthologie d’une nullité abyssale. Le fait qu’il n’y ait aucun liant entre les histoires montre à quel point cela sent l’opportunisme et une certaine fainéantise dans la façon de faire. Il n’y a dans ces segments aucune volonté de réellement faire peur, aucun moment gore ou subversif (si ce n’est le meurtre d’une jeune enfant) et aucune envie de vraiment percuter le spectateur. Le résultat est édifiant de bêtise et d’ennui, 2h20 mortelles mais pas dans le bon sens du terme. Ici, c’est plus la mort cérébrale qui nous guette que la crise cardiaque… A éviter de toute urgence.
Note : 01/20
Par AqME