avril 25, 2024

Houria – La Danse comme Reconstruction

De : Mounia Meddour

Avec Lyna Khoudri, Rachida Brakni, Meriem Medjkane, Nadia Kaci

Année : 2023

Pays : France, Algérie

Genre : Drame

Résumé :

Alger. Houria est une jeune et talentueuse danseuse. Femme de ménage le jour, elle participe à des paris clandestins la nuit. Mais un soir où elle a gagné gros, elle est violemment agressée par Ali et se retrouve à l’hôpital. Ses rêves de carrière de ballerine s’envolent. Elle doit alors accepter et aimer son nouveau corps. Entourée d’une communauté de femmes, Houria va retrouver un sens à sa vie en inscrivant la danse dans la reconstruction et sublimation des corps blessés…

Avis :

Réalisatrice algérienne, Mounia Meddour a étudié le cinéma au CEFPF, puis à la Fémis. Elle débute dans la réalisation de documentaire en 2006 avec « Tikjda, la caravane des savoirs« . S’en suit alors cinq autres documentaires en l’espace de cinq ans, avant un court-métrage de fiction en 2012. Par la suite, Mounia Meddour va mettre un bout de temps avant de réaliser son premier film. Ainsi de 2012 à 2018, elle travaille sur ce premier film avec toutes les difficultés qui vont avec un premier film, écriture, recherche de financement et de production, et bien sûr le tournage qui aura lieu en 2018, pour une sortie en 2019. Ce premier film, « Papicha« , trouvera un joli succès, qui l’emportera jusqu’aux César, où il décrochera le César du meilleur premier film, et celui du meilleur espoir féminin pour Lyna Khoudri.

Quatre ans après ce premier essai, Mounia Meddour est de retour, toujours en compagnie de Lyna Khoudri, et cette fois-ci, la réalisatrice transforme son actrice en danseuse dans un drame lumineux où une jeune femme va se reconstruire après une violente agression qui la laissera muette. Beau dans sa forme, intéressant dans ses sujets, le deuxième film de Mounia Meddour laisse cependant un sentiment partagé à la sortie de la séance, car malgré de beaux sujets, « Houria » est un film qui donne la sensation de ne pas aller au bout des choses, de présenter beaucoup de sentiers à explorer, mais derrière ça, beaucoup de pistes et de sujets ne sont finalement pas explorés, ce qui fait qu’à la sortie, même si le moment passé était bon, il manque quelque chose et des résolutions à « Houria » pour pleinement nous conquérir.

«  »Houria » est un film sur la reconstruction de soi. »

Alger, Houria est une jeune danseuse pleine de talent qui répète durement pour décrocher un rôle dans un ballet. Un soir, Houria se fait violemment agresser. À son réveil à l’hôpital, la jeune femme a une cheville brisée, et surtout, elle n’arrive plus à parler. Houria va devoir apprendre à se reconstruire et composer avec ses blessures. Entourée d’une communauté de femmes blessées, Houria, petit à petit, grâce à elles toutes, mais aussi la danse, va renaître…

Le nouveau film de Mounia Meddour, « Houria« , est un film qui est particulièrement attendu, car après le carton de « Papicha« , il était intéressant de voir où la cinéaste allait nous emmener cette fois. Faisant énormément penser au « En corps » de Cédric Klapisch, « Houria » est un film sur la reconstruction de soi, la reconstruction physique, mais aussi mentale, et derrière ça, il faudra aussi retrouver un nouveau sens à sa vie. Bref, des sujets qu’on a déjà exploré par d’autres cinéastes dans d’autres films, mais ici, force est de constater que Mounia Meddour s’en sort bien, livrant de ce côté-là un film scolaire et un drame lumineux, qui est porté par une Lyna Khoudri divine de bout en bout de film.

«  »Houria » est un film qui laisse un goût de déception. »

Mais voilà, derrière ça, « Houria » est un film qui laisse un goût de déception. Pour cette histoire qui était déjà forte, Mounia Meddour injecte dans son scénario tout un tas de sujets qui, sur le papier, sont très intéressants. « Houria » pose un contexte, avec les blessures de l’Algérie des années 90, de ses années noires. Puis derrière ça, le film évoque la justice et la police algérienne, tout en abordant aussi l’espoir d’un nouveau départ, avec notamment une amie qui s’embarque clandestinement pour l’Europe avec l’envie d’une vie meilleure. Et malheureusement, de ce côté, « Houria » laisse la sensation de seulement présenter ses sujets et de ne jamais aller jusqu’au bout d’eux.

Le personnage d’Ali, qui agresse Houria, est un ancien terroriste, et hormis le fait d’évoquer cela, finalement, le film ne fait pas grand-chose avec lui, et après un retour qui aurait pu être passionnant et puissant en émotion, le film abandonne très vite cette piste. Idem pour ce qui est du combat pour la justice, qui là encore n’est qu’évoqué, et très vite abandonné. « Houria » donne l’impression d’avoir envie de parler de beaucoup trop de choses en trop peu de temps et par conséquent, il faut abréger, et c’est vraiment dommage, car chacun des sujets évoqués plus haut sont intéressants et auraient mérité un film à eux seuls.

«  »Houria » n’offre pas autant d’émotions que ça. »

Puis derrière ça encore, malgré le récit d’une reconstruction qui est touchant et beau, « Houria » n’offre pas autant d’émotions que ça. Certes, c’est très bien filmé, Mounia Meddour arrivant à faire naître une sublime complicité au sein de cette communauté de femmes, et l’on y trouve beaucoup de générosité, d’amusement et d’écoute, mais je dois avouer qu’il manque une étincelle à « Houria » pour bousculer.

Ainsi, entre ses défauts et ses qualités, même si « Houria » nous laisse sur notre faim et laisse la sensation de ne pas aller creuser au bout de ses sujets, sur l’ensemble, le moment passé devant le deuxième film de Mounia Meddour n’est pas désagréable. On se laisse entraîner dans cette renaissance, dans ces scènes de danses sublimes, et derrière ça, par la complicité qui règne entre ces femmes. Puis au-dessus de tout cela, on y trouve une merveilleuse Lyna Khoudri qui tient un rôle difficile, et la jeune actrice démontre encore une fois qu’elle est une comédienne de grand talent.

Note : 11/20

Par Cinéted

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